Haïti/Insécurité: Dans les camps, les viols d’Haïtiennes sont quotidiens
Plusieurs centaines de milliers d’Haïtiens vivent toujours sous des tentes, trois ans après le violent tremblement de terre qui a dévasté le pays. Dans ces camps, les conditions de vie sont déplorables et les femmes fréquemment victimes de viols.
Trois ans après le séisme qui a provoqué la mort de près de 300 000 personnes en Haïti et jeté à la rue près de deux millions d’autres, plusieurs centaines de milliers d’Haïtiens vivent encore dans la plus grande précarité. Dans les 496 camps de fortune recensés par l’ONG Amnesty International à travers le pays, les conditions de vie sont déplorables : l’accès à l’eau et à l’électricité font défaut, les installations sanitaires sont pratiquement inexistantes et les habitants sont particulièrement exposés à la violence. Les femmes en sont les premières victimes.
Sur la place Sainte-Anne, située à quelques encablures du palais présidentiel, en plein centre-ville de la capitale Port-au-Prince, vivent quelque 2 000 personnes. La plupart y ont trouvé refuge, sous des abris de fortune, au lendemain du séisme, le 12 janvier 2010. Ce camp s’apparente aujourd’hui à un ghetto : les agressions sont légion, les viols quotidiens. Même la police n’ose plus s’aventurer dans le dédale d’étroits passages bordés de tentes.
La peur de porter plainte
Clarisse vit dans l’un de ces abris de fortune avec ses trois enfants. Sans ressources, sa maison se résume à quatre murs de toile, quelques tapis et des matelas. Son mari est mort en 2010 pendant le tremblement de terre. Un soir, il y a quelques mois, un groupe d’hommes armés a forcé l’entrée de son domicile. « Ils ont frappé à la porte en disant qu’ils étaient de la police, donc j’ai ouvert la porte, raconte la femme. J’ai vu cinq hommes armés. Ils m’ont attrapée et m’ont bandé les yeux […]. J’ai compris que ce n’était pas la police quand ils m’ont jetée sur le lit. J’ai essayé de chercher ma fille dans le noir et puis j’ai compris qu’ils l’avaient prise elle aussi. Ils m’ont violée, moi et ma fille. Puis ils m’ont frappée violemment au ventre et au visage parce que j’avais essayé de résister. »
Les agressions comme celles qu’ont subi Clarisse et sa fille sont monnaie courante en Haïti. Pendant des décennies, le viol était une arme privilégiée de répression politique dans le pays. Désormais considérés comme des crimes, les viols sont passibles de 10 ans de prison, 15 ans si la victime est mineure. Mais en Haïti, poursuivre les auteurs de viols, même quand ils sont connus, relève du parcours du combattant. Et nombre de femmes n’osent pas porter plainte par peur de représailles.
Source: http://www.france24.com