Un fusil d’assaut Galil doté au palais national retrouvé en possession d’un gang indexé dans le massacre de La Saline…
Le voile est levé sur un fait troublant, la saisie, le 2 décembre 2018, d’un fusil d’assaut Galil de la PNH en possession d’un gang démantelé à la rue Porcelaine, chevillé à un autre gang impliqué dans le massacre de la Saline. Le Galil en question, modèle IWI ACE21, numéro de série 43100915, calibre 5,56 millimètres, a « été doté au palais national » par la direction de la logistique de la PNH « via le nommé Pierre Léon Saint-Rémy », a indiqué le Bureau des affaires criminelles (BAC) de la DCPJ dans son rapport d’enquête sur le massacre de La Saline, a appris le journal.
Les enquêteurs, dans une seconde correspondance, ont demandé au bureau de la logistique d’identifier la personne au palais national à qui ce Galil a été doté. Le 22 avril 2019, la direction de la logistique a répondu que ce fusil en question « a été effectivement doté au sieur Pierre Léon Saint-Rémy ». M. Pierre Léon Saint-Rémy n’a pas pu être interrogé par les enquêteurs qui cherchent à savoir comment cette arme s’est retrouvée en possession de présumés bandits, a appris le journal. Le journal n’a pas encore contacté M. Saint-Rémy pour recueillir ses commentaires.
Le journal a aussi appris qu’il y a une forte probabilité que le Galil modèle IWI ACE21, numéro de série 43100915, calibre 5,56 millimètres soit l’un des 56 Galil dotés au palais national par la Police nationale d’Haïti qui n’ont pas été retrouvés au moment de l’inventaire effectué peu après le départ du président Michel Martelly et l’arrivée de Jocelerme Privert, président provisoire, le 14 février 2016. Une copie de cet inventaire a été communiquée à la Minustah, à l’ambassade des Etats-Unis, a appris le journal de source au courant de ce dossier. « Ce dossier est bien connu dans les milieux diplomatiques. Ce n’est pas une petite affaire », a indiqué cette source au journal.
Le journal a également appris de plusieurs sources que trois de ces 56 Galil ont été retrouvés lors d’opérations policières à l’étranger. Deux de ces Galil ont été retrouvés à la Jamaïque, un autre en République dominicaine. Trois autres ont été retrouvés sur le territoire haïtien, a appris le journal.
La saisie du fusil d’assaut Galil, modèle IWI ACE21, numéro de série 43100915, calibre 5,56 millimètres constitue un élément de preuve directe sur la disparition des 56 autres fusils et l’existence potentielle d’association avec des individus arrêtés en possession de ce Galil et écroués à cause de leur implication présumée dans le massacre de La Saline en novembre 2018.
En guise de rappel, « la PNH a saisi un fusil d’assaut Galil appartenant à l’institution policière, un fusil Kalachnikov (AK47), un pistolet-mitrailleur Uzi, deux pistolets de calibre 9mm, deux bonbonnes de gaz lacrymogène trois cagoules, un gilet tactique, une quantité de poudre blanchâtre assimilable à de la cocaïne, 53 cartouches 9 mm, 180 cartouches M14, 16 chargeurs de 9mm, 18 chargeurs Uzi, 17 chargeurs 45, 13 chargeurs M4, 20 chargeurs Galil, 21 radios de communication et 27 machettes », avait détaillé le porte-parole adjoint de la PNH, Gary Desrosiers, en conférence de presse, début décembre 2018. En plus de cette saisie d’armes et de munitions réalisée le dimanche 2 décembre par le service départemental de la police judiciaire et d’agents des unités d’élite de la PNH (UDMO, SWAT, BOID) 88 personnes ont été interpellées. Neuf d’entre elles, dont trois présumés chefs de gang, ont déjà été identifiés : Pierre Richard Saint-Fort, Polesse Dossous, alias Mazora, et Sadrac Brice, qui avait en sa possession le Galil appartenant à la PNH.
« Selon les informations dont nous disposons, il se pourrait que c’est Sadrac Brice qui a procédé à l’exécution du jeune homme sur la vidéo qui a provoqué l’émoi de la population », avait indiqué Gary Desrosiers à cette conférence de presse. Les autres présumés bandits identifiés sont : Schneider Tervil, Edson Sony Laflore, Policar Phelento, Manès Gay, Berthony Mondestin, Rosiclair Karlison.
Pierre Richard St Fort, Polesse Doussous, Sadrac Brice et 15 autres personnes, aux ordres de la justice, a appris le journal, seront poursuivis, a « suggéré » la police judiciaire, parce qu’ils se sont associés en malfaiteurs pour commettre des actes répressifs comme assassinat, vol à main armée, viol, tentative d’assassinat, extorsion, incendie criminel. Le Bureau des affaires criminelles de la DPJC, a appris le journal, « suggèrerait » que des mandats soient émis par les autorités judiciaires compétentes contre plus de 70 personnes, dont les nommés Joseph Pierre Richard Duplan, délégué départemental de l’Ouest, Fednel Monchéry, directeur général du ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales et Pierre Léon Saint Rémy, Jimmy Chérizier, alias Barbecue, dans le cadre de ce dossier.
La police judiciaire, qui a évoqué les plaintes de victimes imputant un rôle dans la préparation des évènements sanglant de La Saline au délégué de l’Ouest M. Duplan, du Dg du Mict, M Monchéry, n’a pas pu interroger ces derniers. Un procès-verbal de carence a été fait. Le journal a interrogé lundi le commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance de la capitale, Paul Eronce Villard. La DCPJ enquête pour le parquet. Le rapport sera acheminé au juge d’instruction, a-t-il dit au journal. Il appartient à ce stade du dossier au juge d’instruction de décider s’il doit décerner ou non des mandats. M Monchéry n’a pas encore répondu à la demande de commentaire du journal qui n’a pas pu parler à M. Duplan.
Roberson Alphonse
Le Nouvelliste