Fritz William Michel passe l’étape de la Chambre basse
La déclaration de la politique générale du Premier ministre nommé Fritz William Michel a reçu ce mardi 3 septembre 2019 un vote favorable à la Chambre des députés. Au terme d’une séance de moins de 3 heures d’horloge, marquée, au début par des échauffourées entre des députés proches du pouvoir et ceux de l’opposition qui ont fini par abandonner la salle, 76 députés ont dit oui aux huit points de la déclaration de politique générale du Premier ministre. Aucun n’a voté contre alors que quatre autres se sont abstenus.
Pour cette séance qu’on croyait qui allait avorté après la descente des lieux des députés de l’opposition qui ont saccagé la salle de séance très tôt, mardi matin, on a dû patienter jusqu’à 5 heures 30 p.m. avant que le président de la Chambre basse Gary Bodeau, arrivé sous escorte policière, ne lance les secrétaires sténographes dans l’appel nominal.
Les députés de l’opposition n’étaient pas présents. Mais dans la salle, un climat d’hostilité s’installe rapidement car à gauche du bureau, des députés proches du pouvoir occupent une place tout à fait insolite : celle réservée aux invités, les membres du cabinet ministériel. On comprend leur attitude quand neuf minutes plus tard, arrivent les députés de l’opposition. Ces derniers, dès leur arrivée, franchissent la salle et se dirigent droit vers les sièges des ministres. Voulaient-ils occuper ces sièges ou les balancer dans la salle ? On ne saura jamais la réponse car dès leur arrivée, le député Benoît Laguerre, grand manitou du bloc majoritaire, accueille son collègue Reynald Exantus par une gifle.
Fini la guerre froide, ouvertes sont les hostilités et, malgré la pagaille, l’appel nominal continue comme si on était trop habitué aux frasques des uns et des autres. Au final, on obtient 83 présences. Comme les esprits s’agitent encore plus devant les caméras de la presse, Gary Bodeau tente de maîtriser ces derniers en menaçant « N ap fè seyans nan a ui klo, n ap met tout jounalis dèyè baryè ». Il les maitrise ainsi. Mais outre les cameramen, Gary Bodeau a encore d’autres chiens à fouetter : la majorité des députés sont armés dans la salle. Une vraie bombe à retardement qu’il espère désamorcer en faisant lire l’article 241 du règlement intérieur traitant du port d’armes dans les salles de séance. Personne n’a réagi après cette lecture et chacun garde son arme sur soi.
Quand Gary Bodeau diligente un groupe de députés pour aller chercher le gouvernement, le député Pierre Requière Julien gravit la tribune et renverse le pupitre. C’était sans penser à la présence du député de Beaumond Annouce John Bernard qui, faisant bonne garde, le saisit de dos et le propulse hors de la tribune sans aucune autre forme de procès.
Face à ces deux cas de démonstration de force, l’opposition cesse ses attaques et une autre guerre froide fait régner un calme plat. Moment propice pour la présentation du rapport de la commission spéciale qui analysait les pièces du premier nommé Fritz William Michel et des membres de son cabinet ministériel. D’un coup, Hermano Exinor, au nom de la commission « recommande au bureau d’inviter le Premier ministre à présenter sa déclaration de politique générale ». Tous les commissaires, hormis Jean Marcel Lumérant et Roger Milien qui ont exprimé des réserves, sont partants. Ici, ce ne sont pas seulement les commissaires qui emboîtent le pas, les députés aussi sont d’avis et certains expriment leur dévotion en applaudissant les ministres. On entend alors des «bon bagay» dans la salle.
Déjà à ce point, voyant la taille d’un adversaire qui montre ses muscles pour une fois, l’opposition abdique et quitte la salle.
Rapport favorable et loin des ennuis de l’opposition, le premier ministre est invité à présenter sa déclaration de politique générale. 12 minutes lui suffisent pour présenter les huit grands axes de sa politique générale. Ce sont : le renforcement de la justice et de la sécurité publique, le renforcement de la lutte contre les inégalités sociales, l’intégration des personnes handicapées, la relance économique, la promotion de la bonne gouvernance, le renforcement de l’autonomie des collectivités territoriales, le renforcement des acquis démocratiques par l’organisation d’élections ouvertes et crédible, l’intégration de la diaspora et la promotion du dialogue national.
S’ensuivent les débats qui ne sont autres qu’un défilé de députés, drappés dans leur costume de défenseurs des plus vulnérables. On était déjà à une vingtaine d’interventions lorsque le député Jean Wilson Hyppolite, avec en main une proposition de 65 députés, gravit la tribune pour demander à ce qu’on passe au vote, « puisqu’on est tous déjà édifié ».
Gary Bodeau met la proposition en débat. S’ensuivent alors une chicane de ménage entre proches du pouvoir lorsque Jean Esaïe Prophète exige de voir la liste des 65 députés qui ont signé la proposition de Jean Wilson Hyppolite. Impossible. C’est peut être une preuve que l’élu de Léogâne a emballé ses paires proches du pouvoir dans un processus sans leur accord.
En fait, ces députés voulaient bien avoir les explications du Premier ministre sur une affaire de corruption dont seraient impliquées de compagnies productrices d’électricité, soulevée par le député Alfredo Antoine. Gary Bodeau tranche en promettant que le PM parlera de cette affaire d’électricité lors de son remerciement à l’assemblée.
Finalement, la politique générale du Premier ministre nommé Fritz William Michel est votée par 76 pour, 0 contre et 3 abstentions à la Chambre basse.
Source:Le Nouveliste