Aujourd’hui Journée mondiale de l’alimentation, quelle est la réalité en Haïti ?

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) célèbre ce mardi 16 Octobre 2014  la Journée mondiale de l’alimentation sous le thème  » Nourrir le monde, préserver la planète ». Il faut dire que ce 16 Octobre marque également la commémoration de la date de la création de cette organisation en 1945. Le thème retenu pour cette année a été choisi pour accroître la visibilité de l’agriculture familiale et des petits exploitants selon la FAO.

Ce thème  »Nourrir le monde, préserver la planète » appelle également l’attention mondiale sur le rôle crucial que joue l’agriculture familiale dans de nombreux domaines: lutte contre la faim et la pauvreté, renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, amélioration des moyens d’existence, gestion des ressources naturelles, protection de l’environnement et réalisation du développement durable, notamment dans les zones rurales.

Voyons maintenant quelques chiffres sur la faim dans le monde. En 2014, 805 millions de personnes souffrent toujours de la faim, soit 1 personne sur 9 dans le monde. D’autre part, la sous-nutrition est en cause dans 45% des décès d’enfants.

Parlant d’agriculture familiale et de la faim, on pourrait se poser une question, a savoir, est- ce que les agriculteurs sont épargnés par la faim ? Loin de la, car 75 % de ceux qui souffrent de la faim aujourd’hui dans le monde sont des agriculteurs. Au Mali, par exemple, la région de Sikasso est l’une des plus prospères du pays d’un point de vue agricole. Paradoxalement, elle est également celle où s’enregistrent les taux de sous-nutrition les plus élevés. Car les programmes et les politiques agricoles n’ont pas toujours été élaborés pour répondre aux besoins des populations locales. Ce qui n’est pas différent pour Haïti où plusieurs régions, plusieurs sections communales, ayant beaucoup de potentiels agricoles vivent dans des situations de précarité extrême.

Le problème de l’alimentation est un problème complexe qui peut avoir des impacts sérieux sur d’autres aspects de la vie sociale des populations. L’alimentation scolaire par exemple contribue à accroître le niveau de scolarisation et à réduire les taux d’abandon scolaire, tout en favorisant l’égalité des sexes, car il permet aux filles et aux garçons d’accéder à l’éducation « , selon les conclusions du Directeur régional du PAM pour l’Amérique latine et les Caraïbes, Miguel Barreto.

La situation au niveau de l’alimentation en Haïti est très critique. Selon des statistiques fournies par la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (CNSA), 43% des ménages du département du nord-ouest d’Haïti souffrent d’insécurité alimentaire, contre une moyenne nationale de 30%.

« Cette situation d’insécurité alimentaire chronique est liée principalement à un environnement moins favorable à l’agriculture. Dans les zones sèches du département du Nord’Ouest (bas Nord-Ouest en particulier), les cultures sont sévèrement touchées par le manque de pluie au moins une année sur trois », explique la CNSA. Il y a selon nous un besoin sérieux d’encadrer cette région potentiellement fertile par l’irrigation et la formation compte tenu de la proximité du fleuve Trois Rivières et de certaines ressources disponibles mais systématiquement gaspillées. Donc le problème n’est pas nécessairement un problème de manque de ressource, mais de gestion de ressource.

De toute façon, les perspectives ne sont pas du tout encourageantes, car la CNSA avait déjà exprimée ses inquiétudes quand à une possible aggravation de la situation de sécurité alimentaire avec la hausse des prix de carburant. Ce développement risque de faire augmenter les prix des produits alimentaires produits localement vu que le cout du transport sera plus élevé, pendant que les tendances a la hausse du dollar par rapport a la gourde menace de faire les prix les produits alimentaires importés.

Célébrer la journée mondiale de l’alimentation serait un moment pour prendre des engagements, d’annoncer des actions concrètes à impact durable sur la sécurité alimentaire en Haïti pour lutter contre la faim et la malnutrition, au lieu de choisir de persister dans des pratiques et solutions superficielles et conjoncturelles contre la faim sans résultats durables.

Etzer Emile, M.B.A

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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