Des sénateurs appellent Jovenel Moïse à installer Fritz William Michel sans passer par le Sénat
Depuis la séance ratée du mercredi 11 septembre sur la présentation de la politique générale du Premier ministre nommé, c’est le calme plat au Sénat de la République. Aucune autre date n’a été retenue pour cet exercice constitutionnel. Dans une proposition de sortie de crise, le sénateur Dieupie Chérubin appelle le président de la République à installer Fritz William Michel dans ses fonctions sans le vote du Grand Corps. Cette proposition a eu la bénédiction de plusieurs autres parlementaires proches du pouvoir dont Jean Rigaud Bélizaire.
D’abord, le sénateur Dieupie Chérubin a appelé ses pairs au Sénat à organiser dans le plus bref délai une séance en vue de voter la politique générale de Fritz William Michel. « …je propose, en ma qualité de sénateur du Sud-est et premier secrétaire du Sénat de la République, que le gouvernement ratifié par l’assemblée des députés, le soit dans le plus bref délai par le Sénat. En cas de récidives des contrariétés socio institutionnelles dues à des violences entre les pairs conscrits, et que sous la base d’un accord de la majorité parlementaire et au nom du principe de la défense de l’intérêt général, ce gouvernement soit installé sous l’instruction d’une décision du pouvoir de l’exécutif », a affirmé le sénateur Chérubin dans sa proposition de sortie de crise.
« Je partage cette proposition et nous sommes une majorité de plus de 17 sénateurs qui vont envoyer officiellement une proposition en ce sens au chef de l’État pour lui demander d’installer le premier ministre Fritz William Michel et son gouvernement dans leur fonction », a affirmé au Nouvelliste le sénateur Jean Rigaud Bélizaire. Le parlementaire de la Grand’Anse est très critique envers les sénateurs de l’opposition qui, selon lui, ont introduit des ‘’chimères et des bandits armés’’ au Parlement.
Jean Rigaud Bélizaire estime que le chef de l’État peut installer dès maintenant le premier ministre nommé et son gouvernement en attendant que les conditions soient réunies au Sénat pour le vote de sa politique générale.
Un autre sénateur proche de Jovenel Moïse croit qu’il est plus qu’urgent de trouver une solution à la situation de crise qui prévaut actuellement au Sénat. Sous couvert de l’anonymat, ce parlementaire abonde dans la logique de la proposition de sortie de crise du sénateur Dieupie Chérubin.
Le président du Sénat contacté par Le Nouvelliste a formellement pris ses distances par rapport à cette proposition de sortie de crise. « Cette proposition est inconstitutionnelle et illégale. Carl Murat Cantave ne s’associerait jamais à une telle proposition », a fulminé l’élu de l’Artibonite. Pour soutenir sa position, le président du grand corps a évoqué l’article 158 de la Constitution qui fait obligation à tout gouvernement nommé d’avoir la bénédiction des deux branches du Parlement.
Dans cette proposition de sortie de crise, le sénateur du Sud-Est a souligné que ce gouvernement installé sans la bénédiction du Sénat n’aura pas un chèque en blanc. « Il doit avoir un mandat exécutoire s’étalant sur trois mois et régi par la poursuite des missions suivantes : ramener dans le plus bref délai, la sécurité dans les aires métropolitaines de non-droit, ainsi qu’à l’échelle des provinces ; soulager par des décisions sociales urgentes, les conditions de famine et de précarités alimentaires à l’échelle nationale ; prendre des dispositions urgentes et innovantes garantissant une gestion efficace de la rareté du carburant à l’échelle du pays ; stabiliser la dépréciation de la gourde par rapport au dollar et doter le pays d’un nouveau budget pour l’exercice 2019-2020 ; mettre immédiatement en route un processus de dialogue devant déboucher sur un gouvernement de consensus à partir de janvier 2020 incluant : un premier ministre de l’opposition ou de la société civile, 8 ministres de l’opposition et 8 ministres issus de l’exécutif ; initier les prérequis interrelationnels en termes de concertations devant conduire en 2020 au lancement du processus électoral », a expliqué Dieupie Chérubin.
Depuis sa nomination, Fritz William Michel a été déjà confronté à trois scandales différents. D’abord, il y a eu la question des tweets dans lesquels il aurait injurié des journalistes comme Liliane Pierre-Paul et Jean-Monard Métellus. Ensuite, le sénateur Sorel Jacinthe l’avait accusé de corruption en soudoyant cinq sénateurs pour le vote de sa politique générale. Et le dernier scandale en date c’est l’affaire de plusieurs centaines de cabris qu’il aurait vendus à l’État à 31 500 gourdes l’unité. Fritz William Michel s’est inscrit en faux contre les deux premiers et donner des explications pour le troisième.
Source: Le Nouveliste