Haïti – ONU : Intervention de Sandra Honoré sur Haïti
Source HL/ SL/ HaïtiLibre
Jeudi au Siège de l’ONU à New York, Sandra Honoré, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour Haïti, dans son intervention a déclaré devant les pays membres du Conseil de Sécurité. « […] Après l’interruption du processus électoral commencé en 2015, Haïti se trouve à un moment critique de son processus de démocratisation. Les prochaines semaines seront déterminantes pour les perspectives à court et moyen terme pour la consolidation démocratique d’Haïti, exigeant de tous les acteurs impliqués un effort de bonne foi qui est guidé par l’intérêt du peuple haïtien.
Le 25 Octobre, Haïti a tenu le deuxième des trois tours électoraux prévus pour 2015, ce qui démontre les progrès vers le renouvellement de ses institutions démocratiques et le rétablissement de l’équilibre institutionnel tel qu’il est inscrit dans la Constitution. À la suite de ces élections, 14 des 20 sénateurs et 92 des 119 membres de la Chambre basse ont prêté serment, permettant l’établissement de la 50ème législature du pays et au Parlement de reprendre à la date constitutionnelle du 11 Janvier, mettant fin à une année de dysfonctionnement et de gouvernance par décret.
Cette dynamique positive a pris fin avec le report de la troisième ronde électorale, dans un contexte de tensions montantes sur des allégations de fraudes et de préoccupations croissantes de sécurité. Le risque d’un autre vide de gouvernance a été évitée par un accord intervenu le 5 février entre l’ancien Président Martelly et les présidents des deux chambres du Parlement http://www.haitilibre.com/article-16533-haiti-politique-les-details-de-l-accord-de-a-a-z.html
Dessiné sur l’esprit de la Constitution haïtienne, l’accord prévoit une feuille de route pour la continuité institutionnelle après la fin du mandat présidentiel le 7 Février. Il a appelé à l’élection indirecte, par l’Assemblée Nationale, d’un Président provisoire pour une période maximale de 120 jours, ainsi que la nomination d’un Premier Ministre de consensus et son Cabinet et le rétablissement du Conseil Électoral Provisoire pour terminer le cycle électoral de 2015, par le biais des élections prévues le 24 Avril.
Malgré les nombreux efforts déployés par les responsables de la mise en œuvre de l’accord, les tensions continuent à la hausse, avec une classe politique encore à unir derrière une vision commune pour le processus politique. Alors que le 14 Février a vu la prestation de serment de l’ancien Sénateur et Président de l’Assemblée Nationale Jocelerme Privert en tant que Président provisoire d’Haïti, depuis quelques trois semaines une impasse persiste sur la nomination d’un Premier Ministre de consensus, son Cabinet et le vote de confiance du gouvernement. À cet égard, la séance d’hier de la Chambre basse a été ajournée, apparemment parce qu’aucun accord n’a pu être atteint sur le cabinet proposé http://www.haitilibre.com/article-16888-haiti-politique-quorum-infirme-pas-de-ratification-de-politique-general.html
En même temps, en consultation avec les secteurs concernés, des mesures ont été prises pour identifier les membres du nouveau Conseil Électoral Provisoire http://www.haitilibre.com/article-16836-haiti-actualite-zapping-politique.html . Leurs installations, cependant, est au point mort en attendant la confirmation du Premier Ministre et de son cabinet. Les demandes constantes sont en cours pour la mise en place d’une Commission de vérification électorale indépendante à l’égard desquels il n’y a pas encore de définition du mandat de la composition qui renforcerait la confiance que le processus électoral de 2015 continue.
Monsieur le Président,
Les retards accumuler à la fois pour la confirmation du Premier Ministre et le rétablissement du Conseil Électoral Provisoire, couplée à l’incertitude sur la vérification du processus électoral de 2015, non seulement ont un impact sur la mise en œuvre de l’accord et la conclusion du cycle électoral dans le délai fixé de 120 jours, mais peut aussi empêcher un retour rapide à l’ordre constitutionnel complet, ce qui prolonge la période d’instabilité politique qui sévit dans le pays depuis bien trop longtemps.
