L’assurance véhicule à la croisée des chemins avec ou sans l’OAVCT?

Le syndicat de l’OAVCT remet le couvert. Il reprend la grève. Les assurés sont prévenus. Qu’ils attendent s’ils avaient une réclamation en cours de traitement; qu’ils s’arrangent pour ne pas avoir d’accidents; qu’ils se débrouillent aussi avec les policiers prompts à filer des contraventions pour polices d’assurance périmées exigées par l’État, par la loi- impossible à renouveler à cause de la grève. Avec un zeste de bon sens, on comprend une évidence. Pour le syndicat et l’État, l’assuré qui paie n’a aucun droit, ne jouit d’aucun égard. Il n’est bon qu’à renflouer les caisses de l’OAVCT pour que des politiciens puissent embaucher à tour de bras leurs affidés. A son bénéfice, la révision des primes modiques, incapables souvent de payer les frais de réparation de son véhicule, n’est pas à l’ordre du jour.

Personne ne consulte les assurés. Personne ne se soucie non plus de ses galères. Paradoxalement, les assurés, bien calés dans le fauteuil de l’immobilisme, n’organisent pas la fronde contre l’État, porté ces jours-ci par un vent de réforme pour en finir avec le désastre financier entretenu jusqu’ici à l’OAVCT. Ni contre des responsables d’un syndicat intéressés par la protection de chasse gardée, d’avantages pour des employés. Quand, au nom d’une gestion saine, de l’équilibre financier de l’OAVCT, d’un besoin d’un contrat de performance, les questions en rapport à la taille, au profil, aux compétences du personnel viennent sur le tapis, tout part de travers. «Pito nou lèd nou la. Pito se nan bouch mwen manmèl la ye.» Au diable les autres, en enfer toute tentative de réforme.

Par rapport à ce constat, est-il si scandaleux d’évoquer la privatisation de l’OAVCT et ou le vote d’une loi habilitant le propriétaire d’un véhicule à choisir sa propre compagnie d’assurance privée, à négocier sa prime, sa police en fonction de la valeur de son bien? Pourquoi serait-il interdit même de penser à expérimenter les expériences faites dans d’autres pays en matière d’assurance de véhicules? Si l’État le voulait, ne pourrait-il pas percevoir des taxes variables sur chaque contrat d’assurance que verseraient directement les compagnies d’assurance?

Sans se voiler la face, il est temps aussi d’avoir une législation moderne du secteur des assurances dans sa globalité et sur les moyens de résoudre les litiges entre assurés et assureurs. La modernisation de ce secteur, à côté de la mobilisation de ressources financières à placer dans des secteurs porteurs de l’économie nationale, peut avoir d’autres avantages en termes de formalisation et de professionnalisation de prestataires de services de réparation de véhicules.Il y aurait plus de garages formels, plus de professionnels capables de réparer les véhicules modernes,demandeurs d’expertise et de technologie que beaucoup de nos mécaniciens ne maîtrisent pas actuellement.Cette réforme serait un stimulant pour les filières techniques concernées.

Sans aucun doute,le mauvais traitement infligé aux assurés par l’État et le syndicat des employés de l’OAVCT pose dans toute son acuité l’urgence,l’évidence et la nécessité de la réforme. Il reste à savoir si les assurés feront ce qu’il faut pour que les lignes bougent. Ici où l’on est allergique aux réformes et si réticent à s’inscrire dans la modernité.

 

Roberson Alphonse, Le Nouvelliste

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