L’ouragan Matthew  frappe Haïti dans un contexte économique extrêmement difficile

L’actualité économique de cette semaine aura été marquée surtout par cet ouragan, Matthew, qui est en train de frapper Haïti dans un contexte économique extrêmement difficile, où nous n’avons même pas un budget voté au parlement pour ce nouvel exercice fiscal 2016-2017.

Nous débutons cette nouvelle année fiscale sur deux notes plutôt tristes marquées d’abord par le passage de l’ouragan Matthew qui ne manquera pas d’avoir des conséquences négatives sur l’économie, notamment sur les recettes fiscales qui seront amputées au moins d’un demi-milliard de gourdes et ensuite l’absence d’un budget voté par les deux branches du parlement pour ce nouvel exercice ; les sénateurs n’arrivaient pas à statuer sur le projet de loi de finances 2016-2017.

Le ministre de l’intérieur a déclaré hier après-midi sur une station sœur que 3 millions de gourdes sont disponibles pour chaque département, à l’occasion du passage de l’ouragan Matthew, et que le gouvernement avait mis 270 millions de gourdes à la disposition du ministère de l’intérieur. Dans quel budget se trouvent ces millions de gourdes ? Personne ne sait.

A chaque tempête ou cyclone, c’est la panique totale, l’inquiétude et la désolation notamment dans les couches les plus vulnérables qui habitent dans des endroits précaires et sous des abris qui ne peuvent résister ni aux pluies diluviennes ni à des vents violents.  D’un autre coté, les inondations, les glissements de terrain et les éboulements ont toujours causé des pertes tant en vie humaine qu’en termes de dégâts matériels. On se rappelle du cyclone Sandy en 2012 qui avait fait environ 80 morts dans la Caraïbe, dont 60 en Haïti seulement, avec des pertes économiques évaluées à 2.8 milliards de dollars pour toute la Caraïbe.

Le niveau de vulnérabilité d’Haïti va de pair avec la taille de son économie, car plus une économie est faible et sous-développée, plus elle a tendance à avoir des infrastructures désuètes et insuffisantes avec l’absence d’une politique de logement, ce qui exacerbe les impacts des désastres naturels. D’un autre côté, nous ne créons pas de richesse dans le pays. Le taux de chômage demeure très élevé. 75% de la population vit avec moins de 2 dollars américains par jour. Donc, les gens n’ont pas d’argent pour se préparer davantage contre les impacts des cyclones, tant en termes de prévention qu’en termes de réponse post-désastre.

Un ouragan en plus, Matthew, qui doit encore nous interpeller tous, notamment les candidats à la présidence, députés et sénateurs, quant à la nécessité de changer notre mode de gouvernance politique et économique et nos comportements, pour rentrer dans l’ère de la normalité, la prospérité et le progrès et doter le pays d’un minimum de résilience environnementale.

Riphard Serent, MPA

Economiste

riphardserent@gmail.com

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