Injection de 10 millions de dollars américains sur le marché : mesure nécessaire mais pas suffisante

Écrit par Riphard Serent, MPA / Economiste / riphardserent@gmail.com | Radio Vision 2000

Suite à son engagement pris par devant le Sénat de la République pour aider à casser le rythme de la dépréciation de la gourde par rapport au dollar américain, la Banque centrale (BRH) a injecté la semaine dernière 10 millions de dollars sur le marché des changes, si l’on veut croire le dernier communiqué de l’institution signé par son Vice-gouverneur, M. Georges Henry Fils.

Cette opération d’achat ou de vente de devises sur le marché des changes par la banque centrale est connue sous le nom d’opération  »d’open market ». C’est une pratique qu’utilisent les banques centrales dans une conjoncture particulière ou à chaque fois que l’économie confronte un choc quelconque sur le marché des changes.

Donc, ce n’est pas la BRH qui a inventé cette question d’achat et de vente de dollars sur le marché des changes comme instrument de politique monétaire. Beaucoup de banques centrales le font et il y a environ un mois, la Banque centrale de la République Dominicaine a annoncé avoir mis à la disposition du marché dominicain plus de 270 millions de dollars. De plus, récemment, il y a eu une rareté de dollars dans les banques commerciales dominicaines et la Banque centrale dominicaine a dû intervenir rapidement pour remédier à la situation et rassurer le marché, selon les déclarations du gouverneur de cette banque, Hector Valdez Albizu, rapportées par le quotidien dominicain Listin Diario.

Dix (10) millions de dollars injectés sur le marché haïtien par la BRH à travers le système bancaire, une mesure nécessaire pour ralentir un peu le rythme de l’augmentation du taux de change mais pas suffisante pour stabiliser la décote de la gourde par rapport au dollar américain. En fait, la BRH n’est pas le seul acteur qui détient la clef de la solution dans un tel contexte, où la gourde est en train d’être victime de nos choix politiques et nos choix de politiques publiques. De plus, notre monnaie nationale est en train d’être victime d’un déficit chronique de la balance commerciale, d’un manque de production de biens et de services dans l’économie, d’une faible rentrée de devises dans l’économie, que ce soit en termes de recettes touristiques, d’investissements directs étrangers, d’exportations, de prêts productifs ou de dons officiels et également d’une forte pression sur la devise américaine pour l’acquisition d’un ensemble de biens en dollar américain tant sur le marché local que sur le marché international, notamment le pétrole dont le baril prend de plus en plus de valeur sur le marché mondial.

Il faut donc s’attendre à d’autres interventions de la BRH sur le marché des changes pour le reste de l’exercice, à hauteur d’environ 20 millions de dollars par mois, et on espère que ces mesures de politique monétaire seront accompagnées d’autres actions de la part du gouvernement qui a lui même le rôle le plus important à jouer dans la quête d’une stabilisation de la monnaie nationale par rapport au billet vert.

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