Monde – Économie: Quelles implications de la crise grecque et la désorganisation européenne pour les Etats-Unis?

Si l’opinion publique européenne et une bonne partie du secteur financier mondiale restent obsédées par l’évolution de la crise grecque, les Américains eux, affichent une indifférence totale à ces soubresauts financiers qui appartiennent à des querelles politiciennes, d’après un article publié par le magazine français Altantico.

Pour les milieux financiers, la Grèce provoque une série de soubresauts qui alimentent la spéculation et permet à Wall Street de jouer au yoyo. Mais finalement, cela suscite beaucoup moins d’inquiétude que le krach de la bourse de Shanghai.

Pour les milieux politiques américains, la crise grecque fait partie de l’identité européenne de sa culture financière non rigoureuse et de son impossibilité à s’organiser.

Pour eux, c’est un marqueur de faiblesse et d’impuissance et du coup, ça leur rend service. Pour les responsables politiques, que l’Europe soit ingouvernable c’est plutôt une bonne chose. Même si, politiquement corrects, ils affirment le contraire.

Ce sentiment d’indifférence n’est pas étonnant. 90% des Américains  ne sont jamais sortis de leur pays et considèrent que l’Europe doit être organisée un peu comme les Etats-Unis…. Pour l’Américain moyen, les pays européens existent en tant que gardiens de monuments historiques. Ils croient que tous ces pays appartiennent à un seul et même espace politique mais à plus de 6000 km de distance cet espace leur parait très mal organisé.  Cela favorise les égoïsmes régionaux, fragilise l’ensemble avec une seule monnaie certes, mais qui n’aura jamais le potentiel de confiance du dollar. Ce n’est pas faux.

Les institutions financières internationales, comme le FMI, n’ont pas manqué depuis un mois de publier tous les chiffres qui relativisent l’importance d’une faillite de la Grèce : 10 millions d’habitants, moins de 2% du PIB européen et 0,5% du PIB mondial. Pour Olivier Blanchard, le chef économiste du FMI : « l’économie grecque n’a aucun impact mécanique sur l’économie de la zone euro, et encore moins sur l’économie mondiale ». La conclusion que tirent toutes les institutions financières internationales, c’est que le sort de la Grèce n’aura aucune incidence sur le reste de l’Europe. Que la Grèce reste dans l’euro-zone ou que la Grèce en sorte. Cependant d’autres pays dans l’occident comme l’Australie suivent de très près la situation en Grèce, dont les soubresauts ont affecté le marché boursier australien à plus d’un milliard de dollars américains la semaine dernière par rapport au phénomène de la globalisation financière.

Le Conseil européen de dimanche aura été le 19e conseil de la dernière chance. Pour les Américains, une telle organisation, une telle perte de temps et d’argent est incompréhensible. Quand la Californie se retrouve en cessation de paiement, cela se règle en trois coups de téléphone entre le trésor américain, la réserve fédérale et le gouverneur de l’Etat de Californie qui n’a pas d’autres choix que de remettre de l’ordre dans ses affaires. Or, le PIB de la Californie fait de cet Etat une des 10 premières économies mondiales et longtemps plus grande que la Grèce.

Bref ! Le raisonnement est simple : tout ce qui affaiblit l’Union européenne est bon pour l’Amérique. La désunion politique affaiblit la cohésion et la cohérence, donc affaiblit la confiance que l’on peut mettre dans l’euro. Or, l’euro c’est la deuxième monnaie mondiale après le dollar.

L’affaiblissement économique de l’Europe, le poids de son modèle social, le prix à payer pour garder des petits pays fragiles, indisciplinés, turbulents et bruyants dans la famille, tout cela pèse sur la compétitivité des produits Européens et du coup facilite la concurrence américaine.

L’absence de budget commun, de fiscalité et de législation sociale en Europe permet aux Américains de profiter de toutes les opportunités et, par conséquent, de travailler sur les marchés européens sans avoir à payer.

Les dirigeants américains eux, savent bien que l’Amérique tire une grande partie de sa puissance de la désorganisation du monde et en particulier de l’Europe. Mais c’est tellement politiquement incorrect de le dire, qu’ils se taisent. Ils observent le spectacle avec beaucoup de sérénité et une apparente indifférence tant que le spectacle de l’Europe ne les affecte pas. 

Etzer S. EMILE, M.B.A

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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