Haïti-Éducation : Unnoh exige le maintien, dans son poste, de la directrice du lycée Jean Jacques Dessalines

L’Union nationale des normaliennes et normaliens d’Haïti (Unnoh) réclame le retrait immédiat, par le ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp), de sa décision de transférer la directrice, Kerline Jean, du lycée Jean-Jacques Dessalines, apprend AlterPresse.

L’Unnoh demande au ministre d’acheminer rapidement une lettre à la directrice pour manifester ce retrait, histoire de permettre à celle-ci de poursuivre son travail.

Un travail de redressement, croit l’Unnoh, précisant qu’il a été mis en route suivant la volonté notamment des enseignants, du personnel administratif et des élèves du lycée Jean-Jacques Dessalines établi à Port-au-Prince

« La décision de transférer, quand les circonstances l’exigent, un enseignant, une enseignante, un censeur, une censeure, un directeur ou une directrice, relève administrativement de l’inspecteur (trice) et du directeur (trice) départemental (e) et non du ministre », rappelle le syndicat enseignant, jugeant injustifiée la lettre de transfert signée par le titulaire du Menfp, Vanneur Pierre, et non la direction départementale.

Le dossier du lycée Jean-Jacques Dessalines oppose, d’une part, la directrice du lycée à un groupe de racketteurs de la zone et un censeur malveillant allié à ces derniers, fait savoir l’organisation.

Ce censeur, qui serait associé à certains membres influents et peu honnêtes du cabinet du ministre, aurait carte blanche pour déstabiliser le lycée et détruire tout le travail de redressement amorcé par la directrice, sans risque d’être pénalisé, explique l’organisation syndicale.

Depuis quelques semaines, une situation de tension règne au lycée Jean-Jacques Dessalines.

Récemment, des centaines d’élèves de ce lycée ont gagné les rues pour demander le départ de la directrice, Kerline Jean.

Cette dernière avait indiqué que les personnes, qui portaient l’uniforme du lycée dans la manifestation, n’étaient pas vraiment des élèves de l’établissement scolaire public.

Ces personnes seraient habillées par un censeur dénommé Bateau, en vue d’alimenter un climat de tension, selon elle.

« Nos institutions scolaires publiques, en particulier certains de nos lycées, sont devenues, sous le regard complice des dirigeants du ministère de l’éducation nationale, le lieu par excellence de magouille et de racket », déplore l’Unnoh.

« Les responsables de lycées, qui se gardent de se mêler à ces genres de pratiques malveillantes, sont, paradoxalement, la cible privilégiée des racketteurs sans veste et/ou à veste, et semblent avoir peu de recours », poursuit-elle.

Le syndicat dénonce le laxisme de certains hauts dirigeants du ministère de l’éducation nationale en Haïti qui « prennent un malin plaisir à les livrer aux racketteurs de tout poil, au profit de leurs intérêts mesquins inavoués et inavouables ».

Le syndicat enseignant critique le Menfp qui, sous l’influence de ’’conseillers’’ intéressés et rusés, s’inscrirait dans une logique dangereuse d’appui à des racketteurs de tout genre, au détriment du lycée Jean-Jacques Dessalines et de destruction de tout le travail de redressement, initiée depuis l’arrivée de Kerline Jean à la direction de ce lycée.

L’Unnoh met en garde le Menfp contre la façon scandaleuse de traiter le dossier du lycée.

« Nous estimons qu’aucun ministre d’éducation, intelligent, qui se respecte et qui respecte l’opinion publique, ne saurait appuyer, visiblement et de bonne foi, la magouille, le racket, l’escroquerie ou toute autre pratique malsaine au sein des établissements scolaires, sans porter atteinte à sa dignité, son honneur et mettre en jeu, en même temps, son poste de ministre », avertit l’Unnoh.

L’organisation syndicale souhaite une reconsidération et un traitement équitable du dossier, de la part du titulaire du Menfp.

Dans le cas contraire, elle entend poursuivre un ensemble d’actions de mobilisation visant le rétablissement de la situation et la non reproduction de tels actes scandaleux et arbitraires, nuisibles aux intérêts supérieurs de l’éducation et de la société.

Position du Menfp

L’intervention du ministre dans cette affaire s’expliquerait par les tensions répétées, constatées ces derniers temps au lycée Jean-Jacques Dessalines, selon un cadre du ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp).

Contacté par AlterPresse à ce sujet, le directeur départemental, Ivalan Espérance, reconnaît la compétence du ministre Vanneur Pierre de transférer le directeur départemental et toute autre personne quelconque du système éducatif.

« Le ministre est le chef de l’administration », indique t-il, précisant qu’un directeur départemental n’est pas au-dessus de celui-ci.

« Un directeur départemental n’a pas une autorité inter territoriale », avance Ivalan Espérance, soulignant qu’à son niveau il ne saurait transférer une personne fonctionnaire au-delà de la branche départementale de l’Ouest de l’éducation.

Ivalan Espérance se garde, toutefois, de tout commentaire sur la dénonciation faite par l’Unnoh concernant des actes de rackets impliquant des proches du cabinet ministériel. (alterpresse.org)

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