«Croix-des-Bouquets devient impraticable», selon l’agent exécutif intérimaire de la commune
Depuis plusieurs mois, la commune de la Croix-des-Bouquets est en proie à la violence, la criminalité des gangs armés. Après de nombreuses attaques contre la population civile, où les résidents sont kidnappés, violés, assassinés, « Croix-des-Bouquets est devenu une ville morte», selon Jean Wesnel Edrouine Pervil.
« La justice est délocalisée. Seule la mairie et l’OAVCT comme institutions publiques sont opérationnelles. Il est presque impossible de parler de réouverture des classes dans la ville. Non loin de l’ancien bâtiment du parquet, des personnes sont kidnappées à longueur de la journée. Hier, dimanche, une mineure a été violée à la rue Saint Jean», a rapporté Jean Wesnel Edrouine Pervil. « Il est presque impossible pour la mairie d’effectuer ses opérations de nettoyage. Certaines rues sont devenues infréquentables. Il devient très dangereux de fréquenter la zone du centre FIFA goal», a indiqué le maire qui avoue être impuissant face à cette situation.
Sur Magik 9 ce lundi, Rosy Auguste, responsable de programme du Réseau national de défense des droits Humains, a fait savoir qu’un regain de violence est enregistré à la Croix-des-Bouquets depuis plusieurs jours. « Selon des informations recueillies par le RNDDH, la ville de la Croix-des-Bouquets est presque redevenue ville morte à cause des affrontements systématiques entre gangs rivaux. Les rivalités entre le groupe armé “400 Mawozo” et celui de “ Chen Mechan “ pour le contrôle de territoire se poursuivent . Plusieurs familles sont en train de déserter», a révélé Mme Auguste soulignant qu’à Bon Repos et à Canaan, la situation n’est pas différente. « À Canaan, beaucoup de viols collectifs sur des filles et des femmes sont signalés au RNDDH. Aujourd’hui, seuls les passants résignés ou ceux qui n’ont pas le choix s’aventurent sur la route nationale numéro 1 au niveau de Canaan», a déploré Mme Auguste.
Près de 12 maisons ont été brûlées en moins d’une semaine, mettant plus de 20 familles en situation de sinistrés. Plus de 200 déplacés et une quinzaine de personnes sont tuées, dont 7 dans la seule journée du 17 octobre 2022 au Village artistique de Noailles.
Les gangs gagnent du terrain
Les gangs continuent d’étendre leurs hégémonies et leurs emprises sur différents quartiers de la zone métropolitaine de Port-au-Prince et dans les communes du département de l’Ouest. Dans certains axes de la route nationale numéro 1 et 2 les bandits exigent des droits de passage. Les usagers, dans certains cas, sont kidnappés, violés, dénoncent des organismes de défense des droits humains.
« Aujourd’hui les groupes armés contrôlent 100 pour cent du territoire dans le département de l’ouest. Même les zones, où il n’y a pas de chef de gang attitré, sont au moins sous le contrôle d’un groupe armé. C’est ce qui explique les nombreux cas d’insécurité comme des cas de kidnapping, de viols, d’assassinats dans tous les recoins de la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Voilà pourquoi, au niveau du Réseau national de défense des droits humains, on ne pense pas qu’il y ait de cas isolés d’insécurité. Les cas d’assassinats, de kidnapping sont planifiés », a fait savoir Mme Auguste à l’émission Panel magik de ce lundi.
«Ces situations ont de graves conséquences sur la sécurité, sur la vie de la population civile. Pendant ce temps-là, les autorités de l’État, dans leur passivité, attendent tranquillement que les gangs fassent la paix. Ce qui se passe dans le pays est une honte pour les autorités », a déploré Mme Auguste.
Source: Le Nouveliste