Un autre regard sur l’histoire de la déforestation et du déboisement en Haïti
Source Patrick ST PRE || Le Nouvelliste
En 52 minutes chrono, le film documentaire du réalisateur Mario L. Delatour « De Kiskeya à Haïti, mais où sont passés les arbres ? », dont la première a été projetée à l’hôtel Montana le 22 juillet dernier, fait une incursion dans le passé et reconstruit, à grand renfort d’images poignantes du dénuement de nos mornes, l’historique d’une déforestation systématique au profit des productions coloniales et du commerce d’exportation de tous types de bois après l’indépendance.
Actuellement, le bois fournit 70% de la consommation en énergie du pays. Décapitalisée, appauvrie même, la paysannerie haïtienne s’est donc jetée à corps perdu dans la production du charbon de bois qui se révèle, au fil du temps, peu risquée et relativement rentable dans les régions sèches. Alors que le charbon de bois est le principal combustible en milieu urbain, c’est le paysan qui en prend pour son grade, c’est lui le bouc émissaire. On rend facilement les paysans responsables du déboisement à travers le pays.
Sans vouloir prendre parti, encore moins réhabiliter le paysan haïtien, le film documentaire resitue le rôle du charbon dans la déforestation. « Une vue historique, chiffrée, fouillée qui permet de mettre en perspective la place de la paysannerie haïtienne dans le processus de déboisement et de reboisement de quelques régions d’Haïti », précise l’ambassadeur suisse Jean-Luc Virchaux, à l’occasion de la première du film.
La réalité décrite par le réalisateur dans son film montre que la coupe des arbres a démarré dès la colonisation. En effet, le bois de Saint-Domingue a abondamment servi à meubler les boudoirs, les salons chics européens. Entre 1770 et 1804, ce sont 60 000 tonnes métriques de bois en provenance de la « Perle des Antilles » qui ont été expédiés sur le Vieux Continent.
Et la razzia ne s’est pas arrêtée. Loin de là. Des plaines entières ont été défrichées, nous dit le narrateur avec sa voix posée, pour faire place à la culture de la canne à sucre, du café, du cacao. À cette époque, Saint- Domingue produisait respectivement 60% et 40% de la production mondiale du café et du sucre. Résultat : 50 000 hectares de terres défrichées en 1800. Les colons français ont également déboisé ……lire la suite sur lenouvelliste.com