Des dizaines de personnalités réclament l’annulation des élections controversées d’Aout et d’Octobre

Source radiotelevisioncaraibes.com

Réunis le 23 décembre 2015, à l’invitation d’un groupe de Sénateurs de la République, à l’Archevêché de Port-au-Prince, en présence de Monseigneur Guire Poulard, Archevêque de Port-au-Prince, nous signataires de la présente, en ayant procédé sereinement à une analyse de la situation haïtienne portant sur la période de 2010 à 2015, aggravée par une crise électorale sans précédent, avons dégagé les conclusions suivantes qui, nous l’espérons, interpelleront chaque Citoyen, chaque Citoyenne.

1. En 2010, suite à des élections fortement controversées et manipulées par la Communauté Internationale, le pays s’est retrouvé sous l’emprise d’un pouvoir qui a vu l’avènement de Monsieur Joseph Michel Martelly comme Président de la République. Depuis, le pays est confronté à une série de crises institutionnelles rendant difficile le fonctionnement des organismes d’Etat ;

2. Ce gouvernement s’est engagé dans la mise en route d’une série de projets budgétivores en dehors de toute analyse d’impacts sérieux et des dépenses artificielles sans correspondance logique avec la réalité socioéconomique du pays.

3. La plupart des activités financées par le fonds Petro Caribe ont été caractérisées par la plus grande opacité d’une part, (appels d’offres peu réguliers, peu respectueux des procédures ordinaires : délit d’initiés, conflits d’intérêts ……..) et d’autre part, les pratiques dispendieuses de l’Etat pour l’entretien de ce gouvernement et de ses pratiques ordinaires (voyages à répétition, séjours dans des hôtels de luxe, délégations pléthoriques ….) ; ont contribué à dilapider les fonds publics tout en aggravant la situation économique et matérielle du pays : déficits budgétaires énormes, augmentation de la dette externe, faible taux de croissance, dépréciations dangereuses de la gourde par rapport au dollar.

4. Notre monnaie nationale, redevenue « zòrèy bourik », s’échange au taux de 60 gourdes pour 1 dollar américain. Dans un pays où tout doit être importé, y compris les produits alimentaires, on peut s’imaginer l’impact négatif d’une telle situation sur les conditions d’existence des masses défavorisées. En effet plus que jamais, la misère de notre peuple aujourd’hui n’est plus une donnée statistique. Elle est devenue un fait social. On la lit et on la voit dans les regards, sur les visages et à travers la mendicité dans laquelle est plongée une immense frange de notre société. Les quelques 50 millions de dollars devant être mis sur le marché par la BRH ne pourront hélas en rien arrêter cette dégringolade puisqu’ils seront vite phagocytés et transformés en « martelodollars ». Le malaise social entrainant le banditisme alarmant et le désarroi dans les milieux populaires sont évidemment accentués par cette crise électorale sans issue.

5. Incapable d’organiser des élections, et n’en voulant pas non plus, durant les 4 premières années, l’Exécutif ne s’est retrouvé contraint de les réaliser qu’en cette dernière année, coincé par deux échéances constitutionnelles : celle d’une nouvelle législature et celle de la prestation de serment d’un nouveau président.

6. Le pouvoir a réussi à assujettir l’appareil politique à travers le contrôle des Collectivités Territoriales

• Attendu que cette crise électorale ouverte par l’échec des journées électorales des 09 aout et du 25 octobre 2015 émane d’un processus électoral outrageusement et systématiquement vicié ;

• Attendu que le CEP, en principe, de consensus qui a fini par voir le jour se révèle rapidement un CEP complètement sous la coupe de l’Exécutif, qu’il ne peut en aucune manière organiser des élections libres, démocratiques et inclusives.

• Attendu que les bourrages d’ urnes et les actes de violence qui ont caractérisé le scrutin du 9 aout lui ont valu les qualificatifs de coup d’état électoral, farce électorale, mascarade électorale tout comme celui du 25 Octobre, considéré par des institutions d’observation électorale nationale comme une vaste opération de fraudes planifiées notamment avec les 950 mille cartes d’accréditation fournies par le CEP aux mandataires et observateurs.

