Haïti – Économie: Une inflation à 14.8% au mois de mars: la cherté de la vie est des plus insupportable en Haïti!
Le pouvoir d’achat des ménages en Haïti continue de se détériorer et personne au niveau des autorités économiques et financières du pays n’arrive à ralentir voire freiner cette machine inflationniste, c’est ce qu’on peut tout simplement dire en analysant les derniers chiffres de l’IHSI sur la situation de l’inflation dans l’économie haïtienne au cours du mois mars 2016.
En effet, l’indice des prix à la consommation (base 100 en août 2004) qui se chiffrait à 258.7 en Février 2016 est passé à 260.9 le mois dernier, accusant ainsi une progression de l’inflation de 0.9% en rythme mensuel et un glissement annuel de 14.8% contre 14.4% en Février 2016.
Il faut dire que cette progression mensuelle observée est la conséquence de l’accélération des fonctions de consommation: alimentation, boissons et tabac (0.9%), habillement, tissus et chaussures (1.4%), loyer du logement, énergie et eau »(1.5%), aménagement et entretien de logement » (0.6%) et d’autres biens et services » (0.5%).
La progression de la fonction « Alimentation, Boissons et Tabac » est due surtout au renchérissement des produits tels que: maïs en grain(1.5%), maïs moulu (1.4%), farine de blé (1.7%), corne flakes(2.0%), noix de coco (1.7%), avocat (1.0%), banane (2.0%), giraumont (1.6%), mirliton (2.2%), aubergine (2.3%) , choux (1.8%), carotte (2.0%), tomate (1.1%), igname (1.5%), manioc (1.9%), patate (1.4%), pomme de terre (2.4%), orange (2.5%), chadèque (2.0%), citron (2.1%), sucre brut (3.6%), sucre raffiné (1.5%), cacao en poudre (1.9%) et autres boissons alcoolisées (1.2%).
L’accroissement de la fonction « Habillement, Tissus et Chaussures » est imputable à l’augmentation des prix du tissus qui ont augmenté de 1.8%, de la chemise (0.7%), du pantalon pour homme (1.3%), de la robe (0.7%), des souliers et tennis (3.0%) et des sandales (2.4%).
Cette flambé au niveau de la fonction « Loyer du Logement, Energie et Eau » est liée particulièrement à la hausse des prix du loyer du logement qui ont progressé de 2.8% et de l’électricité (0.7%). Enfin, l’évolution à la hausse de la fonction « Aménagement, Equipement et Entretien du Logement » est imputable particulièrement au renchérissement des prix des meubles de salon (0.9%), de la salle à manger (2.2%), du lit (1.6%), du matelas (2.4%), du réfrigérateur (1.0%) et du salaire du personnel domestique (1.1%).
Du point de vue géographique, la région transversale qui regroupe les départements du centre et de l’Artibonite est la plus touchée par le phénomène de l’inflation avec un taux de 1%. Vient ensuite l’Aire métropolitaine qui comprend les villes de Port-au-Prince, de Delmas, de Pétion-Ville, de Carrefour et de la Croix-des-Bouquets avec une inflation de 0.9%.
En dernier lieu, les régions du Nord qui comprend les départements du Nord, du Nord-Ouest et du Nord-Est, du Sud qui couvre les départements du Sud, de la Grand’Anse et des Nippes et du reste Ouest qui regroupe les départements du Sud-Est et de l’Ouest non compris l’Aire métropolitaine de Port-au-Prince, sont les moins frappées en mars dernier avec un taux d’inflation commun de 0.8%.
L’inflation à double chiffre continue de tenir sa course depuis ces quatre derniers mois dans l’économie haïtienne et continue d’empirer les conditions de vie de plus de 8 millions d’Haïtiens, qui vivent avec moins de 120 gourdes par jour. S’il est vrai qu’une solution durable à cette flambée des prix dans l’économie n’est pas pour demain, il existe quand même des moyens d’adopter un ensemble de mesures publiques stratégiques, outre l’injection de dollars, en vue de réduire cette forte pression sur le dollar américain et pallier cette situation de »vie chère » qui risque de s’exploser tôt ou tard.
Riphard Serent, MPA (Policy)
Economiste