Émouvantes funérailles de Josette Desanclos et de ses deux filles

« C’est vraiment insoutenable, cet exercice, ce matin. Ce sont mes enfants qui devraient m’enterrer. Au contraire, je suis devant un lot de cadavres dont je dois faire le deuil. Hélas ! Voilà toute une vie construite qui est partie en éclats dans un temps record », a lâché, en larmes, Me Desanclos, qui s’est demandé ce qu’il a fait pour mériter cette punition.

Aux funérailles de la femme et des filles de Me Desanclos, il n’y a pas eu de cercueils mais des urnes funéraires et des photos des assassinées. Au Pax Villa, Me Simpson Desanclos a décrit une relation de complicité et de confiance entre ses filles. « C’est grâce à cette complicité et cette confiance que j’ai eu le courage et la force de faire le parcours de Cap-Haïtien à Mirebalais à motocyclette. Une fois à Port-au-Prince, je me suis rendu sur les lieux du crime. Voyant la carcasse de la voiture, toute ma vie s’est éteinte. J’ai perdu les trois personnes les plus chères de ma vie », a tristement déclaré Me Desanclos.

« La mort nous guette à tous les coins et recoins. On dirait que les Haïtiens marchent définitivement avec leur cercueil sous le bras et que chacun attend paisiblement son tour pour être la prochaine victime », s’est indigné Me Desanclos. Selon l’homme de loi, le crime crapuleux commis contre sa femme et ses filles révolte la conscience et ne doit pas rester impuni. « Jwèt pou ou, lapolis,  et à vous, la justice, de mon pays. Nul n’ignore que ce crime porte la signature du gang 400 Mawozo », a-t-il fait remarquer, rappelant que Cité Doudoune est la zone d’influence du gang dirigé par Lanmò san Jou.

Malgré son amertume, Me Simpson Desanclos a quand même trouvé le courage de remercier ses proches pour leur support. « Je ne saurais comment vous remercier pour votre solidarité agissante devant cet acte odieux, crapuleux, lâche, barbare et criminel », a-t-il déclaré.

« À l’appel de ce matin, Josette Fils Desanclos, Sarahdjie Desanclos et Sherwood Sondjie Desanclos répondent absentes. Quelle douleur ! Quelle atrocité ! Nous vivons dans une société sans cœur, sans âme, sans humanité. Le pays est livré à lui-même. La capitale est assiégée par des gangs avec ou sans diplôme. Ils nous enlèvent paisiblement, nous violent et nous tuent froidement, sans aucune crainte d’être poursuivis, arrêtés, jugés et condamnés », s’est révolté Me Patrick Laurent, ami de la famille.

De son côté, Me Samuel Madistin pense que la mort tragique des Desanclos « est un message pour chacun d’entre nous ici présent sur ce que nous devons faire pour mettre un terme au règne de la violence aveugle, de l’impunité, de l’irresponsabilité en nous inspirant de la vie, du courage et la bravoure de Josette fils Desanclos, Sarahdjie Desanclos et Sherwood Sondjie Desanclos ».

Pour Calixte Fleuridor, sa présence aux funérailles visait à répondre au devoir de rendre un dernier hommage à la mémoire de ces regrettables sœurs, et de leur mère tombées sous les balles assassines des bandits. « Nous avons le regret de constater que de plus en plus la société haïtienne tend à s’effondrer dans un cycle infernal d’insouciance, d’irresponsabilité, d’animosité, de criminalité gratuite et d’irrespect de la dignité de la personne humaine », a-t-il ajouté, demandant aux autorités de prendre des mesures concrètes pour l’ordre et la paix.

Sarhadjie Desanclos, 24 ans, ancienne de l’Institution Sacré-Coeur, avait cours à l’Université de Port-au-Prince, le samedi 20 août 2022, le matin de son assassinat. Employée du ministère de l’Économie et des Finances (MEF), sa grande sœur Sherwood Sondjie Desanclos, juriste de 29 ans, issue du Centre d’études secondaires et de la Faculté de droit et des sciences économiques (FDSE), et sa mère Josette Fils Desanclos, employée de l’Autorité portuaire nationale (APN), ne savaient pas qu’en quittant leur domicile de la Croix-des-Bouquets, la mort serait au bout d’un périple ordinaire. Les trois femmes ont été prises pour cibles, tuées et brûlées lors d’une opération de bandits de la zone qui a laissé un lourd bilan: au moins huit morts entre Croix-des-Bouquets et Tabarre.

 

 

Source: Le Nouveliste

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