Haïti en attente d’un premier ministre, est plongé dans l’incertitude et la crise humanitaire
Hier le Président provisoire de la République Jocelerme Privert a annoncé la désignation d’un premier ministre. Ce nom devrait être connu donc depuis hier, mais jusqu’à cette minute, rien n’est sorti. Les tractations continuent. Les négociations sont en cours. Les forces s’affrontent. Les blocs et les secteurs ne s’entendent pas encore. Le pays est en mode Pause. On perd du temps. Mais la plus triste dans tout cela, la république est en train d’être plongée dans l’incertitude, et la crise humanitaire. Les lutes politiques, les luttes de pouvoir occupent les espaces de débat. Le focus est mis sur les postes, sur les privilèges, sur le « ôte toi de la que je m’y mette » au détriment des problèmes cruciaux de la grande majorité. Entre temps, l’insécurité alimentaire sévère a doublé au cours des 6 derniers mois selon le PAM, et le nombre de personne en situation d’insécurité risque de passer de 3,5 millions à 5 millions si la campagne du printemps ne réussit pas.
L’inflation a dépassé les 13% en rythme annuel et pourrait atteindre les 15% au cours des mois à venir. La sécheresse devient une arme de destruction massive dans l’Artibonite, le Centre, le Nord’Ouest. Le dollar devient plus cher que jamais, et en plus de tout cela, l’insécurité et le kidnapping reprennent du service pour la plus belle.
Un gouvernement provisoire peut il se concentrer uniquement sur les élections en négligeant ces problèmes cruciaux? L’Etat trouvera t- il des fonds suffisants pour développer des stratégies pour faire face à cette crise humanitaires. Nous en doutons fort. Le faible niveau de recette mensuel et le faible niveau d’apport du Petrocaribe et des bailleurs de fonds laissent la république et son trésor dans la précarité. On n’a même pas la garantie que l’Etat pourra continuer à fonctionner en achetant le carburant, payant ses cartes de téléphone, ou payer ses fonctionnaires.
Etzer S. Emile
Economiste
Radio Vision 2000