« Jovenel Moïse doit humblement remettre sa démission », appelle le petrochallenger Gilbert Mirambeau
Il n’est pas le premier à demander au chef de l’État d’abandonner le pouvoir, notamment après le rapport de la Cour des comptes ayant relevé des irrégularités dans des dossiers impliquant la compagnie Agritrans dans le dossier PetroCaribe. Mais Gilbert Mirambeau, le premier à balancer, sur son compte Twitter, le 14 août 2018, l’épineuse question « Kot kòb PetroKaribe a » devenue viscérale dans la société haïtienne, estime que le président devra être conduit devant la justice pour éclaircir sa situation.
Les réactions continuent de pleuvoir à propos de l’implication de la compagnie Agritrans (dirigée à ce moment-là par l’actuel chef d’État Jovenel Moïse) , dont des irrégularités ont été soulevées par la Cour des comptes dans le dossier PetroCaribe. Arrivé à ce stade, le premier citoyen qui, depuis, ne s’est pas encore officiellement prononcé sur le sujet, devra prendre le chemin de la justice, après qu’il aura remis sa démission, pour prouver son implication ou pas, estime Gilbert Mirambeau, invité mardi soir à l’émission de télé 20, Haiti Sa k ap kwit.
Outre la personne de Jovenel Moïse, le petrochallenger préfère placer le focus sur le système qui favorise l’état dégradant du pays. Toutefois, pour sauver son honneur, le président de la République est obligé de démissionner humblement, même pour l’histoire, propose Gilbert Mirambeau, affirmant qu’il n’établit pas confiance en cet appareil judiciaire.
Même si le rapport, analysant seulement 77% du fonds PetroCaribe, rendu public continue d’alimenter les débats, voire soulever beaucoup de réactions dans la société, il faudra attendre des arrêts de la Cour (du moins des décisions de justice) fixant les responsabilités. Pour arriver au procès PetroCaribe, la bataille sera rude. Ce ne sera pas une mince affaire, concède Gilbert Mirambeau, qui invite les autorités judiciaires à s’armer de courage pour gérer le dossier. « Nous savons que beaucoup de juges corrompus faisant partie de l’administration en place pour perpétuer le système… L’appareil judiciaire est corrompu on ne peut plus », regrette-t-il.
Après avoir parcouru le dernier rapport de la Cour des comptes, à l’instar de plusieurs, Gilbert Mirambeau relate avoir éprouvé « beaucoup de tristesse, rien qu’en constatant le niveau d’indécence dont font montre les dilapidateurs du fonds PetroCaribe. Il émet également des réserves concernant l’absence de certains noms ne figurant pas dans le rapport.
Dans le cadre de cette lutte, le cap sera mis sur le procès. À ce niveau, Gilbert Mirambeau croit qu’il faut donc tenir le flambeau de la mobilisation de manière pacifique, notamment celle annoncée pour le dimanche 9 juin. « Nous allons maintenir la pression. Les gens vont prendre la rue, mais pacifiquement », insiste celui qui s’attend à un audit international dans le cadre de ce dossier.
Gilbert Mirambeau, objet de menace de la part de certains secteurs
Par ailleurs, depuis son tweet du 14 août 2018 qui a suscité de multiples réactions et d’engaments citoyens dans la société, le cinéaste Gilbert Mirambeau, tout comme certains de son entourage, n’a pas manqué de faire l’objet de menaces de la part de certains acteurs, visiblement décontenancés par le tournant de cette affaire. Par appel ou à travers des messages d’intimidation sous couvert de l’anonymat. « Je ne sais pas si les menaces sont fondées. S’il s’agit des petites menaces, mais j’en suis conscient. Je continue d’avancer jusqu’au bout… », rassure le petrochallenger interrogé sur le plateau de l’émission présentée par le journaliste Robenson Geffrard.
Worlgenson Noël
Le Nouvelliste