Haïti – Politique : Réactions des membres du Conseil de Sécurité sur les élections en Haïti
Mercredi matin, devant le Conseil de sécurité, Nigel Fisher, le Représentant spécial par intérim du Secrétaire général en Haïti, a présenté, devant le Conseil de sécurité, le rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), dont il est aussi le Chef par intérim, dans ce rapport, le Secrétaire général a fait le point sur la situation politique et l’état de la sécurité en Haïti et est revenu sur la question des élections.
Le Secrétaire général a expliqué que « le conflit qui a eu lieu entre les dirigeants politiques des trois branches de l’État haïtien a entraîné des retards, qui ont perturbé le fonctionnement du système de gouvernance et entraîné le pays dans une impasse politique extrêmement préjudiciable », ajoutant que « la tenue des élections ayant été différée, le Secrétaire général prie instamment les autorités haïtiennes d’instaurer un climat favorable à la tenue en 2013 d’élections libres, régulières, crédibles et ouvertes à tous, » et demandé que les trois pouvoirs de l’État mènent à bien la nomination de leurs membres au Collège Transitoire du Conseil Électoral Permanent (CTCEP).
« L’ONU est prête à fournir un appui pour les élections à venir et à collaborer avec les autorités haïtiennes pendant les trois prochaines années, en vue de leur permettre d’assumer l’entière responsabilité de la gestion du processus électoral d’ici à 2016 » lit-on dans ce rapport.
Nigel Fisher a indiqué que « la tenue des élections est une question cruciale en Haïti […] elles auraient dû avoir lieu en novembre 2011. Les élections de 2013 permettront de renforcer l’état de Droit et de répondre à des questions urgentes comme l’emploi et la protection sociale […] le Président d’Haïti s’est engagé à créer, avant Pâques, le CTCEP. Mais, ce ne sera qu’une première étape avant la tenue d’élections crédibles et ouvertes à tous » ajoutant « la Minustah exhorte les acteurs politiques à coopérer davantage afin de permettre l’organisation d’élections avant la fin de l’année, cela suppose que soient mieux précisés les mandats des donateurs et, d’approuver une loi sur les activités des donateurs et sur le financement des partis politiques, ainsi qu’un accord sur les modalités applicables au Conseil électoral. »
Réactions des pays membres du Conseil de Sécurité :
Pour Susan Rice représentante des États-Unis, « la tenue d’élections justes et crédibles est essentielle. »
Maria Cristina Perceval de l’Argentine, a insisté sur le fait que « la tenue d’élections justes et crédibles en 2013 est indispensable pour renforcer les capacités de l’État. »
M. Luis Fernando Carrera-Castro, Ministre des affaires étrangères du Guatemala a déclaré que « la première des priorités à court terme, était la tenue d’élections locales, municipales et législatives. Le report de ces élections risque de menacer l’instauration de l’État de Droit en Haïti » lançant un appel pour que des élections crédibles et ouvertes à tous soient organisées, conformément à la Constitution d’Haïti.
Mme. Sylvie Lucas du Luxembourg a déclaré que « les élections de cette année sont indispensables pour faire avancer les réformes nécessaires, suite à l’accord du 24 décembre 2012, il est impératif de parachever la formation du CTCEP pour lancer un processus électoral qui n’a que trop tardé. »
Le représentant du Maroc, M. Lotfi Bouchaara, a émis l’espoir que les élections pourront être organisées rapidement.
M. Wang Min de la République de Chine a en outre insisté sur la nécessité d’assurer l’organisation d’élections justes, équitables et crédibles en 2013.
Pour Philip Parham du Royaume Unis, « des élections locales et sénatoriales doivent être organisées rapidement. »
M. Gérard Araud de la France, a jugé essentiel que les élections locales et législatives partielles, trop longtemps reportées, puissent se tenir cette année et qu’elles soient libres, inclusives et crédibles et que les parties concernées nomment sans attendre les membres du Collège transitoire du Conseil électoral permanent. Il s’est dit troublé par la multiplication des nominations contestées, déclarations récentes visant la liberté de la presse et, plus généralement, les déficiences systémiques en matière de droits de l’homme.
