Brésil: après la victoire de Bolsonaro, les marchés attendent du concret
La Bourse de Sao Paulo a accueilli lundi avec prudence l’élection à la présidence du Brésil de Jair Bolsonaro, attendant avec impatience les premières mesures de son équipe ultra-libérale pour redresser une économie chancelante.
L’indice Ibovespa avait réagi positivement à l’ouverture, gagnant 1,5% en milieu de matinée, mais il fléchissait à la mi-journée, à -0,4%.
Le réal a, lui, repris quelques couleurs face au dollar, qui se négociait à 3,60 réais, une première depuis le mois d’avril, avant de rebaisser légèrement à 3,6340 à la mi-journée.
Cette modération contraste avec la forte réaction des marchés au lendemain du premier tour, le 7 octobre. La Bourse de Sao Paulo avait alors bondi de plus de 6% à l’ouverture, saluant le très bon score du candidat d’extrême droite (46%), qui avait frôlé l’élection dès le premier tour.
Lundi, la franche victoire de Jair Bolsonaro (55%) sur son rival de gauche Fernando Haddad (45%) est loin d’avoir provoqué l’euphorie, les investisseurs préférant attendre l’annonce de mesures concrètes.
La première économie d’Amérique latine souffre notamment d’un important déficit budgétaire et d’une faible croissance. Le pays compte 23 millions de pauvres et près de 13 millions de chômeurs.
« La réaction positive que nous observons ce matin est une réponse à la confirmation de la victoire, les marchés étant restés très prudents cette dernière semaine avec la remontée de Haddad » dans les enquêtes d’opinion, a indiqué à l’AFP Sergio Vale, analyste du cabinet de consultants MB Associados.
Dans la dernière ligne droite, le candidat de gauche avait réduit son retard sur son adversaire, sans remettre toutefois en cause la nette avance du candidat populiste, provoquant une certaine volatilité des marchés.
La Bourse avait toutefois anticipé la victoire du candidat populiste en engrangeant 10% en un mois.
– Equipe économique et équipe politique –
Mais pour les investisseurs, la question cruciale reste la réforme des retraites et l’ampleur que sera prêt à lui donner le nouveau président afin de réduire la dette publique, qui atteint 77% du PIB en juillet.
« Cela fait longtemps que le Brésil dépense plus qu’il ne récupère en recettes et les pensions de retraite sont la principale cause des dépenses publiques », souligne auprès de l’AFP Paulo Gama, analyste politique chez XP Investimentos.
« La réforme fiscale, le resserrement du nombre de ministères sont importants mais, actuellement, la grande question est celle de la réforme des retraites et celle de savoir si le Congrès sera disposé à l’approuver », confirme Sergio Vale.
Dès dimanche soir, l’ultra-libéral Paulo Guedes, futur ministre de l’Economie, a pourtant voulu donner des gages aux milieux d’affaires.
Il a réaffirmé la détermination du nouveau gouvernement à « accélérer le rythme des privatisations » et à engager dès janvier une révision du régime des retraites.
Mais cette réforme, que le président sortant Michel Temer a finalement renoncé à mettre en oeuvre au risque d’aggraver une impopularité historique, pourrait s’avérer particulièrement épineuse.
Source : AFP