Haïti – Économie: L’inflation à 13.3%, nette détérioration du pouvoir d’achat en Haïti

L’Institut Haïtien de Statistiques et d’Informatique a confirmé nos prévisions faites la semaine dernière qui tablaient sur un taux d’inflation supérieur à celui de Décembre 2015, par rapport à cette conjoncture politique des plus précaire et la dégringolade de la valeur de la gourde par rapport au dollar américain.

En effet, l‘indice des prix à la consommation  (base 100 en août 2004) qui se chiffrait à 252.8 en Décembre dernier est passé à 255.5 en Janvier 2016, accusant ainsi une progression de l’inflation de 1.1% en rythme mensuel et un glissement annuel de 13.3%.

 Il faut dire que cette progression mensuelle observée est la conséquence de l’accélération des fonctions de consommation: alimentation, boissons et tabac (1.3%), habillement, tissus et chaussures (1.9%), loyer du logement, énergie et eau »(0.9%), aménagement et entretien de logement » (1.1%) et d’autres biens et services » (0.9%).

La hausse de la fonction  »alimentation, boissons et tabac » est imputable au renchérissement des prix du riz qui ont augmenté de 1.3%, du millet (2.5%), du cornes flakes (1.1%), du poulet (2%), du jambon (1.2%), du poisson frais (1.1%), de la morue (1.1%), de la banane (3.3%), du giraumont (3.1%), du mirliton (4.4%), des choux (2.9%), de la carotte (2.9%), de la tomate (2.1%), de la pâte de tomate (3.3%), de l’igname (1.8%), du malanga (2.8%), de la patate (3.6%), de la pomme de terre (3.5%), de l’arbre véritable (1.2%), de l’orange (2.9%), de la chadèque (2.8%), du citron (2.9%), du sucre brut (1.7%), du sucre raffiné (0.9%) et des autres boissons alcoolisées (0.9%).

 L’augmentation mensuelle de la fonction  »habillement et tissus, chaussures » résulte surtout du comportement à la hausse des produits tels que : tissus (2.3%), costume, veste universelle (1.5%), chemise (1.6%), pantalon pour homme (2.1%), robe (3.0%), souliers et tennis (3.2%) et sandales (1.9%).

En ce qui concerne le  »loyer du logement, énergie et eau », son accroissement se tient essentiellement aux variations des deux fonctions suivantes : le loyer du logement et l’approvisionnement en eau qui ont varié respectivement de 1.7% et de 0.4%.

Cette flambée au niveau de la fonction  »aménagement et entretien du logement » est liée particulièrement à la hausse des prix des  meubles de salon (2.0%), salle à manger (2.9%), lit (2%), matelas (1.9%), linge de lit (1.1%), rideaux (2.0%), nappe (1.8%), réfrigérateur (4%), et services divers (2.6%).

De son côté, la croissance des autres biens et services provient surtout de la hausse des prix de la pâte dentifrice (4.7%), de la poudre de toilette (4%) et de la crème pour le corps (2%).

Du point de vue géographique, la région Nord qui comprend les départements du Nord, du Nord-Ouest et du Nord-Est  est la plus touchée par le phénomène de l’inflation avec un taux de 1.3%. Vient ensuite la région transversale qui regroupe les départements du centre et de l’Artibonite avec un taux d’inflation de 1.25%.

En dernier lieu, les régions du Sud qui couvre les département du Sud, de la Grand’Anse et des Nippes, de l’Aire métropolitaine qui comprend les villes de Port-au-Prince, de Delmas, de Pétion-Ville, de Carrefour et de la Croix-des-Bouquets et du reste Ouest qui regroupe les départements du Sud-Est et de l’Ouest non compris l’Aire métropolitaine de Port-au-Prince, sont les moins frappées en Janvier dernier avec un taux commun de 1.1%.

C’est triste de voir à quel rythme une inflation à double chiffre tient sa course depuis ces trois derniers mois dans l’économie et continue d’empirer les conditions de vie de ces 75% de la population, soit plus de 8 millions de personnes, qui vivent avec moins de 120 gourdes par jour. S’il est vrai que la solution durable à cette flambée des prix dans l’économie n’est pas pour demain, il existe quand même des moyens d’adopter un ensemble de mesures publiques stratégiques, outre l’injection de dollars, en vue de réduire cette forte  pression sur le dollar américain et pallier cette situation de  »vie chère » qui risque de s’exploser tôt ou tard.

 

Riphard Serent, MPA (Policy)

Economiste

Radio Vision 2000

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