Tabou Combo : « La culture d’Haïti est belle »

Tabou Combo est une formation mythique dans les Caraïbes, notamment aux Antilles françaises. Le compas est la musique que tout le monde écoutait là-bas des années avant l’invention du zouk par Kassav’. Mercredi 12 juin, Tabou Combo inaugurait la grande scène du festival Rio Loco à Toulouse. Le lendemain matin, Mundo Latino rencontrait les membres de la formation haïtienne juste avant leur départ pour l’aéroport.

J’avais rendez-vous à l’hôtel de Tabou Combo à l’heure du petit déjeuner. Je suis reçu par le porte-parole du groupe, Yves Joseph dit Fanfan. Pour commencer, je lui demande s’il veut bien revenir sur les origines du compas.

« Tabou Combo est la troisième génération du compas. Nous avons débuté en 1968. Le compas a été introduit par Nemours Jean-Baptiste dans les années 50. » Je l’interromps : « Est-ce que c’est Jean-Baptiste Nemours qui a inventé le compas ? Ou bien a-t-il adapté des rythmes existants ? » « Il a adapté une musique existante. A l’époque, on écoutait beaucoup de meringue dominicain. A Saint-Domingue, il y avait des radios, des maisons de disques. Quand les musiciens venaient en Haïti, il faisaient des ravages! Nemours a fait une adaptation plus lente de la musique dominicaine pour l’adapter à la culture haïtienne. Les groupes de compas se sont formés à l’image des big-bands américains, avec beaucoup de « soufflants » : les saxophones, les trompettes, etc.. » « Jean-Baptiste Nemours a-t-il apporté des modifications au meringue ?» « Jean-Baptiste Nemours a ajouté la percu : ce qu’on appelle le floor tom c’est un métronome. Sur scène, c’est Kapi qui joue de cet instrument. »

Fanfan reprend le fil de son idée : « Dans les années 60, c’était la vague du rock‘n’roll : les Stones, les Beatles… en France, il y avait Johnny, Dick Rivers, Claude François… C’était notre époque, notre jeunesse. Il fallait jouer cette musique-là. En Haïti, il y avait plein de groupes qui se formaient dans tous les quartiers de la capitale : On s’appelait Les Copains, Les Jets… A Petionville, on a formé un groupe qui s’appelait Los Incognitos – on voulait un nom cool ! -. Un directeur d’une radio très populaire a voulu organiser le concours de musique des mini-jazz. »

Fanfan relève mon incompréhension. « On venait avec deux guitares et une basse, comme les rockers. On n’avait pas de cuivres. Pourquoi jazz? Vous savez qu’on a eu la colonisation américaine jusqu’aux années 30. Ils sont restés une quinzaine d’années. La musique en vogue à l’époque, c’était le jazz. Le « jazz » chez nous, c’était le nom des formations musicales. C’est un héritage de la colonisation américaine. Nemours Jean-baptiste, il avait une vingtaine de personnes sur scène. Nous, on était sept. Les mini-jazz, c‘était des formations réduites. »

« On ne voulait pas aller sur scène avec le nom Los Incognitos . Ça sonnait étranger. On a choisi un nom haïtien : Tabou Combo. » « Donc vous avez passé ce concours… » « On est arrivé premier ! Ça a été le début de notre popularité ». « Quelle musique jouiez-vous à cette époque-là ?» « De la musique haïtienne. On avait deux guitares, basse, à la manière des rockers. On a commencé sans cuivres. »


« Pourtant certains de vos albums sont très discos… » « Oui, c’est ce qui nous a valu notre disque d’or avec « New York City ». C’était très disco. » « Hier, vous aviez une trompette, un sax, un trombone… C’est au moment de « New York City » que sont arrivés les cuivres ? » « Non, ça c’était en 1975. Les cuivres sont arrivés après, avec l’influence de Earth, Wind & Fire, des Commodores, tout ça… On a toujours voulu faire de la musique internationale, pas seulement une musique qui plaise uniquement aux haïtiens. » « Une musique qui touche tout le monde ? » « Exactement. »

« Vous avez eu une énorme influence sur les Antilles françaises… » « Absolument. Kassav’, ce sont nos enfants. Jean-Philippe Marthély est un grand fan de Shoubou. On a invité Kassav’ pour nos 30 ans au Zénith… Jocelyne Berouard, Jacob Desvarieux… Sur le dernier album de Tabou Combo, Jacob est venu chanter avec nous. » « Est-ce que à l’inverse, vous avez emprunté des choses à Kassav’ ? » « Je pense qu’on a influencé Kassav’ au niveau des cuivres. Nous, on est arrivé avec les cuivres métro pour donner une couleur internationale au groupe. Quand eux sont apparus, ça a été une révolution. Ils sont arrivés avec les ordinateurs. Leur son était vraiment clean. Nous, on avait un son live. Le live a un son particulier… » « Est-ce que, à ce moment-là, vous avez été challengés ? » « Secoué, on a été secoué ! Il a fallu adapter : en 88, on a sorti le premier album réalisé avec les machines. »

« Et si je vous cite des noms comme Carimi, T-Vice , Ti kabzy? » « Je pense que c’est une  lire la suite sur http://salsa.blog.lemonde.fr

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