Groupes armés : la solution n’est pas uniquement militaire, estime le commandant en chef des Forces Armées d’Haïti
Ayant éclaté en sanglots, le major Eddy Marcelin avait réclamé, lors de la cérémonie de célébration des 218 ans de la Bataille de Vertières un char d’assaut, deux véhicules d’assaut et un hélicoptère de combat pour résoudre dans deux semaines le problème des groupes armés qui sèment la terreur dans le pays. Cette déclaration n’engage que le major Marcelin, a affirmé le commandant en chef des Forces Armées d’Haïti (FAd’H). Dans une interview exclusive accordée au Nouvelliste, le général Jodel Lessage a souligné que la solution à la prolifération des groupes armés dans le pays n’est pas uniquement militaire…
« Il nous faut pour redresser la sécurité au moins un char d’assaut, deux véhicules d’assaut et un hélicoptère de combat. Combien coûte un char d’assaut ? Dans deux semaines nous mettrons fin au désordre », avait promis le major Eddy Marcelin, membre des FAd’H. Selon le commandant en chef de l’armée, cette déclaration n’engage que le major. « Mais nous sommes obligés de lui accorder la circonstance atténuante. Il était sous l’emprise d’une forte émotion malheureusement, même si dans la presse et parmi la population des gens ont accueilli ses déclarations positivement. Ce qui est certain, c’est surtout l’émotion qui a parlé », a corrigé le général Jodel Lessage.
Selon le général en chef des FAd’H, « oui, il y a des solutions militaires, mais le problème des gangs armés n’est pas exclusivement militaire. C’est un problème sociétal. Si l’on veut résoudre le problème définitivement, on est obligé de considérer tous les aspects du problème », a affirmé le commandant en chef des Forces Armées d’Haïti dans cette interview exclusive accordée au Nouvelliste.
Le général Jodel Lesage a souligné cependant que l’armée a besoin d’armements classiques, du matériel et des équipements militaires.
Interrogé pour savoir si l’armée a déjà fait des demandes formelles d’équipements et de matériel au gouvernement, le général Lessage répond par l’affirmative. « Des demandes ont été faites depuis toujours. Il y a un mode d’organisation accompagné d’un mode de fonctionnement que nous avions proposé. Nous avons également sollicité des moyens », a-t-il soutenu.
« Du matériel commandé par le ministère pour permettre à l’armée d’aider à sécuriser la population n’est malheureusement pas arrivé à destination malgré le fait qu’il est arrivé au pays », avait dénoncé le Dr Enold Joseph, ministre de la Défense sans donner de précisions sur la nature de ce matériel ni sur le pourquoi ce matériel n’est pas arrivé à destination.
Le commandant chef des Forces Armées d’Haïti souligne qu’il fait face à beaucoup de difficultés. « Nous avons des problèmes même pour l’entrainement des militaires. Il y a de la frustration. Vous travaillez à améliorer votre situation, le temps passe et vous ne voyez pas la sortie du tunnel. Mais nous allons toujours nous mettre à la tâche », a rassuré le général.
Actuellement les Forces Armées d’Haïti disposent d’un peu plus de 500 soldats en plus du haut état-major. Intervenant à la cérémonie au Musée du panthéon national haïtien (MUPANAH) le 18 novembre dernier pour marquer les 218 ans de la Bataille de Vertières, le ministre de la Défense, Enold Joseph, avait annoncé le début de formation et d’entrainement d’une nouvelle cohorte de soldats en décembre de cette année à la base militaire Anacaona à Léogâne. Selon le général Lessage, il sera question d’enrôler dans cette cohorte entre 250 et 300 soldats. « Tout dépend de la facilité qu’on aura sur le plan spatial et matériel », a-t-il précisé.
Pour le moment, les FAd’H ont une base à Léogâne, le Corps du génie au Bicentenaire, le Corps d’aviation « en voie de reformation », a indiqué le commandant en chef des Forces Armées d’Haïti.
C’est le ministère de la Défense qui gère le budget des Forces Armées d’Haïti. Le général Lessage se désole du fait que l’armée n’a pas le privilège de gérer son budget en toute autonomie.
Notons que des informations laissent croire que Joseph Félix Badio, recherché par la police dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse, serait membre des Forces amées d’Haïti. Interrogé à ce sujet, le général Lessage a affirmé : « De mémoire, je ne me rappelle pas avoir entendu son nom dans l’armée. Son nom ne me dit pas grand-chose… ».