Analyse des développements récents observés dans l’économie haïtienne pour le 3ème trimestre
La Banque de la République d’Haïti (BRH) vient de publier sa dernière note de politique monétaire pour le 3ème trimestre de l’exercice (Avril-Juin) et a révélé clairement que l’année 2016 aura été la pire année économique d’Haïti depuis le séisme de 2010, avec une croissance économique proche de 1%.
En fait, au troisième trimestre de l’exercice 2015-2016, la politique monétaire a été caractérisée par la décision de la Banque Centrale d’abaisser les taux sur les bons BRH dans un contexte marqué par une relative stabilité du taux de change et une légère baisse du rythme de progression de l’inflation à la fois en glissement annuel qu’en variation mensuelle.
Sur le plan interne, les estimations de la BRH pour le troisième trimestre 2016 indiquent une reprise de l’activité dans les branches industrielles et de construction par rapport au trimestre précédent. Cette reprise d’activité serait attribuable à la hausse du crédit accordé aux industries manufacturières. Par contre, l’offre alimentaire locale continue de pâtir des conséquences de la sècheresse qui a affecté le volume des denrées récoltées à hauteur de 50 % selon la Coordination Nationale pour la Sécurité Alimentaire (CNSA). Par conséquent, malgré un léger recul pour le mois d’avril, le taux d’inflation globale est resté très élevé, soit autour de 15% en mai 2016.
Sur le plan externe, les exportations ont augmenté de 21.3% en rythme trimestriel pour totaliser 172.8 millions de dollars pour le mois d’avril et de mai 2016, tandis que les importations ont été évaluées à 579.5 millions de dollars, soit une progression de 29.3%, ce qui a entrainé un renforcement du déficit commercial de l’ordre de 406.7 millions de dollars pour la période. Parallèlement, les transferts privés de la diaspora ont totalisé environ 302 millions de dollars d’avril à mai 2016, soit 70% du total des transferts reçus au 2ème trimestre 2016. Cependant, sur les 8 premiers mois de l’exercice, ils se sont établis à environ 1 160 millions de dollars, soit une augmentation de 7.3% par rapport à la même période de l’année fiscale précédente, selon les dernières données de la BRH.
Du côté des finances publiques, il faut dire que les recettes fiscales collectées au 30 juin 2016 ont totalisé 15 603 millions de gourdes, soit une baisse de 14.6% par rapport au trimestre précédent qui est liée au ralentissement des activités économiques au regard du contexte sociopolitique. Cependant, le niveau total des recettes collectées du 1er Octobre au 30 Juin 2016 s’est établi à 50 294 millions de gourdes, soit un taux de perception de 65% par rapport au budget initial. Une très bonne note, pour les finances publiques, qui indique clairement que, si pour le dernier trimestre de l’exercice (Juillet-Septembre) on arrive à collecter au moins 15 milliards de gourdes, l’économie atteindra pour la première fois la barre de 1 milliard de dollars américains de recettes fiscales.
Parallèlement, les dépenses publiques continuent de diminuer et se sont portées à environ 17 280 millions de gourdes contre 19 580 millions un trimestre plutôt. Sur l’exercice 2015-2016, les dépenses déjà réalisés ont totalisé 59 970 millions de gourdes, soit un niveau d’exécution d’environ 74%. En dépit du repli plus important des recettes par rapport aux dépenses, une baisse de 4.2% du financement monétaire de la BRH a été enregistrée, le portant à 1 587 millions de gourdes au 3ème trimestre de l’exercice, soit un financement en deçà de la cible prévue dans le cadre du programme FEC (Facilité Elargi de Crédit) du FMI.
Dans une toute prochaine chronique on pourra enchainer avec les décisions de politique monétaire prise par la BRH, les performances du système bancaire et les perspectives économiques 2016 qui montrent déjà que l’année 2016 aura été la pire année économique d’Haïti depuis 5 ans avec une croissance économique proche de 1%.
Riphard Serent, MPA (Policy)
Economiste
