13 mois après l’assassinat de Jovenel Moïse, aucune avancée dans l’enquête judiciaire

En charge de l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse depuis le 30 mai dernier, le juge d’instruction Walter Wesser Voltaire est en passe de solliciter du doyen du tribunal de première instance de Port-au-Prince une prorogation. « Le juge va certainement solliciter une prorogation », a confié au Nouvelliste une source bien placée dans le système judiciaire. Entre-temps, famille et proches du feu chef de l’État continuent d’exiger que la justice fasse la lumière sur cet assassinat.

L’enquête judiciaire sur l’assassinat du président Jovenel Moïse chez lui le 7 juillet 2021 avance à pas de tortue ou n’avance pratiquement pas. 13 mois après ce crime qui a fait la une de tous les journaux du monde entier, la justice haïtienne n’a fait aucune avancée ni aucune nouvelle découverte concrète sur ce qui s’était passé dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021 à Pèlerin 5 dans la résidence privée du président de la République.

Le juge Walter Wesser Voltaire, le cinquième magistrat à qui ce dossier a été confié le 30 mai dernier, disposait de trois mois pour rendre son ordonnance.

« Nous sommes certainement partis pour une prorogation du mandat du magistrat instructeur. Dans l’état actuel de l’enquête, il n’est pas encore en mesure de rendre son ordonnance de clôture. Mais je sais qu’il poursuit son instruction », a confié le lundi 8 août au Nouvelliste une source proche du dossier bien placée dans le système judiciaire.

Contrairement à ses quatre prédécesseurs, le gouvernement a donné une suite favorable à l’ensemble des exigences du magistrat Voltaire.

Selon une source proche du ministère de la Justice et de la Sécurité publique, pour permettre au juge Voltaire de mener son instruction en toute sérénité, le gouvernement a mis à sa disposition « un local confortable… » loin du Bicentenaire où est logé le palais de justice, contrôlé par des gangs.

« Le gouvernement a accordé au magistrat tout ce que lui et le doyen avaient demandé, dont un classeur métallique anti-feu. Le gouvernement a mis à la disposition du juge un véhicule blindé, un véhicule back-up et des agents de police pour sa sécurité personnelle. Le gouvernement met aussi à la disposition du magistrat des frais de fonctionnement », a énuméré notre contact du ministère de la Justice.

La famille et des proches de Jovenel Moïse toujours en attente de justice

Comme chaque mois depuis l’assassinat de Jovenel Moïse, membres de sa famille et certains de ses proches montent au créneau pour dénoncer l’assassinat et exiger que la lumière soit faite sur cette affaire. « Un an un mois plus tard, Haïti, en pleine crise politique, attend toujours des progrès dans l’enquête judiciaire sur l’assassinat du PDT Jovenel Moïse. Le 5e juge d’instruction arrivera-t-il à crever l’abcès et faire éclater la vérité? #JusticepourJovenel », a écrit le 7 août Martine Moïse, l’épouse du feu président sur son compte Twitter.

Dans un communiqué publié toujours le 7 août, le groupe AMIJOMO, formé d’anciens ministres de Jovenel Moïse, continue de réclamer justice pour le feu président.

« Le groupe AMIJOMO dénonce tout un climat de violence, d’insécurité qui s’est installé dans notre pays depuis une longue période dont une partie précède d’ailleurs l’assassinat du président de la République, Jovenel Moïse. Est-ce pour cela que ce dernier, en date du 5 juillet 2021, avait tenu déjà par tweet à désigner un nouveau Premier ministre en la personne d’Ariel Henry, pour l’aider à gérer cette situation devant alors déboucher sur l’organisation d’élections générales et présidentielle ainsi qu’une passation pacifique des pouvoirs le 7 février 2022 », a rappelé le communiqué.

« Le président Jovenel Moïse a été assassiné quarante-huit heures après la désignation d’Ariel Henry qui a hérité du pouvoir au lendemain du crime abominable et n’a rien fait entre-temps pour obtenir justice pour le président assassiné, ni combattre cette insécurité qui fait aujourd’hui le bonheur des assassins », a dénoncé le groupe AMIJOMO.

« 13 mois plus tard, AMIJOMO demande justice pour tous les crimes commis dans le pays avant et après l’assassinat de Jovenel Moïse, réclame à nouveau le départ d’Ariel Henry de la Primature et souhaite enfin un dialogue adapté au climat sociopolitique actuel afin d’entrer dans une ère de paix et de construction nationale », conclut le communiqué.

 

 

 

Source:  Le Nouveliste

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