Inégalités dans le monde et en Haïti: Véritable frein au processus du développement

La directrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) Helen Clark a présenté cette semaine une conférence sur les inégalités à Londres (Angleterre)  à International Growth Center.  « Malgré les preuves que l’inégalité empêche les pays de se développer dans un grand nombre de domaines, peu de progrès ont été réalisés pour la combattre »’, a martelé Mme Clark lors de sa présentation.

Selon elle  » L’exclusion économique aggravée par l’exclusion politique peut être un mélange toxique comme le démontre un certain nombre de soulèvements au cours de ces dernières années.

 « Les preuves suggèrent que l’inégalité des revenus entrave la croissance à long terme ; elle est associée aux pires résultats en matière de santé; l’inégalité génère l’instabilité politique; contribue à des taux plus élevés de violence, sape la cohésion sociale et porte atteinte à la capacité pour le collectif  de prendre des décisions pour une réforme efficace. « 

D’un autre coté, selon un rapport publié également en début de semaine par l’organisation Oxfam International, les 85 personnes les plus riches de la planète ont désormais la même quantité de richesse que la moitié la moins riche du monde.

Parallèlement, un nouveau rapport du PNUD qui sera lancé la semaine prochaine, examine les tendances et les facteurs explicatifs de l’inégalité.  Ce rapport estime que les inégalités de revenus ont augmenté de 11 % dans les pays en développement entre 1990 et 2010 et qu’un pourcentage de 75% de la population vit aujourd’hui dans les sociétés où le revenu est plus inégal que celle qu’elle était dans les années 1990.

Depuis le début de la crise en 2008, ces inégalités se sont même sensiblement accrues. Les 1% des personnes les plus riches en Chine, au Portugal et aux États-Unis ont plus que doublé leur part de revenus national depuis 1980. L’Europe ne fait pas exception. Même dans les pays réputés plus égalitaires comme la Suède et la Norvège, la part de revenus allant aux 1% les plus riches a augmenté de plus de 50%.

Donc, l’élite mondiale devient de plus en plus riche. La majorité de la population mondiale se retrouve en revanche exclue de cette prospérité. Par exemple, alors que les actions et les profits des entreprises atteignent des niveaux vertigineux, les salaires stagnent en pourcentage du produit intérieur brut (PIB). Pour illustrer l’ampleur de la concentration des richesses, la fortune combinée des 10 personnes les plus riches d’Europe dépasse le coût total des mesures de relance mises en oeuvre dans l’Union européenne (UE) entre 2008 et 2010. On comprend donc que les politiques d’austérité mises en place après la crise pèsent lourdement sur les personnes pauvres alors qu’elles permettent aux riches de s’enrichir encore plus.

Les niveaux croissants d’inégalité sont aussi une caractéristique importante des pays densément peuplés à revenus intermédiaires. Ces pays comptent beaucoup car ils concentrent la majeure partie de la population pauvre au monde. Avant la mondialisation, il s’agissait de pays à bas revenus avec des niveaux d’inégalité bien plus faibles. Mais la croissance économique les a hissé au rang de pays à revenus intermédiaires et a dressé un mur entre les nantis et les pauvres.

La concentration massive des ressources économiques dans les mains de toujours moins de personnes constitue une réelle menace pour les systèmes économiques et sociaux inclusifs. Au lieu d’avancer ensemble, nous voyons les inégalités se creuser en matière de pouvoir économique et politique, ce qui exacerbe inévitablement les tensions sociales et accroît le risque d’éclatement de la société.

En Haïti, la lutte contre la pauvreté et les inégalités constitue un défi majeur. Sur une population de plus de 10 millions d’habitants, 55%  vivent avec des revenus moyens en dessous de la ligne de pauvreté extrême de 1US$ par personne par jour et 78% en dessous de la ligne de pauvreté générale de 2 US $.  80% de la population ne dispose que de 32% des revenus et alors que les 2% les plus riches sont en possession de 26% du revenu total, selon un Rapport sur le développement humain du PNUD).  D’autres sources comme le WorldVision, ou BBC news, parlent même de 1% de la population haïtienne qui détient presque la moitié de la richesse du pays.

En somme, l’inégalité ne peut pas être traitée uniquement par des politiques sociales, voire des approches humanitaires ou des programmes populistes de basse intensité, mais il faut une croissance inclusive/participative, robuste, riche en emplois et des règles plus équitables dans l’économie. Il faut aussi que cette croissance soit la plus durable que possible sur une période d’au moins 25 ans.  On doit cesser de nous vendre à l’étranger comme une République qui veut tout en cadeau, mais de préférence un pays qui doit recevoir des investissements, échanger, pour créer de la richesse. On doit donc cesser de proposer des solutions superficielles et commencer par attaquer de fond ce problème de pauvreté et d’inégalité a travers de bonnes politiques  publiques au profit de la population haïtienne.

Chiffre pour aujourd’hui: 38%

En milieu rural, 38 % des ménages n’ont pas de toilettes contre 7 % en milieu urbain selon Institut Haïtien de l’enfant donnée 2012.

Etzer Emile, MBA

Radio Vision 2000

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *