Haïti-Politique : Malgré les doutes, les menaces et le temps, Jocelerme Privert plutôt « optimiste »

P-au-P, 02 mars 2016 [AlterPresse] — Malgré les doutes sur les possibilités de boucler le mandat présidentiel provisoire, en respectant la mission qui lui a été confiée, les menaces de parlementaires contestés et le temps (qui court inexorablement) [1], le président provisoire de la république, Jocelerme Privert, plutôt confiant, affirme s’engager à aller jusqu’au bout, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.

Dans une entrevue, accordée au quotidien « Le Nouvelliste » et relayée par la station de radiodiffusion privée « Magik 9 », Privert déclare ne ménager « aucun effort pour respecter les 120 jours ».

Gouvernement de consensus, le parlement,un cap qui s’annonce difficile pour Fritz-Alphonse Jean

L’économiste Fritz-Alphonse Jean, ancien gouverneur de la Banque de la république d’Haïti (Brh / Banque centrale – 1996/2001), a été nommé premier ministre, par arrêté présidentiel en date du 25 février 2016, puis présenté officiellement le vendredi 26 février 2016.

« L’installation viendra », mais après la ratification de l’énoncé de la politique générale du premier ministre nommé, avance Privert, apparemment « serein ».

« J’ai la confiance pleine et entière, que le premier ministre (nommé) sera ratifié par le parlement », estime-t -il, comme pour rassurer du contrôle de la situation, malgré les déclarations, qui se font de plus en plus menaçantes, par rapport aux possibilités d’un vote positif en faveur du successeur d’Evans Paul.

Des voix continuent de s’élever, au parlement contesté, pour crier à la violation, parJocelerme Privert, de l’accord du 6 février 2016, qu’il avit conclu – comme président du sénat contesté – avec l’ancien président Joseph Michel Martelly et le président de la chambre des députés, Cholzer Chancy, membre du parti politique Ayiti an aksyon (Aaa) ayant pour chef de file le sénateur Youri Latortue (allié du Parti haïtien tèt kale / Phtk de Martelly).

D’autres évoquent le non-respect d’un « deal » (une entente secrète), qui aurait été concocté, pour le choix de l’ancien sénateur de l’Organisation du peuple en lutte (Opl), Edgard Leblanc Fils comme premier ministre, ancien adversaire de Privert comme candidat à la présidence devant le parlement contesté.

« Il n’y a aucune chance pour Fritz Jean au parlement » martèle, dans la presse, direct sur la question, le sénateur du Nord-Ouest, Olondieu Louis, de la Konvansyon Inite Demokratik (Kid) du premier ministre sortant Evans Paul.

Contacté par AlterPresse, le vice-président du sénat, Ronald Larèche – qui joue le rôle de président du sénat, depuis l’installation de Privert ausiège de la présidence – affirme que le parlement attend, du président provisoire, les documents relatifs au dossier du premier ministre nommé, pour études, selon le vœu de la Constitution.

« Personnellement, j’ai parlé au président Privert, qui m’a assuré qu’il les enverra incessamment. Mais, il n’y a toujours rien d’officiel, mis à part la correspondance informant de la nomination de Fritz-Alphonse Jean comme premier ministre », confie-t-il.

Sans vouloir donner son avis, sur un vote favorable ou non à l’énoncé de la politique générale de Fritz-Alphonse Jean, le sénateur Larêche invite ce dernier à consulter et discuter avec les groupes de parlementaires, en vue de l’approbation de son plan de gestion politique par le parlement.

« C’est à lui de s’assurer du terrain parlementaire. C’est à ses proches, au parlement, de faire campagne auprès de leurs pairs pour lui », poursuit Larêche.

En dernière heure, une source parlementaire fait état du dépôt de plusieurs pièces, par-devant la chambre des députés, fait par le premier ministre nommé Fritz-Alphonse Jean.

Depuis la présentation officielle de l’ancien gouverneur de la Brh, plusieurs partis politiques sont contactés aux fins d’intégrer le gouvernement de consensus de 120 jours.

