Haïti-Élections : La commission de vérification électorale verra-t-elle le jour ?

P-au-P, 4 avril 2016 [AlterPresse] — Entre la communauté internationale, le pouvoir exécutif, la société civile et les politiques, les violons ne s’accorderaient pas sur la formation d’une commission de vérification électorale dans le cadre de la poursuite du processus électoral initié en Haïti en 2015, constate AlterPresse.

Il faut que celles et ceux qui sont partisans de cette commission se fassent entendre et montrent vraiment que c’est une exigence, encourage le coordonnateur du Conseil haïtien des acteurs non-étatiques (Conhane), Edouard Paultre.

Le dirigeant de la société civile n’exclut pas les manifestations de rue pour exiger la mise en place de la commission.

« La seule façon de rétablir la sincérité du vote est de mettre sur pied cette commission qui est une recommandation des acteurs majeurs de la scène politique et de la société civile. Le président doit la créer », estime, pour sa part, le professeur Sauveur Pierre-Etienne, coordonnateur de l’Organisation du peuple en lutte (Opl) et membre du Groupe des huit candidats à la présidence (G-8), protestataires contre les élections controversées de 2015.

Dans un communiqué saluant le rétablissement du Conseil électoral Provisoire, le secrétaire adjoint et porte-parole du Département d’État, John Kirby, se prononce de manière à peine voilée contre la mise en place de la commission.

« Comme l’accord du 5 février 2016 s’y est engagé, nous encourageons le Cep à implémenter rapidement les recommandations techniques de la Commission d’évaluation électorale Indépendante, visant à améliorer la transparence et l’impartialité du dernier tour des élections », soutient-il.

L’installation des 9 membres, dont 3 femmes, du nouveau conseil d’administration du Cep a eu lieu, le mercredi 30 mars 2016, au local de l’institution, à Pétionville (à l’est de la capitale).

La représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies, Sandra Honoré se montre réservée quant à la commission dont elle dit attendre « une définition » la concernant.

« Nous attendons à apprendre davantage sur le processus de vérification et son incidence sur la continuation du processus électoral selon l’accord du 5 février », a-t-elle déclaré, le 23 mars 2016.

La mise en place de cette commission est une « nécessité pour la poursuite du processus », avait affirmé le président provisoire de la république d’Haïti, l’ancien sénateur Jocelerme Privert, lors d’une conférence de presse au palais national, le 4 mars 2016.

Sa position a été réitérée dans une adresse à la Nation.

Les revendications concernant la formation de cette commission étaient une constante dans les consultations entamées par Privert au début de sa prise de pouvoir avec la quasi-totalité des secteurs de la vie nationale.

« Est-ce qu’il (Privert) aura le courage d’affronter la communauté internationale pour lui faire comprendre qu’il y va de l’avenir du pays et que le président qui sortira des prochaines joutes doit avoir la légitimité populaire. Mais tout dépend du caractère et du courage du président », analyse Sauveur Pierre Etienne.

Si pour Edouard Paultre, il importe peu que ce soit le Conseil électoral ou l’exécutif qui prenne l’initiative de la commission, pour le dirigeant de l’Opl c’est une prérogative qui revient au pouvoir exécutif.

Selon les termes de l’accord politique du 6 février 2016, le Cep a une mission de relancer le processus électoral, après évaluation des étapes déjà franchies et aussi de mettre en « application [les] recommandations techniques de la Commission indépendante d’évaluation électorale ».

Le coordonnateur du Conhane avance que le « Cep a de solides arguments pour demander à l’exécutif d’assurer la vérification des résultats du processus de 2015 ». Arguments qui doivent figurer dans un rapport d’évaluation du processus et de la possibilité de la continuation des élections, etc.

Bien entendu, pour lui, cette démarche ne tient pas compte du « calendrier complètement irréaliste » de l’accord politique.

L’exécutif doit d’abord dialoguer avec lire la suite sur alterpresse.org

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