Violences sexuelles en Haïti-16 jours d’activisme: la justice ne répond pas aux besoins des victimes
L’organisation Combite pour la Paix et le Développement (CPD) a rapporté des faits accablants quant aux cas de violences sexuelles en Haïti à l’occasion des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles, a-t-on appris.
L’évaluation par l’organisation Combite pour la Paix et le Développement (CPD) des réponses judiciaires suites aux plaintes portées pour agressions sexuelles dans quatre juridictions du pays a démontré une inefficacité flagrante de la chaîne pénale et la perpétuation de l’impunité des crimes basés sur le genre en Haïti. Sur 1375 plaintes enregistrées, seulement 353, soit 255 ont subi un traitement dans la chaîne pénale et 31 dossiers seulement, ont terminé leur parcours par un jugement aux premières instances, soit un pourcentage de 2.25% des plaintes totales. Il appert que le système judiciaire haïtien fait preuve de laxisme et de manque d’intérêt flagrant face aux crimes basés sur le genre et se présente comme une barrière pour la lutte contre les violences sexuelles en Haïti. Les acteurs judiciaires, la société civile ainsi que la coopération internationale doivent évaluer et repenser leurs stratégies pour que cesse l’impunité en faveur des agresseurs sexuels et que les violences liées aux genres soient définitivement éradiquées dans notre société.
Il en résulte qu’à Jérémie, sur 524 plaintes enregistrées, 142 ont fait objet de suivi judiciaire, et, seulement 2 dossiers ont abouti à un jugement. Dans la juridiction de St-Marc, 311 plaintes sont enregistrées pour 34 dossiers traités par la justice et 18 cas terminés au tribunal. A Hinche, 104 plaintes ont été répertoriées, 37 cas suivis au cabinet d’instruction et seulement 11 dossiers sont terminés par un jugement au tribunal. A Croix des bouquets, sur 436 plaintes, 140 ont fait objet de suivi judiciaire ; le nombre de dossiers terminé est inconnu.
Le CPD invite l’Etat haïtien à tout mettre en œuvre les recommandations reçues et acceptées lors de l’EPU 2022, notamment en matière de violences sexuelles.
Godson Lubrun