Politique : Le discours de Jovenel Moïse, un aveu de désespoir et d’impuissance, selon divers secteurs en Haïti

Le discours pré-enregistré, prononcé, vers 2:00 am (6:00 gmt), ce mercredi 25 septembre 2019, par le président  de plus en plus contesté Jovenel Moïse, constitue un aveu de désespoir et d’impuissance, estiment différentes voix dans la vie nationale en Haïti, dans des interviews accordées à l’agence en ligne AlterPresse.

L’appel à la formation d’un gouvernement d’union nationale, lancé par Jovenel Moïse, à l’endroit des forces vices de la nation, représente un cri de désespoir, réagit l’un des porte-parole du parti politique Mouvement patriotique populaire dessalinien (Mopod), Serge Jean-Louis.

Ce discours est « inadapté et inapproprié » à la conjoncture actuelle. Ces déclarations « mensongères » mettent le régime du Parti haïtien tèt kale (Phtk) dans une situation encore plus difficile, déclare le Mopod.

« Le Phtk a pris le pouvoir en imposant la violence. Ses membres ont même prêché la violence, en s’affichant comme des bandits légaux », rappelle le Mopod, intervenant sur l’énième appel au dialogue de Jovenel Moïse.

Le Mopod cite, à titre d’exemple, les massacres, perpétrés à la Saline, en novembre 2018, par l’équipe au pouvoir et ayant fait 71 morts, selon le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh).

Jovenel Moïse doit tirer sa révérence, parce qu’il n’a pas de leadership pour diriger le pays, souligne le Mopod.

Le parti politique Mouvement patriotique populaire dessalinien en profite pour inviter à une journée de mobilisation générale, ce vendredi 27 septembre 20119, à l’initiative des sénateurs de l’opposition, dite institutionnelle, pour continuer d’exiger le départ du président Jovenel Moïse.

La démission immédiate de Jovenel Moïse est une étape obligée pour soulager la misère du peuple haïtien, insiste l’ancienne titulaire du Ministère de la culture, Magali Comeau Denis, membre du parti politique Aksyon pou konstwi yon Ayiti òganize (Akao).

Le président savait pertinemment que son discours allait mettre de l’huile sur le feu. Ce qui l’a poussé à faire cet appel très tard dans la nuit, fait remarquer Akao.

Le parti politique Akao dit appuyer l’appel à la manifestation, lancé pour le vendredi 27 septembre 2019 et conviant toute la population à venir se mobiliser pour le départ de Jovenel Moïse.

Le Conseil haïtien des acteurs non étatiques (Conhane) considère combien Jovenel Moïse n’a pas une bonne évaluation de la crise.

Une véritable distance l’éloigne de la population haïtienne, très méfiante face à l’administration politique actuelle. La proposition de Jovenel Moïse de former un gouvernement d’union nationale, même si elle est nouvelle, ne cadre pas au momentum, fait remarquer le coordonnateur du Conhane, Edouard Paultre.

La crise de confiance, existante au sein de la population, mine complètement le pouvoir du président, qui n’a fait preuve d’aucune compréhension politique de la crise, en choisissant Fritz William Michel comme premier ministre nommé, relève le Conhane.

Les mandats des parlementaires et celui du président doivent être mis sur la table des discussions. Définir un agenda de transition et organiser la conférence nationale, une façon de trouver une nouvelle direction au pays, sont parmi les propositions formulées par le Conseil haïtien des acteurs non étatiques, qui se dit plutôt favorable à une négociation pour permettre de coordonner, ensemble, le départ du président.

Une fois de plus, Jovenel Moïse « ne s’est pas montré à la dimension de la crise, tant dans le ton de sa voix que dans la forme de son discours », exprime, dans une note, le Collectif du 4 décembre 2013.

« Le dialogue, pour cette entente nationale, n’est possible que dans le cadre d’une transition fondatrice de l’Etat national, durant laquelle l’équipe de pilotage doit répondre aux exigences d’intégrité, de patriotisme et de capacités », préconise le Collectif du 4 décembre 2013.

La prise de parole de Jovenel Moïse, au matin du 25 septembre 2019, survient après plus d’un mois de silence de la présidence politique, dans un contexte de grave crise socio-politique, marquée par une inflation de plus de 18%, une dépréciation accélérée de la gourde, une recrudescence de l’insécurité et la rareté persistante des produits pétroliers.

Depuis plusieurs semaines, le territoire national en Haïti est paralysé par une intensification des mouvements de protestations dans les rues, qui continuent de réclamer la démission de Jovenel Moïse, pour cause de corruption et d’incompétence.

Source:APR

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