Haïti-Médias : Concert de condamnations de la chanson sexiste de Martelly contre la journaliste Liliane Pierre Paul

P-au-P, 3 févr. 2015 [AlterPresse] — La meringue carnavalesque du chef de l’Etat Michel Martelly, de son nom d’artisteSweet Micky, constitue une attaque contre la journaliste Liliane Pierre Paul, considérée comme un symbole de la démocratie en Haiti, selon des positions exprimées par plusieurs personnalités de la vie nationale.

Comme tant d’autres, le sociologue et professeur à l’Université d’Etat d’Haïti (Ueh), Julien Sainvil voit cette meringue comme une attaque à un symbole de la démocratie et profite pour condamner les discours sexistes et dévalorisants véhiculés par Martelly à travers ses chansons à l’égard des femmes en général.

« Il a construit sa popularité et son discours sur des obscénités et des sottises à l’égard du sexe des femmes », fustige-t-il.

Déjà en circulation sur les réseaux sociaux, la méringue carnavalesque ciblant Liliane Pierre-Paul, également directrice de programmation de la station privée Radio Kiskeya, est sortie officiellement le weekend écoulé. Elle attaque aussi le journaliste vedette Jean Monard Metellus de la radio privée Caraibes FM.

En poursuivant cette pratique sexiste au pouvoir, le chef de l’Etat ne s’est pas élevé à la dimension de son poste, critique Sainvil.

Depuis l’arrivée de Martelly au pouvoir en mai 2011, il prend un malin plaisir à s’attaquer aux fondements de la société comme les valeurs morales, historiques, symboliques et démocratiques et aux personnes comme Liliane qui en sont porteuses.

La coordonnatrice de l’organisation « Kay Fanm », Danièle Magloire se dit choquée qu’un président de la république soit descendu à ce niveau en attaquant une journaliste et une femme à travers sa meringue carnavalesque.

Ce faisant, Martelly s’en prend à la liberté d’expression de la journaliste.

La promotion de la meringue du président effectuée à travers des médias et des réseaux sociaux est inacceptable et constitue une insulte à la nation haïtienne, dénonce Magloire.

Cette affaire qui ne concerne pas seulement Liliane et les organisations de femmes devrait interpeller toute personne humaine quelle que soit son opinion.

Elle appelle les citoyens et citoyennes à dire non à cet acte inacceptable et à la déperdition des valeurs dans le pays.

Cette musique représente une insulte du président à la presse haïtienne, déplore la responsable de la salle des nouvelles de la station privée Radio Ibo et dirigeante de l’Association des journalistes haïtiens (Ajh), Marie Raphaëlle Pierre.

« Liliane Pierre Paul et Jean Monard Métellus sont des icônes de la presse haïtienne, qui ont pris des engagements dans la société », fait-elle valoir.

Le président, en fin de règne, devrait faire le bilan de ses réalisations durant son quinquennat au lieu d’attaquer systématiquement les journalistes qui critiquent sa gestion du pouvoir, estime-telle.

La presse est un miroir qui reflète que ce qu’elle voit, fait-elle remarquer.

Elle encourage une manifestation de solidarité en faveur de la directrice de programmation de Radio Kiskeya en réponse à ces dérives et écarts.

Face à l’outrage de Martelly, l’artiste Jean Jean Roosevelt a cru bon de rendre un hommage à la journaliste à travers une chanson intitulée « Reste debout », l’invitant à rester telle qu’elle tout en continuant son travail parce qu’elle est un modèle dans la société.

 

« Reste debout, n’abandonne pas, ne change surtout pas. Si ma mère voulait que mes sœurs soient comme Liliane c’est qu’elle a compris que tu es un modèle et si mon père parle de démocratie et qu’il cite ’Lili’ pour sa contribution, alors ne change pas », chante l’artiste.

L’Association nationale des médias haïtiens (Anmh), entre autres, avait dénoncé la méringue carnavalesque de « Sweet Micky », avant même sa sortie officielle, dans une note datée du 16 décembre 2015.

Depuis quelque temps, la Radio Télé Kiskeya, particulièrement Liliane Pierre-Paul, est la cible d’attaques tantôt lire la suite sur alterpresse.org

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