Haïti : ONU : Pas encore de résolution adoptée, le Conseil de sécurité divisé

Lundi 17 octobre 2022, face à l’aggravation dramatique de la situation en Haïti et après l’appel lancé par le Gouvernement haïtien aux Nations Unies pour solliciter la « solidarité agissante des pays amis d’Haïti » le Conseil de sécurité s’est réuni pour examiner les propositions du Secrétaire général d’envoyer en Haïti une force armée multinationale d’intervention rapide.

La perspective d’une intervention étrangère, et notamment américaine n’est pas du goût de tous en Haïti.

Face à cette situation, les États-Unis et le Mexique ont annoncé le dépôt conjoint de deux projets de résolution tout en insistant sur la nécessité de laisser les autorités haïtiennes aux commandes. La première prévoit un régime de sanctions contre les responsables de la violence et de l’instabilité et la seconde devrait refléter la proposition du Secrétaire général qui autoriserait une mission internationale « non onusienne, limitée, soigneusement délimitée » d’assistance à la sécurité pour aider la Police Nationale d’Haïti (PNH) à améliorer la situation sécuritaire et permettre l’acheminement de l’aide humanitaire a indiqué Mme Linda Thomas-Greenfield réprésentant des États-Unis

Ces précisions étaient destinées à rassurer les membres du Conseil soucieux de ne pas voir répétées les erreurs du passé. Des expérience passée évoquée par les deux délégations les plus réticentes, la Chine et la Fédération de Russie.

Geng Shuang (Chine) a dit appuyer des sanctions ciblées, robustes et efficaces contre les membres des gangs et leurs partisans, tout en demandant qu’on écoute les propositions d’autres membres du Conseil. La Chine s’est montrée plus réticente sur l’envoi d’une force d’intervention. Geng Shuang se demande si une telle force sera acceptée par les partis politiques locaux et la population, pour qui l’expérience des Nations Unies en Haïti montre que c’est sans résultat qu’ont été envoyées dans le pays, depuis des décennies, des missions de Paix. Pour la Chine, il faut se garder des solutions imposées de l’extérieur et au contraire favoriser les solutions politiques locales.

Dmitry A. Polyansky (Fédération de Russie) a mentionné « l’opposition de certains groupes politiques à une force armée internationale » et a en conséquence invité le Conseil à prendre en compte les opinions de nombreux groupes d’opposition. Elle ne partage pas non plus l’idée de « faire passer » rapidement une résolution sur les sanctions. Le représentant russe a donc appelé les coauteurs de ce projet de résolution à abandonner les tactiques de la « course aux négociations » et à écouter les autres membres du Conseil. Dimitry Polyanskiy, a aussi appelé à « peser toutes les conséquences d’envoyer des contingents » étrangers, jugeant « inacceptables » les « interférences dans le processus politique haïtien » de la part d’« acteurs régionaux connus qui considèrent le continent américain comme leur arrière-cour ».

Si le Conseil de sécurité vote, à une date encore indéterminée, pour l’envoi d’une telle force, il resterait à déterminer quel pays la mènerait. « Toutes les indications montrent que les États-Unis vont prendre la tête », estime Richard Gowan, analyste à l’International Crisis Group, évoquant un soutien possible du Canada et de pays latino-américains.

Rappelons que pour qu’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU soit adoptée, 9 votes sont nécessaires et aucun veto des pays suivants : États-Unis, Russie, Grande-Bretagne, Chine et la France.

À suivre…

 

 

Source:  HaïtiLibre

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