Mme. Philippa Jaane King de l’Australie, estime que des élections crédibles, libres et transparentes en 2013 sont vitales pour la reconstruction et le développement du pays « Nous saluons les progrès réalisés dans la nomination des membres du Conseil électoral provisoire pour que les élections législatives partielles puissent être organisées. »
M. Vitaly Churkin, de la Fédération de Russie a plaidé en faveur de l’organisation d’élections législatives et municipales cette année. Il a exhorté toutes les forces politiques du pays à faire preuve de calme en réglant leurs divergences par le biais des mécanismes existants.
M. Fritzner Gaspard représentant d’Haïti, a déclaré que sa délégation prend acte des préoccupations exprimées à propos du retard enregistré dans l’exécution du calendrier électoral lié à l’organisation des élections législatives partielles, municipales et locales. La délégation a réaffirmé, dans le même temps, la volonté du Gouvernement d’œuvrer à la tenue de ces scrutins, dans les meilleurs délais et dans les meilleures conditions d’honnêteté et de transparence, et dans le strict respect des normes démocratiques.
Au nom du Groupe des Amis d’Haïti (Argentine, Brésil, Canada, Chili, Colombie, France, Guatemala, Pérou, États-Unis et Uruguay), M. José Luis Cancela de l’Uruguay a souligné l’importance qu’il y a, de garantir, avec l’assistance de la Minustah, la tenue d’élections législatives partielles, municipales et locales justes et transparentes. Il a ajouté que ces élections constitueront un pas essentiel pour la stabilité durable, le relèvement et le développement d’Haïti.
M. Octavio Errázuruz du Chili, a déclaré qu’il faut cependant parvenir à engager un dialogue politique entre les différentes branches de pouvoir de l’État. Il a exhorté les autorités haïtiennes à adopter des mesures propices à l’obtention de ce consensus, notamment en organisant des élections libres et justes. Il a appelé à cet égard à la création du Conseil électoral.
M. González de Linares Palou de l’Espagne a insisté sur la nécessaire tenue d’élections en 2013. Pour le représentant espagnol, des institutions politiques fortes permettraient de progresser sur la voie de la reconstruction de façon plus efficace qu’auparavant et rendraient Haïti capable de poursuivre sa transformation en vue de devenir un pays sûr, stable, et où règne la justice sociale.
M. Thomas Mayr-Harting, Chef de la Délégation de l’Union européenne a déclaré qu’il était « particulièrement préoccupant que les différentes parties impliquées n’aient pas encore réussi à trouver un accord sur la mise en place du Conseil Électoral, ce qui a empêché de fixer la date des prochaines élections. »
M. Guillermo E. Rishchynski du Canada, a dénoncé l’impasse persistante dans laquelle se trouve l’organisation des élections sénatoriales et municipales en Haïti, ce qui soulève de sérieuses questions sur les institutions démocratiques haïtiennes. « En encourageant la création d’un conseil électoral légitime et crédible qui pourrait organiser ces élections, les dirigeants haïtiens ont l’occasion de réaffirmer leur engagement et de démontrer le respect dû aux principes de la démocratie […] Si des élections n’ont pas lieu en 2013, il sera de plus en plus difficile pour la Communauté internationale d’accepter les excuses avancées par les autorités d’Haïti et les retards. Ces élections doivent avoir lieu en 2013, le plus tôt possible », a insisté le représentant.
M. Augusto Thornberry du Pérou a également insisté sur la nécessaire tenue d’élections qui aient lieu en toute transparence et de façon démocratique et crédible.
Répondant aux interventions des délégations, Nigel Fisher a reconnu la nécessité de prévoir la mise en place des conditions nécessaires à la bonne organisation des futures élections législatives et locales. Il a noté que les délégations ont insisté sur la fragilité politique d’Haïti et sur la nécessité d’y parvenir à un dialogue politique inclusif. (haitilibre.com)