Une marche pacifique à Port-au-Prince pour réclamer toute la lumière sur la gestion de PetroCaribe
Ils jurent de continuer la bataille contre la corruption et pour la reddition des comptes. Plusieurs centaines de participants ont marché dimanche dans la capitale pour exiger que la lumière soit faite sur l’utilisation des fonds du programme PetroCaribe. Partis du carrefour de l’aéroport, point de ralliement de la marche, les manifestants ont exhibé pancartes et posters dans lesquels ils demandent, entre autres, des comptes sur le fonds dont le pays bénéficie depuis 2006. Des jeunes, des membres d’organisations syndicales, d’organisations estudiantines, d’organisations populaires proches de l’opposition, des universitaires, des artistes ont été aperçus à cette marche.
Les participants exigent des institutions judiciaires de faire leur travail. C’est l’avis de Velina Elysée Charlier, une participante. Selon elle, ce n’est pas normale qu’un pays reçoive autant d’aide alors que sa situation ne s’améliore pas. « La dilapidation de PetroCaribe est la plus grande fraude de l’histoire du pays. Les gens volent les ressources de l’État et sont arrogants de surcroît. C’est pour cela qu’il faut demander aux instances judiciaires de prendre leurs responsabilités pour arrêter et juger les voleurs. Ce sera un signal fort contre l’impunité et pour la bonne gouvernance », estime-t-elle.
A ceux qui croient qu’il faut exiger la lumière sur d’autres scandales de corruption qui ont secoué le pays durant ces dernières décennies, Velina Elysée Charlier les invite à rejoindre d’abord le mouvement pour PetroCaribe. « Si nous parvenons à obtenir la tenue de ce procès historique, nous pourrons éliminer la corruption dans le pays. Nous aurons des arguments pour arrêter les autres voleurs», a-t-elle avancé.
L’écrivaine Ketly Mars a fait savoir que sa participation à la marche témoigne de sa volonté pour qu’on continue de demander des comptes. Elle s’est exprimée sans ménagement au sujet de ceux qui voient une main cachée derrière la marche. « On ne nous a pas manipulés (contrairement à ce qui se dit). Personnellement, je n’ai pas reçu d’argent pour venir ici. Le peuple a assez de lucidité pour constater qu’il ne peut plus vivre dans cette situation, qu’il en a assez de souffrir, de vivre dans la faim et dans la gêne. Il faut gagner les rues pour exprimer ce ras-le-bol. PetroCaribe, pour moi, c’est un symbole », a-t-elle expliqué. Selon l’auteur de « Feulements et sanglots », cette mobilisation pour la reddition des comptes est un signal contre l’impunité et l’opacité, pour la bonne gouvernance et la transparence.
Pour sa part, la militante féministe Pascale Solages a souligné que la marche de ce dimanche a été une occasion en plus pour poser la question qui est sur les réseaux sociaux depuis déjà 3 semaines. « Où sont passés les fonds de PetroCaribe? ». Interrogée sur la participation du public, elle s’est dit très satisfaite. « Bien entendu, nous aimerions que plus de gens se sentent concernés, impliqués et fassent le déplacement. Mais nous sommes très satisfaits de la participation du public ce dimanche », a-t-elle fait savoir.
Elle a souligné que cette mobilisation est d’abord contre la corruption et l’impunité. « Nous avons certes pointé la gestion de Petrocaribe. Mais nous voulons des éclaircissements et des réponses sur tous les dossiers. Nous sommes en rébellion contre tout un système », a-t-elle expliqué. Pascale Solages a assuré que d’autres stratégies seront employées à l’avenir afin de forcer les autorités à donner des réponses. La marche s’est terminée sans incidents devant la place de la Constitution au Champ de Mars.
Jean Daniel Sénat
Le Nouvelliste