« Cité Soleil est à feu et à sang. Où est le gouvernement ? », se demande l’archevêque de Port-au-Prince, Max Leroy Mésidor
L’archevêque de Port-au-Prince, Max Leroy Mésidor, a exprimé son « son indignation et sa protestation face à l’ampleur de la violence des gangs armés, particulièrement ce qui se passe à Cité Soleil…Cité Soleil est à feu et à sang. Où est le gouvernement ? Où sont les responsables de la Justice et de la Sécurité publique ? », s’est demandé Max Leroy Mésidor, dans un message dont Le Nouvelliste a obtenu copie, mardi 12 juillet 2022.
« Une fois de plus, nous nous sentons interpellés et nous sommes inquiets quant à l’avenir du pays. Nous en appelons à la conscience humaine, chrétienne et patriotique des uns et des autres, en particulier à la responsabilité des autorités de l’Etat pour qu’elles s’élèvent à la hauteur de leur tâche », a indiqué l’archevêque qui a aussi interpellé la communauté internationale.
« Nous en appelons également à la conscience responsable des membres des représentations diplomatiques pour que la clameur de ce peuple meurtri ne les laisse point indifférents », a écrit Max Leroy Mésidor, soulignant que «dans un pays déjà marqué par tant de misères et de souffrances, la violence et l’insécurité deviennent le lot quotidien des gens ».
« En plus des cas d’enlèvements avec demande d’énormes rançons, les bandits armés décident parfois de s’affronter pour l’occupation de territoires, causant de nombreuses victimes au sein de la population civile », a évoqué Max Leroy Mésidor qui fait une esquisse de ce qui se passe à Cité Soleil sur fond de mutisme du gouvernement Henry.
« Le vendredi 8 juillet, de très tôt, des gangs lourdement armés, opérant dans la Capitale en toute impunité, ont attaqué plusieurs quartiers de Cité Soleil.
Les témoignages recueillis attestent de la terreur que ces bandits ont semée dans ces quartiers. Les corps des individus tués au cours des affrontements sont abandonnés dans les rues et les habitants respirent encore l’odeur des morts. A certains endroits, les belligérants empêchent le fonctionnement des institutions qui fournissent des services essentiels à la population. Ils utilisent des engins lourds pour démolir des maisons de certains habitants », a écrit l’archevêque de Port-au-Prince avant de fendre d’interrogations qui sonnent aussi comme une interpellation, soulignant que l’insécurité gangrène
L’insécurité, cette gangrène
« L’insécurité est entrain de gangréner la région métropolitaine. De la Croix des-Bouquets à Canaan, de Torcel à Pernier, de Cité-Soleil à Martissant, de Frères à Laboule 12, la liberté de circulation, le droit à la vie et le droit d’accès aux services fondamentaux sont quotidiennement violés », a indiqué l’archevêque de Port-au-Prince, soulignant que les bandits, « semblent jouir d’une liberté sans borne ».
« Ils tiennent des réunions pour préparer leurs attaques. Pire encore, les réseaux sociaux leur offrent une large audience auprès du public dans le mépris le plus absolu de la souffrance et du droit des victimes d’obtenir justice et réparation », a dit Max Leroy Mésidor avant de poser d’autres questions.
Les questions de l’archevêque
« Quand va-t-on arrêter ces violences, ces tueries ? Qui freinera la montée au calvaire du peuple haïtien? ; En quoi consiste la proximité des pays dis amis d’Haïti ? A quoi servent les diverses rencontres internationales sur la situation d’Haïti ?; D’où proviennent ces armes et ces munitions qui alimentent l’activité des gangs dans le pays ? ; Comment peuvent-elles aussi facilement passer les contrôles douaniers et être acheminées à leurs destinataires? ; A qui profite cette violence qui risque d’anéantir notre avenir de peuple ?; Comment, dans ce contexte, restaurer l’autorité de l’Etat ? », s’est demandé l’archevêque de Port-au-Prince. « Ce sont des questions vitales qui attendent une réponse dans les différentes interventions des membres du gouvernement », a-t-il dit.
« Le peuple est en droit d’attendre une action immédiate de la part des Forces de l’ordre pour le désarmement des bandes illégales, peu importe leur appui politique ou économique », a indiqué Max Leroy Mésidor qui a appelé le pays à trouver une solution.
Un consensus raisonnable à trouver
« La mémoire de ceux qui sont tués à Cité Soleil et partout dans le pays, les souffrances de ceux qui portent les cicatrices des actes criminels et du kidnapping, la misère des plus pauvres, doivent nous porter à trouver un consensus raisonnable pour sortir de cette situation », a soutenu l’archevêque de Port-au-Prince.
« Notre histoire et notre dignité doivent infuser « en nous le courage de la paix, la force de persévérer dans le dialogue à tout prix, la patience de tisser jour après jour la trame toujours plus solide d’une cohabitation respectueuse et pacifique, pour la gloire de Dieu et le bien de tous » pour répéter le Pape François.
(Invocation pour la paix). Signe d’espérance, au milieu d’un peuple meurtri, l’Eglise dit aux tueurs : « Arrêtez le massacre ! » Elle élève vers Dieu ses cris en prières pour tant de vies brisées et tant d’espoirs déçus », peut-on lire dans ce message de l’Archevêque de Port-au-Prince qui se dit « attentif aux cris des hommes et des femmes qui subissent le poids de la situation sociopolitique et économique catastrophique du pays ».
L’Archevêque de Port-au-Prince a soutenu avoir élève haut sa voix « en communion avec tous les prêtres, les religieux, l’ensemble des fidèles et toutes les personnes de bonne volonté, pour exprimer son indignation et sa protestation face à l’ampleur de la violence des gangs armés, particulièrement ce qui se passe à Cité Soleil.
L’agent exécutif intérimaire de Cité Soleil, Joël Janéus, interrogé lundi par Le Nouvelliste, au quatrième jour du conflit, avait indiqué qu’au moins 52 morts et 110 blessés sont dénombrés. La majorité des victimes étaient des bandits armés. Sur des photos partagées sur les réseaux sociaux, on peut voir des cadavres. Ce mardi, plusieurs vidéos partagées on peut voir, dans la nuit noire, des gens fuir des zones de combats pour se rassembler non loin d’un sous-commissariat de police, en face de la centrale électrique E-Power.
Source: Le Nouveliste