Haïti/Politique: le président Martelly rejette le système actuel de l’aide humanitaire
Le 12 janvier 2010, un séisme d’une magnitude 7 ravageait Haïti, tuant plus de 200 000 personnes. L’élan de solidarité internationale a été massif. Pour aider le pays à se reconstruire, des milliards de dollars de dons ont été promis par les partenaires étrangers. Mais ces montants n’ont pas été entièrement donnés. Et le président haïtien déclare aujourd’hui que ce système d’aide internationale est un échec. Dans le même temps, la commissaire européenne à la coopération internationale et l’aide humanitaire, en visite officielle à Port-au-Prince, a appelé les bailleurs à poursuivre leur soutien pour la reconstruction d’Haïti et promis une aide de 30,5 millions d’euros.
Depuis des décennies et notamment après le séisme de 2010, Haïti a reçu des sommes considérables de la part des bailleurs internationaux. Hélas, l’aide internationale n’a pas empêché la pauvreté de s’aggraver dans le pays.
« Arrêtez d’envoyer de l’argent, changeons le système »
Devant les journalistes étrangers, Michel Martelly a clairement fait part de son rejet du système actuel de l’aide humanitaire : « Nous devons admettre que ce système est dépassé. Nous avons échoué, échoué et échoué. Néanmoins, je voudrais demander au monde de donner du crédit à notre leadership. Nous sommes ici depuis un an et demi et nous sommes ceux qui parlent de l’inefficacité de l’aide et de la coopération. Nous sommes ceux qui demandent des résultats. Nous sommes ceux qui reconnaissent qu’il n’y a aucun résultat. Nous ne sommes pas aveugles. Nous ne voulons pas simplement que l’argent vienne en Haïti. Arrêtez d’envoyer de l’argent, changeons le système.»
Le président haïtien appelle ainsi les bailleurs à mieux penser leur aide financière, en incluant tout d’abord davantage les autorités nationales car si l’Etat reste faible, Haïti sera à chaque fois dépassé par les catastrophes naturelles.
L’Union européenne appelle à la patience dans la reconstruction du pays
Sur place, les besoins humanitaires sont encore nombreux. Plus de 347 000 sinistrés vivent toujours dans des camps de fortune. En visite officielle à Port-au-Prince, la commissaire européenne à la coopération internationale et l’aide humanitaire, Kristelina Georgieva, a annoncé qu’une aide supplémentaire de 30,5 millions d’euros serait débloquée.
A l’opposé des déclarations du président Martelly, la commissaire européenne a appelé les autres bailleurs à ne pas stopper leur aide : « Haïti est un pays qui a souffert de mauvaise gouvernance pendant des décennies, depuis Papa Doc. J’appelle les autres à ne pas se détourner de cette population si sévèrement touchée. La reconstruction va prendre beaucoup de temps et nous aurons à répondre dans le même temps aux besoins urgents et à travailler pour le développement sur le long terme. Nous devons tous êtres réalistes : un pays qui a été si mal géré, pendant si longtemps, nécessite de la patience. »
Relogement des sinistrés du séisme, lutte contre le choléra, contre l’insécurité alimentaire. Les défis d’Haïti sont immenses et les très faibles ressources nationales ne pourront suffire à protéger la population et réduire la pauvreté endémique.
Source: http://www.rfi.fr/ameriques