De Canaan au bas Artibonite, la route de la mort

29 minutes en voiture. À peu près 21 km à parcourir pour s’écarter du danger constant des bandits armés sur la nationale no 1 depuis Canaan jusqu’au centre-ville de Cabaret. Un petit exploit pour tous les passagers qui fréquentent cette route.

Pour Junia, infirmière de profession, c’est le cas. Bénéficiant du programme humanitaire de Biden, elle s’est cassé la tête avant de finalement choisir de quitter le pays via l’aéroport international Toussaint Louverture. Junia, qui travaille à un hôpital à Saint Marc, entend prendre l’option la moins risquée. De Saint-Marc à l’aéroport du Cap-Haïtien, il y a le carrefour Savien, contrôlé par la base Gran grif et la Croix-Perisse sous la coupe réglée des bandits de « Kokorat san ras ».

Junia bute sur une première surprise en se rendant à la station Saint-Marc/Port-au-Prince. Le prix de ce trajet passant par Canaan est révu à la hausse. Elle doit débourser 1 750 gourdes pour un trajet qui ne dure que 1h30 en voiture. Elle a dû payer deux autres places pour ses bagages. De Cabaret à Canaan, chaque chauffeur doit payer 3 500 gourdes sur chaque voyage au chef qui contrôle la sortie nord de la capitale, a appris le journal.

Le décor chaotique commence à se dessiner une fois laissé le centre-ville de Cabaret. Des carcasses de voitures brûlées, des pierres entreposées sur la chaussée, des espaces de commerce brûlés ou vandalisés, des maisons abandonnées. Chaque minute en voiture sur ces 29 longues minutes pour traverser jusqu’à Canaan, la route devient quasi désertique. Sinon des hommes armés, au milieu de ce chaos, installent leurs chaises au bord de la route, pour avoir le contrôle de tout. Seul le transport public est autorisé sur cette voie. Il faut tout bonnement payer pour y avoir accès. On peut voir un nombre important de cascasses de véhicules privés brûlés laissés sur la route.

« On est chanceux maintenant. Avant, les bandits avaient l’habitude de faire descendre tous les passagers afin de les fouiller », a commenté un passager habitué à s’aventurer sur cette route dans dangereuse.

Un blindé abandonné devant la porte de la prison civile des femmes à Cabaret témoigne de l’ampleur de la situation. La porte de ladite prison est grande ouverte. Le silence alourdit de plus en plus l’atmosphère de peur à cet endroit. L’inquiétude se lit sur les visages. Même sur celui du conducteur qui ne contrôle pas grand-chose. La crainte d’un débarquement des caïds augmente à chaque minute de Source Matelas, en passant devant le poste de police de Titanyen jusqu’à Canaan. Ouf de soulagement après cette intersection comme si la vie avait un autre goût aux lèvres des passagers. D’autres qui refusent de vivre ce frisson sur la route arpentent la mer. Un trajet plus long de Port-au-Prince à Arcahaie coûtant 1 000 gourdes, mais le danger des bandits armés est moins présent.

En temps normal, le trajet Port-au-Prince/ Saint-Marc qui est 500 gourdes, après la dernière hausse des prix des carburants, passe à 1750 gourdes. Les chauffeurs s’arrangent avec les bandits notoires afin de payer 3500 gourdes sur chaque voyage. À cause des activités criminelles des gangs, le département de l’Ouest est coupé en deux dans la sortie nord (Cabaret et Arcahaie) et le département de l’Artibonite subit le même sort avec les communes de l’Estère, Pont Sondé et Saint-Marc coupées du chef-lieu du département, Gonaïves.

 

 

 

Source: Le Nouveliste

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