En plus de la plateforme politique Pitit Desalin, qui, très tôt, a affirmé ne vouloir occuper aucun poste dans le gouvernement provisoire, l’Opl, le Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (Rdnp) – dont sa secrétaire générale Myrlande Hyppolite Manigat ainsi que le Groupe des huit candidats à la présidence (G-8, qui conteste les résultats définitifs des élections du 25 octobre 2015) ne sont pas disposés à intégrer un gouvernement de consensus, dirigé par Fritz-Alphonse Jean.

Quid du processus électoral ?

L’un des grands rendez-vous de ce pouvoir provisoire est la poursuite d’un processus électoral (de 2015) controversé, avec, notamment, des élections présidentielle et législatives partielles, annoncées pour le 24 avril 2016 (dans l’accord politique du 6 février 2016).

La mise en place du Conseil électoral provisoire (Cep) n’est toujours pas au grand jour.

Des secteurs n’arrivent toujours pas à s’entendre sur le ou les noms des personnalités devant les représenter au Cep.

La fronde plane encore dans le secteur syndical, entre la Confédération nationale des enseignants haïtiens (Cneh), qui soutient la conseillère électorale sortante Lourdes Edith Joseph (ancienne secrétaire générale de la Cneh, jusqu’au 22 janvier 2015) et d’autres syndicats ou groupes de syndicats, dont Monde syndical et la Confédération générale des travailleurs (Cgt), proposant Josette Jean Dorcely et Lubin Jean Dieudonné.

Kenson Polynice et Jean Richard Joseph seraient proposés par les secteurs vodou et paysan.

La conférence épiscopale catholique romaine a jeté son dévolu sur l’ancien bâtonnier des avocates et avocats de Port-au-Prince, Carlos Hercule.

Le secteur protestant a envoyé le nom de Frinel Joseph comme son futur représentant au Cep.

Le secteur privé des affaires, par le truchement du Forum économique, a désigné Jacques Bernard (ancien directeur général du Cep, d’octobre 2005 à mai 2006) et Marie-Herolle Michel.

La Presse a fait choix de Léopold Berlanger, propriétaire et directeur général (Pdg) de RadioTélévision 2000, qui était conseiller électoral en 2013 et 2014.

Le secteur des droits humains a fait choix de Kettly Julien, jusqu’à date directrice exécutive de l’Institut mobile démocratique (Imed).

Aucun représentant n’est encore connu pour l’Université.

Le secteur des femmes a désigné la coordonnatrice de Solidarite fanm ayisyèn (Sofa), Marie Frantz Joachim, comme sa représentante au Cep.

Dans une entrevue, accordée au quotidien Le Nouvelliste et relayée par « Magik 9 », Privert promet de créer (dans quel délai ?) la Commission de vérification sur la sincérité du vote des dernières élections.

C’est « une demande unanime de tous les secteurs », selon Privert.

« Dans les discours de circonstance, la question de la nature de la crise électorale et de la solution de sortie de crise, passant obligatoirement par la création d’une Commission d’enquête indépendante de vérification électorale, a été sciemment évitée », a dénoncé le G-8, dans un communiqué, daté du 29 février 2016 et transmis à l’agence en ligne AlterPresse.

Privert entend se positionner comme « garant de toutes les sensibilités politiques », allant jusqu’à dire que sa « neutralité est son plus grand défaut ».

En 120 jours ou en 90 jours, la présidence provisoire devrait monter un gouvernement de consensus, redynamiser le conseil électoral, relancer le processus électoral.

Mais, la question de la garantie de la paix et de la sécurité n’est nullement négligeable.

Entre-temps, 1 personne a été emportée par les eaux d’une rivière en crue et 4 autres portées disparues dans la Grande Anse (une partie du Sud-Ouest d’Haïti), avec les intempéries du dernier weekend de février 2016.

De nouvelles inondations ont été également enregistrées, le dimanche 28 février 2016, dans le Nord et l’Ouest.

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