240 millions de gourdes pour le Carnaval 2017 aux Cayes : est-ce un gaspillage ou un investissement productif ?

Écrit par Riphard Serent, MPA / Economiste / riphardserent@gmail.com | Radio Vision 2000

 

 

 

 

Les préparatifs vont bon train et tout est presque prêt pour accueillir le carnaval national dans la 3ème ville du pays. Un budget de 240 millions de gourdes, soit environ 3.5 millions de dollars américains et plus de 6,000 policiers sont mobilisés pour la réalisation de la plus grande activité culturelle annuelle du pays.

Si pour certains, la mobilisation de ces 3.5 millions de dollars pour le carnaval est un gaspillage, d’autres croient qu’il s’agit d’un investissement important qui sera profitable à l’économie de la zone durement affectée par le dernier ouragan Mathieu.

De toute façon, il est clair qu’en Haïti on continue encore de faire du carnaval national une dépense publique et non un vrai investissement productif qui devrait rapporter beaucoup à l’économie haïtienne, comme c’est le cas pour le carnaval de Trinidad ou celui de Rio au Brésil qui est inscrit dans une perspective d’affaires.

Le carnaval national est un événement trop important et plein d’opportunités pour le laisser jusqu’ici dans un stade de petit projet culturel annuel de quelques millions de dollars américains, avec des comités provisoires qui dès fois ont environ 15 jours pour délivrer la marchandise.

En tout état de cause, il faut changer de modèle, il faut institutionnaliser le carnaval, il faut que le carnaval puisse faire partie d’une vrai politique culturelle nationale avec un comité permanent qui a toutes les marges de manœuvre pour bien organiser et planifier le carnaval des mois à l’avance, avec un budget voté chaque année au parlement et des calculs sur la rentabilité du carnaval.

D’un autre côté, il faut définir des stratégies de marché et de marketing pour le carnaval, notamment sur l’internet, d’où l’importance de la création d’un site internet même permanent et attractif pour l’événement, et tout ceci doit se faire avec une implication très active du secteur privé.

Donc, il faut repenser le produit « carnaval », au même sens qu’une entreprise devrait vendre un bien ou un service à des consommateurs, comme le font le Trinidad et le Brésil chaque année qui gagnent des centaines de millions de dollars de leurs carnavals, tout en créant des milliers d’emplois. A rappeler qu’en 2014 le carnaval au Brésil devait rapporter environ 900 millions de dollars aux hôtels, bars et restaurants de la ville de Rio.

On est conscient que le contexte politique cette année n’était pas favorable à une meilleure organisation du carnaval 2017, donc on espère qu’à l’avenir, le carnaval sera obligé d’atteindre une autre échelle, ce qui nécessiterait de plus grands investissements avec des sources variées de financement, une meilleure planification pour un  événement rentable à l’économie haïtienne.

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