Haïti-Carnaval 2016 : Frédo et Kanpèch jouent «entèlijan»! + SON
Source Texte : Alix Laroche / alix.l@hpnhaiti.com | Photo: Geeb’s Noël | hpnhaiti.com
Quelque 21 ans après « Pale yo », une méringue carnavalesque qui avait eu un succès fou en 1995, le groupe musical à tendance racine, « Kanpèch », offre cette année au public haïtien «entèlijan ». Un texte ironique auquel Frédéric Pierre-Louis alias Frédo, Grégory Luc et Gary Télémaque s’expriment avec dextérité et savoir-faire. Ils y décrivent toutes les dérivent du pouvoir en place et conjurent le pardon pour ceux-là qui en ont commises.
En attendant une vidéo illustrative en appui qui, selon Frédo, sortira sous peu, cette méringue est en rotation sur toutes les stations de radio du pays à longueur de journée. Mais aussi un refrain qui fait déjà les délices des lèvres de plus d’un, notamment les amants du carnaval, constate Haiti Press Network.
«Entèlijan », est ce titre de la méringue carnavalesque 2016 du groupe Kanpèch. Cette formation musicale passée de présentation dans le rang des groupes haïtiens à tendance racine. Un titre qui marche et qui s’impose avec virtuosité dans un créole simple où le signifiant danse dans la vibration des signes.
6 minutes 11 secondes. Telle est la durée de la méringue. Le temps qu’il fallait pour Frédéric Pierre-Louis alias Frédo, Grégory Luc et Gary Télémaque, d’accoucher ce texte d’un style unique et consubstantiel, magistralement bien inspiré du vécu quotidien, du déséquilibre socioéconomique du pays et de la gestion fluctuante des politiques publiques du régime en place.
« C’est une leçon de morale que nous essayons de faire à quelques gens de la société. Ce texte ramasse et met à nue un ensemble de dérives politiques du pouvoir en place. Il y en a tellement », nous dit Frédéric Pierre-Louis dit Frédo, contacté, samedi 30 janvier, au téléphone.
« Ce sont, poursuit-il, des gens qui se croient intelligents et qui, en conséquence, pensent qu’ils peuvent se permettre de n’importe quoi dans le pays. Ils pensent être tellement intelligents en dupant et leurrant, qu’ils ont fini par tomber dans leur propre piège, fait-il remarquer. »
Lassitude, angoisse, désillusion, regret, frustration s’ébauchent, s’entremêlent, se déballent et s’exhibent dans ce travail artistique du groupe Kanpèch, dénoué de toute opacité et d’isolement. Une œuvre carnavalesque à laquelle apparaît en filigrane, une véritable quête de justice sociale.
« Entèlijan… ou te panse w entèlijan vre. Entèlijan, entèlijan, entèlijan ou te panse w entèlijan vre. Entèlijan konpè… ou te panse w entèlijan vre. Entèlijan, entèlijan, entèlijan vre, nan bay manti, nan tronpe moun, nan fè dezod ». C’est en effet le refrain entrainant qui couronne tout un discours ahurissant de cette méringue.
Ecoutez
« Entèlijan ». Une plume résonante. Un corps lire la suite sur hpnhaiti.com