Le comportement financier des migrants d’Amérique latine et des Caraïbes aux États-Unis et la question des transferts

Le Fonds multilatéral d’investissement (FOMIN) vient de publier une étude qui démontre l’importance des envois de fonds vers la région Amérique latine et Caraïbes. Le flux de ces derniers totalise maintenant plus de 60 milliards de dollars annuellement. Cependant, l’étude reconnaît que ces ressources qui sont envoyées par les migrants vers leur pays d’origine contribuent peu à l’épargne des ménages pour la plupart pauvres et vulnérables.

Cette étude publiée sous le titre « Situation économique et transfert : Comportement des migrants d’Amérique latine et des Caraïbes dans la période post-récession », a été commandée par le FOMIN, un membre de la Banque interaméricaine de développement (BID), et réalisée par le Dialogue Interaméricain. Ce travail est basé sur une enquête de 2013 réalisée sur 2,000 migrants en provenance de 8 huit pays de la région : la Colombie, la République dominicaine, El Salvador, Le Guatemala, Honduras, la Jamaïque, le Mexique et Haïti vivant dans cinq grandes villes américaines : New York, Chicago, Miami, Los Angeles, and Washington, D.C.

Commentant ce rapport, le directeur général du FOMIN Nancy Lee a déclaré qu’une plus grande canalisation des transferts vers le système financier formel, notamment a partir des comptes d’épargne, pourrait permettre aux ménages pauvres et vulnérables de tirer davantage de bénéfice de ces flux.

Cette étude prouve aussi qu’au niveau des femmes, on a enregistré des augmentations du montant moyen des transferts envoyés et le nombre de transferts par an, tandis que pour les hommes le montant moyen et la fréquence des transferts effectués sont restés stables.

Deux tiers des migrants de ces huit pays affirment qu’ils économisent de l’argent pour pouvoir effectuer des transferts vers leur pays d’origine, mais la majorité le fait de manière informelle, ce qui réduit le potentiel de création de richesse à long terme. Bien que 60% de ces migrants aient déclaré avoir un compte bancaire aux États-Unis, seulement un tiers des bénéficiaires dans les pays qui reçoivent ont des comptes bancaires, selon leurs parents aux États-Unis.

En fait, il faut dire que la récession de 2008-2009 a eu un impact grave sur le bien-être économique des migrants de l’Amérique Latine et des Caraïbes. En 2013, cependant, il y avait des signes de reprise. En général, ces migrants ont été en mesure d’augmenter leurs revenus, leur épargne et la capacité d’envoyer de l’argent à leur famille. Comparant 2013 et 2009, il y a eu en effet des améliorations dans les gains, aussi bien que dans les indicateurs de l’emploi de manière globale. En 2009, moins de 70% des migrants avaient un emploi à temps plein alors que  en 2013, 82 % ont déclaré avoir un emploi à temps plein. Les taux d’épargne montrent également des signes de reprise. En 2007, 57 % des migrants ont déclaré qu’ils utilisent une quelconque forme d’épargne, contre 67% en 2013.

Des chiffres qui montrent une certaine amélioration des conditions économiques des migrants en provenance d’Amérique latine et des Caraïbes depuis la crise financière de 2008-2009, toutefois les migrants restent vulnérables en termes de revenus, l’épargne et les niveaux d’endettement. Parmi les catégories les plus vulnérables, on retrouve les femmes, les migrants récents, les sans-papiers et les personnes à faible niveau d’éducation.

En dépit de la reprise économique aux États-Unis qui a permis aux migrants d’envoyer un peu plus d’argent, la situation financière des migrants est encore fragile, cette vulnérabilité peut être atténué grâce à la mobilisation de l’épargne et un accès accru à d’autres produits et services financiers », a déclaré Manuel Orozco, Senior Fellow au dialogue interaméricain et auteur de ce rapport sur le comportement financier des migrants.

En ce qui concerne particulièrement les migrants haïtiens aux Etats-Unis dans cette étude, qui sont d’ailleurs au nombre 606,000, ils connaissent un taux de chômage de 10,6% en 2013 en hausse par rapport à rapport à 2009 (9,2%) contre 8,6% pour les Dominicains aux Etats-Unis en 2013.

Autre information particulière sur le comportement financier des haïtiens de la diaspora, 12% d’entre eux préfèrent de garder leur argent chez eux ou dans leur portefeuille, 2 % ont sur un compte courant, 23% préfèrent utiliser un compte d’épargne, 1% donne à un autre membre de la famille de l’épargner, 0% achètent des produits financiers, et 57% n’épargnent pas activement.

En fait, cette récente étude de la Banque interaméricaine de développement (BID) n’a pas fourni des informations sur l’utilisation des transferts, toutefois selon les résultats de l’étude que Le Fonds multilatéral d’investissement (FOMIN) réalisé en 2006, seulement 23% du montant des transferts a été utilisé pour l’investissement en Haïti, sinon il est majoritairement utilisé pour des dépenses en bien de grande consommations, pour le paiement de frais de scolarité, de santé ou des dépenses de loisirs.

Bref ! Alors ce qu’on recommande est simple, d’une part que les transferts soient de préférence canalisés dans le système financier formel, notamment à partir des comptes bancaires, et que ces transferts puissent participer à des activités productives avec effet multiplicateur pour créer de la richesse, en jouant le rôle de source de source de financement des investissements. Sinon, l’impact de la croissance des transferts restera limité, il affectera à très court terme la consommation des ménages de manière isolée, mais ne pourra pas avoir un effet durable sur le PIB et les conditions sociales de la population.

 Chiffre pour aujourd’hui: 25%

En 2012, la diaspora a envoyé 1,99 milliards à Haïti, ce qui représente 25% du PIB du pays, de loin le taux le plus élevé dans la région, qui démontre le niveau de dépendance de l’économie des transferts directs en provenance de la diaspora. Tandis que, la République dominicaine a reçu encore un plus grand plus soit 3,16 milliards en transferts en 2012, mais ce montant ne représente que 6% de son PIB.

Etzer EMILE, M.B.A

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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