Haïti-Viol : Sur « une révélation divine » Marie Danielle Bernadin passe l’éponge
Après deux documents exposant les raisons de son abandon à poursuivre Josué Pierre Louis, celui qu’elle accuse de l’avoir tabassée et violée, Marie Danielle Bernadin évoque une révélation divine pour passer l’éponge.
L’affaire aura duré deux mois et aura provoqué surtout les plus vives réactions, entre les plaidoiries dans la presse des deux parties et une confrontation physique dans les couloirs du parquet de Port-au-Prince.
24 heures après l’annonce fracassante de l’abandon des poursuites contre le président du Conseil électoral, la présumée victime déclare le 29 janvier qu’elle a pardonné.
« Effectivement, j’ai pris la décision, parce que ma foi chrétienne m’oblige à pardonner, et d’oublier ce qui s’était passé. C’est une révélation de Dieu qui m’a poussée à réagir de la sorte. A l’insu des organisations de défense des droits humains, j’ai effectué les démarches pour mettre un terme à cette histoire », indique la jeune femme de 25 ans.
Elle ajoute avoir convoqué la presse pour offrir ses remerciements aux journalistes qui l’auraient soutenue.
« Je n’ai pas pas recu de l’argent pour le faire, d’ailleurs ils n’auraient pas osé », précise t-elle en réponse à des journalistes qui voulaient savoir si elle a désisté après avoir été payée par son présumé agresseur.
« Marie Danielle Bernadin a décidé de refermer le dossier, elle n’a pas confiance dans le système judiciaire », explique pour sa part Me André Michel, avocat de la jeune femme.
Les avocats de Bernadin avancent que le dossier ne devrait pas être fermé malgré le « pardon » de la plaignante.
« Ce désistement ne signifie pas que Josué Pierre Louis est innocent. Dans le cas où la justice refuse de statuer sur ce dossier, cela signifierait qu’elle cautionne le viol, alors que c’est un haut fonctionnaire de l’Etat qui est mis en cause », souligne Me Jacceus Joseph.
Pour sa part, Me Newton Saint-Juste indique que « selon l’article 4 du code d’instruction criminelle, quand il y a infraction, quelque soit le lien ou l’accord existant la victime et l’agresseur, ils ne peuvent en aucune manière arrêter le cours de la poursuite, ni du verdict rendu public ».
Visiblement dépité, Newton Saint-Juste, à l’origine d’une autre plainte contre la famille présidentielle, affirme que « c’est seulement en Haïti, État bandit, que les bandits font obstacle aux citoyens conséquents ».
La présumée victime de viol et ses avocats maintiennent que Josué Pierre Louis, ancien ministre de la justice, a un très grand contrôle de l’appareil judiciaire. Marie Danielle Bernadin dit aussi craindre pour sa vie.
Source: http://www.alterpresse.org