11.5 milliards de gourdes pour le service de la dette d’Haïti : du pain sur la planche pour le prochain gouvernement
Écrit par Riphard Serent, MPA / Economiste / riphardserent@gmail.com | Radio Vision 2000
L’administration de Jovenel Moise devra faire des choix si elle veut réussir. Des choix stratégiques, des mesures impopulaires et des décisions qui ne vont pas plaire à une certaine frange du secteur privé, pour garantir un minimum vital dans le pays et tenir une bonne partie des promesses électorales.
En effet, lors d’une interview accordée cette semaine à une station sœur, le ministre de l’économie et des finances, Yves Romain Bastien, a réitéré certains grands défis qui attendent le prochain gouvernement, qui tarde encore à venir, et il a indiqué que le gouvernement mobilise chaque année 11.5 milliards de gourdes pour le service de la dette d’Haïti.
Parlant de dette d’Haïti, il faut rappeler que, dans son dernier rapport sur Haïti, le Fonds Monétaire International (FMI) indique que selon ses estimations, la dette publique d’Haïti, qui était de 2.4 milliards de dollars, soit 28.8% du PIB en 2016, représentera 28.9% du PIB en 2017, 32.7 % en 2018 et 35.3% à 37.7% en 2019.
De ces 11.5 milliards de gourdes ou 169 millions de dollars pour le service de la dette d’Haïti, le Venezuela à lui seul accapare 56%, en termes de remboursement dans le cadre du programme Petrocaribe, ce dernier programme qui n’existe presque plus et qui génère actuellement moins de 3 milliards de gourdes au budget national, contre 20 milliards auparavant. D’un autre côté, ll faut mentionner que le service de la dette et les salaires et traitement à eux seuls représentent environ 70% du budget de fonctionnement qui lui même accapare 60% du budget national.
Selon le ministre de l’économie et des finances, Yves Romain Bastien, le gouvernement provisoire avait accordé la priorité au remboursement des dettes de l’Etat envers ses partenaires internationaux et au paiement des salaires dans la fonction publique tout en pénalisant des investissements publics importants, notamment la suspension de 583 projets financés à partir des fonds de Petrocaribe. Le constat est fait ; le taux de réalisation en termes d’investissements publics est de seulement 21.4% en 2016, ce qui veut dire que sur chaque 100 gourdes que le gouvernement devait investir dans l’économie, il a investi seulement environ 21 gourdes.
Donc, beaucoup de défis, beaucoup de contraintes au niveau des finances publiques, les enjeux sont de tailles pour le prochain gouvernement et on espère que la nouvelle administration de Jovenel Moise va dégager une meilleure forme de gouvernance orientée vers la croissance et qui soit capable d’attirer des capitaux vers l’économie, tant en termes de prêts qu’en termes d’investissements directs étrangers.