Haïti/Séismologie : la France aide au microzonage sismique

Depuis plusieurs mois à Port-au-Prince, des spécialistes français du Bureau de recherches géologiques et minières travaillent avec leurs homologues haïtiens à cartographier la ville et fournir des informations importantes pour sa reconstruction.

Prévenir, anticiper… Un groupe d’une dizaine de sismologues, géophysiciens et géologues du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) accompagnés d’autant de spécialistes haïtiens sont à l’œuvre depuis plusieurs mois à Port-au-Prince. Objectif? Cartographier la ville en microzones sismiques aussi précises que possible, en fonction de la réponse des sols aux ondes et vibrations émises lors d’un tremblement de terre.

«C’est après le tremblement de terre de Mexico en 1985 que l’on a mesuré le rôle très important que jouaient tant la qualité des sols que la topographie, sur les dégâts enregistrés, explique Didier Bertil, l’un des ingénieurs sismologues du BRGM qui travaillent sur ce projet. On s’est ainsi rendu compte que le sol instable de la ville construite sur d’anciens marécages répondait de telle façon aux ondes sismiques que des petits immeubles ou des maisons individuelles résistaient mieux que des grands buildings d’une vingtaine d’étages»,poursuit le spécialiste.

À Port-au-Prince, les spécialistes ont ainsi essayé de définir quatre ou cinq types de zones, selon que l’on se trouve sur des sols meubles ou au contraire de la roche, selon que les bâtiments se situent sur une crête ou dans des sols sablonneux susceptibles de se dérober lors d’un séisme. C’est notamment ce qui s’est passé pour le quai du port de la capitale haïtienne qui a basculé dans la mer lors du tremblement de terre.

Préparer des plans de prévention des risques sismiques

«Ce sont autant de facteurs éventuellement aggravants que l’on met en lumière en caractérisant les sols», poursuit le spécialiste. Selon l’endroit où l’on se trouve, la fréquence des ondes sismiques sera également différente. «Les bâtiments ont une oscillation naturelle qui sera différente suivant leur hauteur. Ce qu’il faut éviter, c’est que les vibrations du bâtiment se fassent au même rythme que celles du sol», explique encore Didier Bertil.

Tout ce travail vise bien sûr à fournir les informations les plus précises dans le cadre de la reconstruction de la ville. Il s’agit ensuite pour les autorités de préparer des plans de prévention des risques sismiques. À la Guadeloupe, où le BRGM a effectué un même microzonage sur une douzaine de communes – les plus densément peuplées -, une réflexion est en cours pour donner corps à une réglementation. «C’est l’étape d’après, qui consiste à rédiger un document juridique applicable», explique Guillaume Steers, le chef du pôle risques naturels à la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement de Guadeloupe.

En Haïti, le programme est financé par le ministère des Travaux publics du pays avec des fonds du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement). Il intègre un important volet de transfert de technologies et de compétences vers les équipes haïtiennes, qui doivent poursuivre ce travail encore trois ans dans trois villes du Nord.

Source: http://www.lefigaro.fr

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