• Attendu que le CEP souffre de plus en plus d’un déficit de crédibilité qui rend pratiquement impossible la poursuite du processus et qu’il est empêtré dans toutes sortes de scandales, alors qu’il affiche une incohérence dans la plupart des décisions provoquant un mécontentement général

• Attendu que l’accouchement unilatéral au forceps d’une commission d’évaluation électorale dite indépendante pour répondre aux revendications de divers secteurs, n’a pas réussi à convaincre les démocrates de la bonne foi du pouvoir et ce en dépit de la présence en son sein, de représentants d’institutions religieuses importantes et d’organisations de défense des droits humains.

• Attendu que les 78 Procès Verbaux choisis de manière aléatoire et analysés au Centre de Tabulation, présentant tous systématiquement des traces d’irrégularités et de fraudes graves, font la preuve évidente que la vérification doit s’étendre non seulement à quelques treize mille et plus de procès-verbaux mais aussi aux listes d’émargement, bulletins, procès-verbaux de carence, sans mentionner les candidats, partisans et Partis impliqués dans les cas de violences documentés par le CEP lui-même, des auditions indispensables pour faire la lumière sur les graves accusations de corruption de membres du CEP et de ses instances contentieuses, portées par des candidats parfois avec preuve à l’appui.

• Attendu que le délai imparti pour procéder aux vérifications et évaluations démontre, si besoin était, que le pouvoir veut tout sauf un travail exhaustif et sérieux car, il est impossible même pour des experts chevronnés d’accomplir une telle mission en si peu de temps, à moins que les conclusions et recommandations soient déjà connues d’avance et ne doivent servir, comme l’a indiqué le Premier Ministre, qu’à valider un processus pratiquement irrécupérable pour permettre de respecter des échéances, quoiqu’il en coûte à la nation.

• Attendu que les dépenses effectuées pour la réalisation des élections ne sauraient être considérées comme une transaction du secteur d’affaire et que le pouvoir et le CEP doivent comprendre que l’intérêt national, les impératifs d’une démocratie normale, la récupération de la plénitude de notre souveraineté, la stabilité politique après la fin du mandat du président de la république, leur commandent de faire une pause dans le processus électoral, et de prendre le temps nécessaire pour une discussion sérieuse entre Haïtiens en vue de trouver un consensus suffisant sur la meilleure formule pour sortir durablement de cette crise politique.

• Attendu qu’il est impératif de s’affranchir des contraintes des intérêts particuliers et de résister aux pressions de la communauté internationale pour transformer cette catastrophe électorale en opportunité pour un nouveau départ, pour la reconstruction nationale sur des bases saines avec des élus dont la légitimité sera incontestable.

Fort de ces constats, Nous signataires de cet appel, après de mûres réflexions autour de la gravité de cette situation de crise, avons abouti aux résolutions suivantes :

1. L’annulation pure et simple des opérations électorales des 09 aout et 25 octobre 2015.

2. La formation tôt ou tard d’une commission telle que souhaitée par l’ensemble des parties et de l’opinion publique pour auditer le processus électoral et établir les responsabilités afin d’engager les poursuites pénales nécessaires et de s’assurer que plus jamais de telles situations ne se reproduisent.

Compte tenu du danger qui menace aujourd’hui le pays et qui risque de le précipiter dans l’anarchie ou dans un totalitarisme d’état narco trafiquant, nous convions toutes les forces vives démocratiques et patriotiques de la nation à faire un faisceau pour rechercher ensemble le moyen pour établir un autre modèle d’état.

Port au Prince, le 28 Décembre 2015

Suivent les signataires :

1) Marie Frantz Joachim,2) Lyonel Trouillot,3) Jean Hérold Buteau

4) Frantz Gérard Verret, 5), Freud Jean 6) Serge Legagneur,

7) Evelyne Trouillot, 8) Edmonde S. Beauzile, 9) Pierre Buteau,

10) Pierre Franky Excéus, 11) Yvon Feuillé 12) Micheline A. Figaro

13) Jean-Baptiste Bien Aimé, 14) Jean william Jeanty, 15) Alix Richard,

16) Joseph Maxime Rony, 17) Claude Baboun 18) Yolette Andree Jeanty

19) Rosemond Pradel 20) Wesner Polycarpe 21) Me Mozart Clerisson

22) Jean Pierre Bailly 23) Robert Beauzile 24) Jean Phanor Misguaire lire la suite sur radiotelevisioncaraibes.com

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