Une crise politique prolongée peut entraîner une déviation de l’attention de tous les acteurs, les haïtiens et les partenaires internationaux de même, de la durabilité des gains de stabilisation obtenus au cours des dernières années. Haïti ne peut pas se permettre de perdre l’accent à cet égard car il ne peut guère supporter le déclin de sa croissance économique.
La situation sécuritaire est restée largement pacifique, quoique fragile, mais influencée par le processus électoral et liée à des tensions politiques au cours des derniers mois. Les élections du 25 octobre ont enregistré une diminution des incidents de sécurité qui témoigne de la capacité sans cesse croissante de la Police Nationale d’Haïti (PNH), qui était le principal fournisseur de la sécurité des élections. Lors de ma dernière apparition devant vous, j’ai témoigné de la capacité accrue non seulement de la police, mais aussi du Conseil Électoral Provisoire et du Gouvernement d’Haïti à assumer une plus grande responsabilité dans la conduite du processus électoral du pays. Alors que les élections le 25 octobre reflètent le rôle principal de ces institutions nationales, l’engagement continu du système des Nations Unies à l’appui des opérations, de la logistique et de la sécurité et l’aide financière permanente des partenaires internationaux d’Haïti, restent essentielles à l’achèvement du cycle électoral et à la stabilisation du pays.
De même, dans la dernière année de la mise en œuvre de son Plan de développement 2012 – 2016 soutenu par la MINUSTAH, la PNH a démontré à la fois l’engagement et la capacité de fournir de plus en plus la sécurité au peuple haïtien. D’autres améliorations des capacités spécialisées et le renforcement de l’institution sont toutefois nécessaires pour que la police nationale soit véritablement durable en elle-même. Cela exigera un engagement soutenu et fort pour le développement de la PNH, dans le cadre large des réformes de l’État de Droit, par le gouvernement haïtien, avec l’appui des partenaires internationaux d’Haïti.
L’économie du pays montre des signes de fatigue, avec l’investissement public et privé en baisse drastique, la croissance en déclin et l’inflation croissante, ce qui entraîne une réduction des dépenses sociales, une baisse des activités génératrices de revenus, une plus grande vulnérabilité aux chocs extérieurs et une exposition plus élevée aux crises humanitaires, dans un contexte de diminution des financements internationaux. Trois années consécutives de sécheresse ont entraîné de mauvaises récoltes, plongeant 1,5 million d’Haïtiens dans l’insécurité alimentaire grave et testant la capacité de résistance du peuple haïtien.
Mesdames et Messieurs,
Pour faire face à ces défis qui ont un impact sur la vie quotidienne de millions de citoyens et mettre en œuvre des réformes à long terme, Haïti a besoin d’institutions stables et un système de gouvernance capable. Il n’y a donc pas d’alternative au retour, dès que possible, sur le chemin de la stabilité institutionnelle et politique, à travers la réalisation des élections en cours. Le défaut de travailler à ces objectifs aura des conséquences graves à long terme et met en danger le bien-être du peuple haïtien qui aspirent et méritent la stabilité. En outre, les amis et les partenaires internationaux haïtiens ont besoin de l’assurance que leur aide continuera d’avoir un impact dans l’intérêt du peuple haïtien.
Un fort esprit de compromis entre les parties prenantes haïtiennes et un engagement tout aussi fort à la recherche de consensus sera la clé pour le pays pour trouver un moyen de retour à l’ordre constitutionnel complet. Je continue à réitérer ce message, avec un sentiment d’urgence et de grave préoccupation envers tous les acteurs concernés, y compris le Président provisoire et la direction des deux chambres du Parlement.
Distingués membres du Conseil,
L’environnement d’exploitation de la Minustah sera largement influencée par la façon et le moment où le processus électoral sera terminé. Il est donc primordial, que la communauté internationale prenne une position ferme en faveur d’une solution qui assure qu’Haïti prend une action résolue à poursuivre sur la voie de la consolidation démocratique.
Comme vous le savez, la Minustah est entrée dans la dernière année de sa consolidation conditionnée et avec l’équipe pays des Nations Unies, ont commencé à travailler sur un plan commun de transition. Ce plan présentera une feuille de route du désengagement progressif de la Mission des fonctions qui peuvent être assumées par le Gouvernement d’Haïti ou d’autres partenaires, tout en identifiant les domaines dans lesquels un soutien supplémentaire est requis par les partenaires lire la suite sur haitilibre.com