Haïti – Économie: Perspectives de croissance des envois de fonds vers les pays en développement

Selon la dernière édition de la note d’information de la Banque mondiale sur les migrations et le développement, publiée hier mardi, les envois de fonds des migrants (transferts de la diaspora) vers les pays en développement devraient fortement augmenter cette année, tandis que les migrations dues aux violences et aux conflits ont atteint des niveaux sans précédent.

Les envois de fonds officiellement comptabilisés vers les pays en développement devraient atteindre 435 milliards de dollars en 2014, soit une hausse de 5 % par rapport à 2013. Cet accroissement est considérablement supérieur à la progression de 3,4 % enregistrée en 2013, et s’explique en grande partie par l’essor des flux à destination de l’Asie et de l’Amérique latine.

Cette tendance devrait se poursuivre à moyen terme, pour atteindre environ 454 milliards de dollars en 2015.

Les envois de fonds restent une source particulièrement importante et stable de capitaux privés pour les pays en développement, où les grandes quantités de devises ainsi introduites contribuent à maintenir l’équilibre de la balance des paiements. En 2013, ils ont largement dépassé les investissements directs étrangers (IDE) vers les pays en développement (à l’exception de la Chine) et ont été trois fois plus élevés que l’aide publique au développement.

« Les envois de fonds vers les pays en développement ont augmenté de 5 % cette année. Dans des pays comme l’Égypte, le Pakistan, Haïti, le Honduras et le Népal, ils ont en particulier permis de couvrir une part considérable de la facture des importations, comme nous l’avons mentionné cette semaine dans cette rubrique pour le cas d’Haïti. L’Inde et la Chine occupent de loin les premiers rangs des pays destinataires des fonds, avec un volume estimé respectivement à 71 et 64 milliards de dollars pour 2014», explique Kaushik Basu, premier vice-président et économiste en chef du Groupe de la Banque mondiale.

L’Inde, qui possède le nombre le plus important d’émigrés (14 millions de personnes), va se maintenir au premier rang cette année, avec 71 milliards de dollars d’envois de fonds. Les autres gros bénéficiaires sont la Chine (64 milliards de dollars), les Philippines (28 milliards de dollars), le Mexique (24 milliards de dollars), le Nigéria (21 milliards de dollars), l’Égypte (18 milliards de dollars), le Pakistan (17 milliards de dollars), le Bangladesh (15 milliards de dollars), le Viet Nam (11 milliards de dollars) et l’Ukraine (9 milliards de dollars).

En pourcentage du PIB (2013), les principaux pays destinataires ont été le Tadjikistan (42 %), la République kirghize (32 %), le Népal (29 %), Moldova (25 %), Samoa et le Lesotho (24 % chacun), l’Arménie et Haïti (21 % chacun), la Gambie (20 %) et le Libéria (18 %).

Regardons maintenant la tendance au niveau de notre région, à savoir la région Amérique latine et Caraïbes. Il faut dire que les envois de fonds devraient rebondir cette année vers la région, après une mauvaise année 2013. La reprise économique enregistrée aux États-Unis profitera à la région notamment au Mexique, au Salvador et au Nicaragua, qui les trois représentent  plus de la moitié des flux à destination de la région. En revanche, le taux de chômage élevé en Espagne a une incidence négative sur les envois de fonds vers la Bolivie, la Colombie, le Paraguay et le Pérou. Les flux intrarégionaux en provenance du Chili devraient poursuivre leur tendance à la hausse. Donc, selon ce dernier rapport de la Banque Mondiale, les envois de fonds vers la région latino-américaine et caribéenne devraient progresser de 5 % cette année (contre 1 % l’an dernier) pour s’établir à 64 milliards de dollars, avant d’atteindre 67 milliards de dollars en 2015.

Voilà les perspectives concernant les transferts privés des migrants dans le monde et dans notre région, et nous voyons clairement qu’Haïti est parmi les pays ou les transferts privés représentent une part importante dans le PIB, soit près d’un quart. En fait, ceci ne constitue pas du tout un indicateur de performance et nous ne devons pas nous en réjouir, car c’est l’expression d’une économie qui ne produit presque pas, qui n’est pas diversifiée, qui est dépendante de ses migrants pour une bonne partie de ses rentrées de devises.

Et puis la grande majorité de ces transferts sert à la survie quotidienne de ses récipients (nourriture, écolage, paiement de location de maison….).  Ils ne servent pas vraiment à augmenter la capacité productive du pays. Il faut beaucoup que cela pour le développement économique d’une nation…En effet, Le renforcement de la capacité productive, plus de facilitation dans l’environnement des affaires, plus d’investissements publics en infrastructures pourraient attirer plus d’investissements étrangers, ce qui ferait réduire le poids de ces transferts, (envoie de fonds des migrants) pour une économie plus diversifiée, plus compétitive et moins vulnérable.

 

Etzer Emile, M.B.A

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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