PetroCaribe-rapport final : les petrochallengers augmentent la pression sur les juges à la CSC/CA
Même si de fait, le sit-in se termine sans heurt vers les 13heures, l’on ne dira pas que tout s’est déroulé comme sur les roulettes devant la Cour Supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSC/CA). Il y a eu des pneus enflammés. Il y a eu également des petites pointes de provocation de la part de certains protestataires à l’endroit des forces de l’ordre, qu’on pouvait remarquer dès le début de la mobilisation. Ces agents de l’ordre vont jusqu’à faire usage de gaz lacrymogène pour tenter de disperser la foule qui n’a pas mis longtemps à se rassembler en plus grand nombre, devant la CSC/CA, certains avec des pancartes en main, d’autres des t-shirts traduisant la quintessence de leur revendication : « Kot kòb PetwoKaribe a ? ».
Les yeux désormais grands ouverts sur les juges de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif, les petrochallengers, fidèles à la nature de leur mobilisation, ont exigé que ladite Cour, qui a déjà présenté un rapport partiel sur le dossier PetroCaribe, livre le rapport final. Professeurs, étudiants, professionnels, d’autres curieux, notamment des jeunes ont été remarqués dans le mouvement réalisé sous un soleil de plomb. Des figures de proue issues notamment du groupe « Noupapdòmi », dont Gaëlle Bien-Aimée, Stéphane Michel, Emmanuela Douyon, James Beltis, Pascales Solages entre autres ont été remarqués. Tous unis pour réclamer la reddition des comptes sur l’utilisation de ce fonds, mais aussi pour appeler la justice à sévir contre les présumés dilapidateurs.
C’est aussi une mobilisation contre l’impunité et la corruption en général qui provoque l’état de délabrement actuel du pays, s’est exprimée la militante féministe Pascale Solages. « La Cour des comptes n’a pas respecté le délai prévu pour soumettre la deuxième partie du rapport en ce mois d’avril. Elle a prétexté le contexte d’instabilité et l’opération « peyi lòk » pour excuser son retard. Alors que la Cour a passé plus de 10 ans sans présenter de rapport dans le pays. Là n’est pas la question. Il s’agit d’une institution financée par l’argent des contribuables, qui n’assume pourtant pas ses responsabilités. C’est une mobilisation contre le laxisme des institutions étatiques qui refusent de faire correctement leur travail », déplore-t-elle.
« Ce n’est pas à eux l’argent de PetroCaribe. C’était un fonds qui devait améliorer les conditions de vie de la population. Nous sommes venus nous mobiliser devant la CSC/CA pour non seulement nous fournir l’autre partie du rapport, mais aussi pour sortir les arrêts de débet et de quitus pour permettre à la justice de faire son travail contre les dilapidateurs qui financent des bandits pour nuire à la population. Nous sommes à bout de souffle. Nous ne pouvons plus continuer à vivre dans la même situation », a soutenu Robenson Joseph, petrochallenger, en colère.
À l’instar des petrochallengers de « Noupapdòmi ou Ayiti Nou vle a», d’autres structures de base, s’alignant sur la dynamique de combat pour la reddition des comptes sur l’utilisation du fonds PetroCaribe, ont pris part à ce sit-in. C’est le cas du groupe « Nou pap konplis » qui n’entend pas faire machine arrière dans cette lutte qui se veut citoyenne. « Nous venons réclamer l’autre partie du rapport qu’ils nous avait promise pour cette fin du mois. Nous sommes informés des tractations (diversions) orchestrées au niveau de la Cour, à cause de certains noms qui figurent dans le rapport, pour gagner du temps. Mais nous autres, nous irons jusqu’au procès PetroCaribe. Nous n’allons pas nous en rendre complice. Il n’y a pas d’élection sans l’engagement du procès. Personne, peu importe les manigances, ne nous fera abandonner ce dossier…», glisse le petrochallenger Ricardo Fleuridor, porte-parole dudit groupe.
Soulignons que la CSC/CA, dans un communiqué, a informé de son retard constaté dans la présentation du rapport final pour le mois d’avril. Cela est dû, selon elle, en raison notamment de la période de turbulence qu’a traversée le pays en février dernier ainsi que d’autres facteurs. Elle annonce tout un ensemble d’efforts des techniciens afin de remettre le rapport au Sénat en mai prochain.
Worlgenson Noël
Le Nouvelliste