L’État est dans l’incapacité de payer ses employés
Le mouvement de grève orchestré par les employés de la Direction générale des impôts (DGI) ainsi que celui des revendications de plusieurs secteurs de la vie nationale réclamant la démission du président de la République, Jovenel Moïse, ont des impacts négatifs sur les finances publiques. Si l’on en croit le ministre de l’Économie et des Finances, Ronald Décembre, ces actions handicapent grandement les deux institutions responsables de la collecte des recettes de l’État : la DGI et l’Administration générale des douanes (AGD).
Cela fait plus de deux semaines que la Direction générale des impôts n’arrive pas à percevoir même un centime. Les employés de cette institution ont entamé un mouvement de grève depuis les premiers jours de ce mois de juin. La situation se révélait encore plus corsée avec le mouvement des Petrochallengers et des partis politiques de l’opposition qui réclament le départ sans condition du président de la République depuis plus d’une semaine. Ce mouvement, selon le ministre de l’Économie Ronald Décembre, a complètement paralysé le fonctionnement de l’Administration générale des douanes. Avec ces deux mouvements simultanés, il n’y pas lieu de parler de collecte des fonds publics.
Lors d’un point de presse tenu ce lundi 17 juin, le grand argentier de la République s’est montré très préoccupé face à une telle situation. Cela dure déjà trop. Les tensions à répétition, des incidences négatives sur l’économie a-t-il expliqué. Pour le moment, l’État, n’a même pas la capacité de payer régulièrement ses employés a-t-il laissé entendre. L’on est en plein milieu du mois de juin tandis que les fonctionnaires et les contractuels de l’État n’ont toujours pas leur chèque du mois de mai.
Les mouvements des rues et l’arrêt de travail ne sont pas sans conséquences sur le Trésor public. Le pays est devenu de plus en plus instable depuis le début de l’exercice en cours. Ronald Décembre a fait référence aux mouvements de protestations d’octobre, de novembre, de février et de ce mois de juin. Ces mouvements ont tout paralysé. Ce qui met les finances publiques à genoux. À chaque mouvement, soutient le haut fonctionnaire, les prévisions de recettes ont été revues à la baisse.
Dans la première ébauche du projet de loi de finances de l’exercice en cours, le gouvernement visait une progression dans les recettes domestiques. Les prévisions totales étaient de l’ordre de 114 milliards de gourdes. Après les mouvements d’octobre et de novembre, l’on parlait respectivement de 93, 8 et de 85 milliards de gourdes. L’arrivée de l’année 2019 n’a pas changé la donne. Comme pour dire qu’on prend les mêmes et l’on recommence, dès le mois de février, les mouvements allaient reprendre avec la publication de la première partie du rapport de la Cours supérieure des comptes et du Contentieux administratif (CSC/CA) sur l’utilisation du fonds PetroCaribe.
Ce mouvement a été baptisé « Pays lòck ». Pendant deux semaines, c’était la paralysie totale. Ce qui a amené, à avoir une projection moins ambitieuse, soit 75 milliards de gourdes a affirmé le ministre. Depuis, l’on parle de retard systématique dans le paiement des fonctionnaires de l’État. Faut-il revoir les prévisions budgétaires à la baisse ?
On est à un peu plus de trois mois de la fin de l’exercice fiscal et les recettes de l’État ne dépassent pas les 45,2 milliards de gourdes. Au regard des premières prévisions, le ministre démissionnaire parle d’un déficit de 35 milliards de gourdes sans prendre en compte les pertes concernant les produits pétroliers qui atteignent déjà les 16 milliards de gourdes.
Ronald Décembre croit par ailleurs qu’il n’y a plus lieu d’espérer un appui budgétaire de la part de la communauté internationale. De nombreux projets ne pourront pas être exécutés surtout que la masse salariale de l’État se situe entre 3,5 et 4 milliards de gourdes mensuellement. Dans une telle situation, le ministre a dit souhaiter la reprise rapide des activités économiques afin de remonter la pente.
Jose Flecher
Le Nouvelliste