Environ deux semaines après le massacre à Cabaret, plusieurs femmes victimes racontent les horreurs vécues

« Ils ont ligoté mon conjoint. Ensuite, ils m’ont violée et battue sauvagement. Jusqu’à présent, je ne peux plus supporter la douleur au niveau de ma ceinture et de ma poitrine », témoigne, sur la plateforme AlterPresse/AlterRadio, une mère de six enfants, l’une des nombreuses victimes du massacre, perpétré, dans la soirée du mardi 29 novembre 2022, par des bandits armés, contre la population civile à Source Matelas, 9e section communale de Cabaret (à environ 37 km au nord de Port-au-Prince).

Les bandits ont décapité mon mari sous mes yeux, raconte-t-elle, les larmes aux yeux, à un journaliste d’AlterPresse/AlterRadio, qui l’interviewait au bureau du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), où elle est venue, comme beaucoup d’autres femmes, chercher de l’accompagnement.

La quadragénaire indique avoir pu s’échapper de justesse, avec ses quatre enfants, au milieu des tirs des bandits armés.

« Faute d’argent, je n’étais pas en mesure de me rendre à l’hôpital, dans les jours qui ont suivi mon viol. Trois jours après, j’ai eu des saignements vaginaux, qui ont duré cinq jours » , confie-t-elle, très embarrassée.

Un jeune homme a été brûlé vif par les bandits.

« Le lendemain, soit le mercredi 30 novembre 2022, ma nièce a été blessée par balle, alors qu’elle était en route pour m’avertir que la maison de ma mère a été incendiée », rapporte-t-elle.

Quoiqu’elle ait été secourue par une amie, qui l’a emmenée chez elle à Cabaret, la mère de famille dévoile avoir été obligée de laisser son nouveau refuge, avec ses enfants, parce qu’elle se faisait, sans cesse, harcelée sexuellement par le mari de son amie.

Pour pouvoir subvenir à ses besoins et ceux de ses enfants, au lendemain du massacre du 29 novembre 2022, elle a offert ses services, pendant quelques jours, à une marchande de nourriture dans les parages de la place de l’Arcahaie, où plusieurs victimes ont pris refuge.

La vie tarde à revenir à Source Matelas, environ deux semaines après la tuerie, selon plusieurs victimes qui appellent l’État à l’aide.

Plus d’une vingtaine de morts ont été dénombrés, dans l’attaque du mardi 29 novembre 2022, à Source Matelas.

Plus d’une vingtaine de maisons ont été incendiées par les bandits armés en provenance de Ti Tanyen et de Lafiteau, villages proches de Cabaret, sur la route nationale No. 1.

En seulement deux semaines, plus de 200 femmes et filles ont été violemment agressées, violées, à Cité Soleil (municipalité au nord de Port-au-Prince), au bas de Delmas, à Canaan et Source Matelas, a signalé, début décembre 2022, la Solidarite fanm ayisyèn (Sofa).

« Mon fils a été atteint d’une balle à la jambe. Mon conjoint a été tué par les bandits armés, lors du massacre à Source Matelas », fait savoir, parmi les nombreuses victimes, une autre mère, qui traîne, maintenant, dans la rue, avec cinq enfants, après l’incendie de sa maison et la perte son petit commerce.

« Nous vivons à présent aux dépens de bon samaritains, pour nous nourrir et nous habiller », avoue-t-elle, relevant combien beaucoup de filles et de femmes ont été victimes de viols à Source Matelas.

En seulement trois jours, le Rnddh révèle avoir déjà reçu 53 victimes, dont plusieurs femmes ayant subi des viols collectifs et d’autres personnes ayant leurs proches assassinées et leurs maisons incendiées, dans le massacre à Source Matelas.

« La population continue de subir, tous les jours, les assauts des bandits. Beaucoup de filles et de femmes sont victimes de viols collectifs et répétés de leur part. Cette situation nous dépasse », déplore le Réseau national de défense des droits humains, fustigeant le laxisme et l’indifférence des autorités étatiques.

 

 

 

Source: APR

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