L’hôpital universitaire Justinien paralysé, les médecins en grève

Les résidents de l’hôpital universitaire Justinien au Cap-Haïtien entament, le lundi 15 mars, une grève illimitée en raison, disent-ils, des mauvaises conditions de travail. À peine sortis de la mise en quarantaine après que plusieurs d’entre eux ont été infectés par le coronavirus, les médecins, arrivés ce lundi à l’hôpital, n’ont pas trouvé d’équipements de protection individuelle pour se protéger. Les problèmes relatifs à l’électricité, à l’insalubrité et au dysfonctionnement du bloc opératoire ne sont pas non plus résolus.

« Ils (responsables) n’ont rien fait pour résoudre les problèmes auxquels fait face l’hôpital. Comme ils ne nous ont pas garanti de matériel de protection, il n’y a pas d’eau disponible à l’hôpital pour nous laver les mains, ni d’électricité, nous n’avons donc d’autre choix que d’observer un arrêt de travail », a indiqué le Dr Patrick André, résident à l’hôpital, dans une interview accordée au Nouvelliste.

Brandissant des pancartes, les 40 médecins résidents ont organisé, au sein de l’institution sanitaire, un mouvement de protestation pour faire passer leurs revendications. Les équipements de protection individuelle sont devenus des denrées rares au plus grand centre hospitalier du département du Nord (Cap-Haïtien), se plaignent les résidents. L’infection au coronavirus de plusieurs d’entre eux était due à ce manquement, estiment-ils. Les protestataires dénoncent notamment la direction de l’hôpital qui n’a rien fait pour alimenter en eau les points de lavage des mains.

« Pour la bonne marche de l’institution, nous avons adressé à la direction de l’hôpital trois correspondances dans lesquelles nous avons soumis nos revendications depuis trois semaines. Elle ne nous a pas pris au sérieux. Aucune rencontre n’a été organisée. Officiellement nous sommes en grève à partir de ce lundi », a martelé le Dr Alcy Chovel, résident 3 en orthopédie, qui dit vouloir croire que les responsables n’ont pas de velléité pour résoudre les problèmes.

À cause de la panne d’électricité au service de la pédiatrie, les médecins connaissent des difficultés à garder en vie les prématurés. Ces enfants ont besoin de beaucoup de chaleur pour survivre. Comme pour la majorité des hôpitaux publics, l’hôpital universitaire Justinien existe que de nom. Selon le président du comité central des résidents, « la salle d’opération de l’hôpital n’est pas un lieu approprié pour pratiquer une quelconque intervention chirurgicale. N’était l’installation des machines anesthésiques, on aurait dit qu’il s’agit de n’importe quel endroit».

« La salle est insalubre et il n’y a pas d’éclairage. Pour effectuer les interventions chirurgicales, nous utilisons les lampes de nos téléphones portables. Le système de climatisation est dysfonctionnel. À cause des gouttières, en période de pluie, quand on effectue une opération, on doit déplacer le malade pour que l’eau ne lui tombe pas dedans », a énuméré le Dr Chovel, qui a estimé que la population mérite mieux que ce qu’offrent les autorités.

« Nous n’entendons pas continuer d’évoluer dans des conditions pareilles », a fait savoir le médecin, qui conditionne la levée de la grève à la satisfaction des revendications.

 

 

 

 

Source: Le nouveliste

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