Haïti – Culture: Hommage à Toto Bissainthe, étoile d’Haïti Un concert et une exposition
Toto Bissainthe © M. Alezra
Source Eglantine Chabasseur | rfimusique.com
« Ouvrez la fenêtre, amenez des chaises, on va installer des gens dans le jardin ! » s’enthousiasme Dorothy Polley, la propriétaire de la galerie, un peu dépassée par l’affluence. « Cela fait huit ans que j’organise des spectacles ici et c’est la première fois qu’il y a autant de monde !« , explique-t-elle entre deux poignées de main. A 18 heures, la salle est déjà pleine et sur le trottoir s’amasse une petite foule d’artistes, comédiens ou musiciens venus rendre hommage à Toto Bissainthe. Sous le joyeux brouhaha des retrouvailles, les haut-parleurs diffusent la splendide voix de Toto, chantant en créole les textes impertinents de Léo Ferré à Port-au-Prince, devant un public hilare.
Anti-folklore
« Vingt ans après sa mort, en juin 1994, il était temps de lui rendre hommage« , explique sa fille, Milena Sandler, directrice de la Fondation Haïti Jazz, à l’initiative de l’exposition itinérante « An’n Alé, en avant Haïti ! ». « C’est très émouvant et très symbolique de présenter cette exposition à Paris, parce que c’était sa ville, elle y a vécu plus de trente ans, elle se sentait chez elle ici ». Alors, pour fêter cet évènement, ce samedi soir, des amis comédiens et musiciens se succèdent au micro pour faire revivre en musique des textes qu’elle a interprétés, des voix qu’elle a portées, des souffles qu’elle a transmis.
Chez Toto Bissainthe, la poésie, la musique et les mots allaient toujours de pair. Ce soir, les vers d’Aimé Césaire ou de René Depestre dansent sur les percussions de Joël Widmaër. Au chant, la Guadeloupéenne Mariann Mathéus s’installe sur scène. Avec le Malien Akonio Dolo, elle fit partie de l’ensemble des Chants Populaires d’Haïti fondé par Toto Bissainthe à la fin des années 1970.
Anti-folklore, la troupe voulait mettre en avant la profondeur du répertoire traditionnel haïtien et l’éclaira d’un jour radicalement nouveau. Autour des voix et des tambours, selon les albums, les Chants Populaires d’Haïti comptaient une contrebasse, un piano, une guitare… « L’enjeu était de permettre au public d’approcher cette richesse culturelle haïtienne« , se rappelle Mariann Mathéus. Pari réussi, puisque dans les années 1980, les Chants Populaires d’Haïti ont fait plusieurs tournées triomphales en Europe, aux Etats-Unis et en Afrique.
« Mélodie luxuriante«
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Ce soir, Mariann Mathéus entonne les morceaux phares du répertoire de Toto Bissainthe, accompagnée par une guitare, comme Papaloko,Soufle van ou le magnifique Papa Damballah. « Cette chanson, c’est la relation aux dieux et à la liberté, centrale dans toute l’œuvre de Toto« , explique-t-elle. Spontanément, des voix s’élèvent du public. La salle chante en chœur le refrain. Un tambour résonne, des rires fusent…
Au premier rang, le musicien antillais Gérald Toto imite le « ti-bwa » avec sa bouche. Grand admirateur de Toto Bissainthe, il confie : « Cet hommage est nourrissant. Au-delà d’Haïti, elle est une mémoire afro-caribéenne, une passerelle entre les Antilles et l’Afrique. Pour moi, l’ensemble de ses morceaux forme une mélodie luxuriante, un jardin d’Eden de la mémoire« . Par la fenêtre ouverte de la galerie, les notes s’élèvent doucement dans le ciel de Paris, vers les étoiles qui dansent, elles aussi.
« An’n Alé, en avant Haïti ! », exposition itinérante en hommage à la grande voix haïtienne Toto Bissainthe, fait escale à Paris, à la Dorothy’s Gallery, du 5 mai au 27 septembre.
« L’oubli n’existe pas, mesdames et messieurs « , disait Toto Bissainthe. Mais comment pourrait-on oublier une tornade ? Comédienne de théâtre, de cinéma, chanteuse, immense interprète, elle est l’une des figures artistiques les plus emblématiques d’Haïti. Son œuvre, traversée par le souffle des esprits, de la révolte et de la poésie, mérite les plus glorieuses épitaphes.
Vingt ans après sa mort, sa fille, Milena Sandler, directrice de la Fondation Haïti Jazz, a décidé de lui rendre hommage à travers une exposition itinérante. Présentée à Miami en septembre 2014, puis au Musée du Panthéon National Haïtien à Port-au-Prince, elle fait escale à Paris jusqu’en 27 septembre, avant de continuer sa route vers New-York, Montréal et la Martinique.
A première vue, le dispositif semble simple. Quelques photos d’archives en noir et blanc et sur des tablettes, dix-huit témoignages de proches, artistes et amis retracent la trajectoire complexe d’une artiste lire la suite sur rfimusique.com
Site officiel de la Dorothy’s Gallery
Page facebook de la Dorothy’s Gallery
Exposition « Toto Bissainthe – An’n Alé, en avant Haïti ! », Dorothy’s Gallery à Paris 11e, jusqu’au 27 septembre 2015