18 hauts responsables démis de leurs fonctions, PetroCaribe pousse le président Moïse à faire le ménage au palais national
Alors que le commissaire du gouvernement invite deux anciens premiers ministres et un responsable de firme privée à son bureau dans le cadre de PetroCaribe, le président Jovenel Moïse décapite son cabinet particulier en se séparant de son directeur de cabinet et du secrétaire général de la présidence dont les noms sont également cités dans le dossier PetroCaribe.
Dans le même temps, le président a mis fin aux fonctions de dix conseillers spéciaux et de six conseillers pour des projets et domaines spécifiques qui intervenaient au plus proche de lui au palais national.
Dans un arrêté en date du 22 octobre 2018, le président Jovenel Moïse annonce faire choix de monsieur Nahomme Dorvil comme nouveau directeur de son cabinet particulier. Dorvil remplace Wilson Laleau. Monsieur Jean Hilbert Lebrun devient le nouveau secrétaire général de la présidence en remplacement de Yves Germain Joseph.
Les décrets nommant les conseillers spéciaux Ardouin Zéphirin, Guichard Doré, Christine Coupet Jacques, Liné Balthazar, Marie Esther Antoine, Reynold Georges, Enold Joseph, Gerd Pasquet, Jose Joseph Daniel, Erns Excéus ont été rapportés et pour le moment ils ne sont pas remplacés. Le nouveau directeur de cabinet pourra en rappeler certains dans son équipe.
Les conseillers Jean Renel Sanon, Everson Calixte, Guy Michel Vincent,
Andris Riché, Georges Stanley Lucas, Lucien Jura ont été aussi démis de leurs fonctions.
Le nouveau directeur de cabinet du président de la République, Nahomme Dorvil est un entrepreneur, pharmacien de profession, originaire des Gonaïves, il est le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’Artibonite. Dorvil a occupé la vice-présidence de la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti. Représentant choisi par le patronat, il est vice-président du Conseil d’administration des organes de sécurité sociales (CAOSS).
Le nouveau secrétaire général du palais national est un homme du sérail. Jean Hilbert Lebrun était jusqu’à sa nomination l’administrateur général du palais national, une maison qu’il connaît très bien depuis des années.
Le directeur de cabinet et le secrétaire général de la présidence ont rang de ministre.
Avec ces changements qui étaient attendus depuis les émeutes de juillet dernier, le président Jovenel Moïse va-t-il aussi réorienter une partie de sa politique ? il est trop tôt pour le dire.
Depuis la salve de tweet de jeudi dernier, le palais national était en ébullition. Vendredi, les principaux personnages visés ne s’étaient pas présentés à leur poste.
En remplaçant ces deux hauts responsables politiques, tous deux anciens ministres de Michel Martelly et dont les noms avaient été cités dans les rapports sénatoriaux comme responsables présumés de la mauvaise gestion des fonds PetroCaribe, le président Moïse met en application une déclaration faite sur son compte Twitter le jeudi 18 octobre dernier au lendemain des imposantes manifestations du 17 octobre.
« L’exigence citoyenne pour que lumière soit faite sur l’utilisation des fonds PetroCaribe témoigne de la vitalité de notre démocratie. Je demande à tous les grands commis de l’Etat indexés ayant eu une part active dans la gestion de ces fonds de se mettre à disposition de la justice. », avait affirmé le locataire du palais national sur son compte Twitter.
Dans un deuxième tweet, Jovenel Moïse avait déclaré : « Je demande au Chef du Gouvernement de donner tous les accompagnements requis aux institutions concernées, notamment l’appareil judiciaire pour que lumière soit faite sur l’utilisation des Fonds PetroCaribe. Personne n’échappera à la justice. C’est un devoir moral et de justice. »
Enfin, dans un troisième message, le président avait dit : « Toutes les firmes qui ont encaissé l’argent du contribuable et qui n’ont pas honoré leur engagement seront poursuivies, d’où qu’elles soient, conformément à la loi. Je demande aux représentants légaux de l’Etat de s’en charger suivant les formes légalement requises ».
Frantz Duval
Le Nouvelliste