Cité Soleil : « On brûle les cadavres « au moins 20 morts et 50 blessés dans des affrontements entre groupes armés », selon le maire

L’agent exécutif intérimaire de Cité Soleil, Joël Janéus, a indiqué que les affrontements armés entre groupes armés depuis vendredi ont fait au moins vingt morts et une cinquantaine de blessés. « Les affrontements entre G-9 et G-Pèp ont fait au moins 20 morts et plus d’une cinquantaine de blessés à Cité Soleil. La majorité des morts se trouvent dans les camps des deux groupes. Il y a eu une cinquantaine de blessés. Certains le sont gravement», a-t-il confié, dimanche 10 juillet, au troisième jour d’un énième accrochage ponctué d’atrocités.

L’agent exécutif intérimaire reconnait une difficulté à avoir un bilan consolidé. Dans les deux camps, on brûle les cadavres des adversaires, a indiqué Joël Janéus, déplorant l’absence de l’État à la cité depuis un an. « La commune n’a pas de policiers, pas de tribunal de paix. Il faut que l’État revienne, que l’on implante des projets pour donner des alternatives à ces jeunes qui s’entretuent », a appelé Joël Janéus.

« J’entends encore des tirs en provenance de Brooklyn », a confié ce dimanche un résident de Cité Soleil qui est sur le qui-vive depuis vendredi, quand les hommes de G-9, la coalition menée par Barbecue, ont donné l’assaut sur les positions tenues par Gabriel et ses alliés de G-Pèp. « Les habitants de Bois-9, de Cité Lumière, Cité Gérard, de projet Linthau, de Wharf Jérémie, de Brooklyn sont assiégés. La situation est pire pour les résidents de Brooklyn, Soleil 17, Wharf où se trouvent les hommes de Gabriel », a confié cette source, qui a expliqué le calvaire des membres de la population qui fuyaient les accrochages. « J’ai passé six heures caché  dans la brousse, avant de longer des murailles pour me rendre au carrefour Drouillard », a-t-il dit, soulignant avoir vu plus de cinq cadavres brûlés à Bois-9.

À cause des affrontements, les habitants des quartiers assiégés manquent de tout. D’eau, de pain, a souligné cette source, qui a dit avoir vu l’impuissance dans les yeux des policiers qui ne pouvaient pas aider les personnes voulant fuir. « Ils n’avaient pas de blindé vendredi et samedi », a-t-il indiqué. « Ce dimanche, grâce à l’intervention d’un blindé, quatre tap-tap utilisés pour barrer la route, au carrefour E-Power/boulevard des Américains, ont été déplacés. Il faudrait avoir un blindé en permanence dans ce secteur », a dit cette source, qui a souligné que plus d’une trentaine de personnes blessées, en majorité des membres de la population civile, ont été conduites à Médecins sans frontières. « J’ai vu une jeune femme qui a reçu une balle au niveau de l’abdomen », a souligné cette source.

Le BINUH condamne

« Le BINUH regrette et condamne encore une fois ces énièmes affrontements entre des gangs armés qui ont causé aujourd’hui la terreur dans les zones de bas Delmas, Croix-des-Missions, Santo, Tabarre, ainsi que dans la commune de Cité Soleil », peut-on lire dans un tweet, samedi. « BINUH demande à tous les individus armés d’arrêter immédiatement leurs actes de violence, de laisser libre passage aux services d’urgence médicale et encourage les autorités nationales à assurer la protection de la population civile », selon ce tweet.

« Aujourd’hui, la @BINUH_UN RSSG a rencontré le Protecteur du Citoyen  et son équipe pour discuter de la dégradation de la situation sécuritaire et des abus des droits de l’homme commis par les gangs. Les échanges ont également porté sur les actions que l’OPC envisage de mener avec les autorités haïtiennes pour suivre la mise en œuvre des 205 recommandations endossées lors de l’Examen périodique universel le lundi 4 juillet », peut-on lire dans ce tweet.

Dans un op-ed publié le 6 juillet par le Miami Herald, Brian Nichol’s, secrétaire d’État adjoint pour les affaires de l’hémisphère occidental du Département d’État américain a peint une Haïti ayant «atteint un point critique » où « au moins 150 personnes ont perdu la vie début mai lors d’une intense vague de violence à Port-au-Prince et dans ses environs, alors que des gangs cherchaient à accroître leur contrôle territorial ».

Aide de 48 millions des USA

Les États-Unis ont annoncé une aide supplémentaire de 48 millions pour la sécurité en Haïti, via le Bureau des affaires internationales de stupéfiants et de répression du Département d’État. « Nous nous sommes engagés à soutenir un avenir démocratique, sûr et prospère pour le peuple haïtien et la restauration des institutions démocratiques d’Haïti. Aujourd’hui, je suis fier d’annoncer une aide supplémentaire de 48 millions de dollars en matière de sécurité par le biais du Département d’État afin d’améliorer la sécurité à travers la nation », peut-on lire dans le tweet illustrant un message vidéo de Wendy R Sherman, secrétaire d’État adjoint, vendredi 8 juillet 2022.

Le financement additionnel de 48 millions de dollars des Etats-Unis permettra de soutenir la formation du SWAT, d’aider à améliorer le soutien en matière de sécurité, permettre la poursuite  du soutien holistique à la prévention de la violence dans les communautés et les initiatives contre les gangs.

« Nous saluons le Canada pour son annonce aujourd’hui d’un montant supplémentaire de 5 millions de dollars canadiens pour cet effort. L’UE a également contribué à hauteur de 3,8 millions de dollars. Nous exhortons vivement les autres partenaires internationaux à contribuer au basket fund », a dit Brian Nichol’s lors d’échanges avec des journalistes vendredi.

Les États-Unis considèrent essentiel le renouvellement du mandat du BINUH pour aborder les questions  sécuritaires et électorales.« Nous appelons nos partenaires à renouveler de toute urgence le mandat du BINUH, qui expire le 15 juillet. BINUH est essentiel pour aborder la question de la sécurité et pour soutenir les élections lorsque les conditions le permettent », a dit Wendy R. Sherman, secrétaire d’État adjoint, dans ce message posté sur son compte twitter.

D’autres zones de tension

À Croix-des-Bouquets, ce dimanche, des tirs à l’arme automatique ont été signalés. Dans plusieurs quartiers, comme Duval, les routes intérieures sont coupées par les bandits armés pour empêcher les patrouilles effectuées par les véhicules blindés de la PNH qui sont appelés sur d’autres fronts, à Tabarre, Torcel, Pernier, a appris le journal de sources qui observent un regain de violence des gangs sur fond de multiplication des enlèvements et  d’une grogne provoquée par la pénurie de gazoline.

À Croix-des-Missions, des habitants sont aux aguets. Chen Mechan recommande de ne pas trainer dans les rues. Le gang 400 Mawozo peut attaquer à tout moment, a confié une source au journal. Le dernier accrochage entre ces gans avait fait près de 200 morts.

 

 

 

 

 

Source: Le Nouveliste

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